Journaliste et auteur à succès, Graham Hancock a toujours défendu
des théories anticonformistes. Depuis 25 ans, l’aventurier parcourt
les temples du monde, scanne les fonds sous-marins, décrypte mythes
et archives… Et si une civilisation antédiluvienne, spirituellement élevée
et capable de prouesses techniques, avait été engloutie lors
d’une catastrophe planétaire ? Nous avons rencontré l’auteur,
qui nous livre le fruit de ses recherches bouleversantes.
Si la mythologie fourmille de descriptions d’un déluge
destructeur, que dit la science à ce sujet ? Une civilisation
mère, porteuse d’un message universel, aurait-elle
pu disparaître sans laisser de traces ? Dans les années
1980, Graham Hancock dévoile la face cachée de
l’aide humanitaire, puis entend dire que la mythique
« arche d’Alliance », évoquée dans le film
Indiana
Jones, serait bien réelle et se trouverait en Éthiopie...
Après une longue enquête qui débouchera sur l’écriture
d’un livre, il s’interroge : existerait-il d’autres mystères
qui pourraient réécrire l’histoire, passés inaperçus
au sein de la communauté scientifique ?
Vous avez publié de très nombreux
ouvrages. Quelles sont les informations
essentielles que vous retenez ?
Dans
L’Empreinte des dieux, publié en 1995, j’ai,
pour la première fois, présenté l’idée qu’une civilisation
perdue de l’âge de glace fut détruite lors d’un
immense cataclysme, il y a 12 500 à 13 000 ans. À
l’époque, les réactions au sein du milieu archéologique
et journalistique ont été très hostiles. J’ai été attaqué
pour avoir voulu remettre en question l’archéologie
conventionnelle et accusé d’avoir fabriqué de fausses
preuves. Mais j’ai maintenu ma position et continué
à enquêter… Au cours des dix dernières années, j’ai
constaté que les découvertes vont dans le sens de mon
raisonnement. Soixante scientifiques de renom, venant
de disciplines majeures telles l’astronomie, la géologie
ou la géophysique, sont désormais convaincus
que le monde a bien subi un cataclysme gigantesque à
cette époque, et que ce dernier a été causé par une comète brisée en de multiples fragments
qui ont percuté la Terre, avec un épicentre au nord de
l’Amérique et au Groenland. Ce phénomène, d’une
telle ampleur qu’il a été capable de détruire une civilisation
entière, est appelé « hypothèse de l’impact
cosmique du Dryas récent ». Les preuves émanent
désormais de scientifiques universitaires.
De quelle ampleur était cet événement ?
Tout a démarré il y a 12 800 ans, lorsqu’au moins
quatre fragments d’une comète ont heurté la calotte
glaciaire nord-américaine et le Groenland. L’eau
fondue des glaciers s’est déversée dans les océans du
monde, stoppant net le courant marin chaud du
Gulf Stream. Les conséquences furent une hausse
très importante du niveau de la mer et un refroidissement
soudain des températures. S’en sont suivies
1 200 années d’événements cataclysmiques causant
une extinction massive de la mégafaune : les mammouths,
rhinocéros laineux, tigres à dents de sabre,
paresseux géants… Puis il y a 11 600 ans, une autre
série d’impacts de fragments issus de la même comète
a eu lieu, occasionnant des raz-de-marée gigantesques
et la création d’un gros nuage de vapeur
causant un effet de serre, ce qui explique le réchauffement
soudain de l’atmosphère. Nous sommes
aujourd’hui encore en interaction avec les débris de
cette comète que l’on appelle « l’essaim des Météores
des Taurides », car la Terre le traverse deux fois par
an. Le niveau de la mer a augmenté de 120 mètres,
ce qui signifie que 27 millions de kilomètres carrés
de terres, soit l’Europe et la Chine réunies, ont été
submergés. C’est pour cela que j’ai passé plus de sept
ans à plonger sous les plateaux continentaux, à la
recherche de ces structures submergées.
Nous devrions nous asseoir aux pieds
des anciens, et apprendre d’eux afin
de retrouver la voie.
Vous soutenez qu’une civilisation très évoluée
aurait alors été anéantie. Se peut-il que
certains aient survécu ?
Tout à fait. Et nous pouvons trouver leurs traces en de
multiples endroits, notamment dans les textes gravés sur
le temple d’Edfou, en Égypte. L’inscription parle d’un
temps appelé
Zep Tepi, « le premier temps ». Elle évoque
une île géante, « la patrie des premiers peuples », et le
fait qu’un cataclysme avec des objets venant du ciel en
forme de serpents les a frappés, détruisant tout dans une
gigantesque inondation. Des copies plus anciennes de ces
textes étaient conservées dans un temple autrefois situé
au même emplacement. Quand il a été reconstruit, les
prêtres ont décidé de préserver les informations inscrites
sur des peaux d’animaux en les gravant durablement
sur les murs de l’enceinte. Ces textes nous informent que la majorité des habitants de la « patrie des premiers
peuples » sont morts dans l’inondation, mais que les
survivants, décidant de parcourir le monde, se sont alors
installés au sein de communautés de chasseurs-cueilleurs
pour tenter de transmettre l’essence de leur savoir. On
retrouve d’ailleurs dans de nombreux endroits du monde
des allusions à ces « dieux civilisateurs », comme au sein
des Tukanos de la forêt amazonienne. Il est raconté qu’un
groupe d’êtres surnaturels arrivés dans un bateau en
forme de serpent a emprunté les canaux de l’Amazone et
s’est installé sur ces terres, apportant la civilisation.
Avons-nous des indices sur les
caractéristiques de ce peuple avancé ? De quel
ordre était leur savoir ?
Selon moi, il s’agissait d’un peuple hautement spirituel,
qui s’intéressait aux états modifiés de conscience et croyait
que nous pouvions apprendre de nos rêves et visions. Ils
ont mis en application cette méthode d’apprentissage
pour créer une civilisation différente de la nôtre, qui ne
considérait pas les machines ou les biens matériels, mais
plutôt le mystère et la magie de l’existence, et s’interrogeait
sur la façon de bénéficier de notre incarnation. Si
cette civilisation s’enracine dans le chamanisme, elle n’a
toutefois pas stagné à l’état de chasseurs-cueilleurs. Elle
cultivait les pouvoirs de l’esprit. On retrouve ces notions
partout dans le monde, notamment chez les Indiens
d’Amérique, ce qui suggère une origine lointaine commune.
Cette idée qu’après la mort, notre âme entame un
grand voyage... avec des références aux mêmes constellations
dans le ciel. J’appelle cela notre « ADN culturel ».
Cet héritage commun est une autre preuve de l’existence
d’une civilisation oubliée. D’un point de vue technique,
ce peuple était aussi capable de prouesses architecturales,
comme en témoignent de nombreuses structures mégalithiques,
et, maîtrisait les mathématiques, l’astronomie,
l’agriculture. Ainsi, qu’il s’agisse des pyramides d’Égypte, des cités mayas, des sculptures olmèques au Mexique, des
vestiges incas au Pérou, des dessins géants de Nazca dans
les Andes, des vestiges sous-marins en Inde ou au Japon,
la qualité d’exécution est extraordinaire et laisse perplexe
l’archéologie conventionnelle.
Le fait qu’il y ait des survivants pourrait-il
élucider le mystère des constructions des
pyramides d’Égypte ? Seraient-elles le fruit
d’un transfert de connaissances ?
Les Égyptiens antiques percevaient leur civilisation
comme un héritage des dieux... L’astronomie permet de
déterminer que ce premier temps, qu’ils appellent
Zep
Tepi, coïncide exactement avec la période du Dryas récent.
Je pense que le plan de base du site de Gizeh a été
établi à cette époque, il y a plus ou moins 12 800 ans. Le
grand sphinx de Gizeh peut en attester : s’il a aujourd’hui
une tête humaine coiffée du némès, emblématique des
pharaons, il avait dans sa forme originelle la tête d’un
lion. En effet, le corps du sphinx et la plateforme portent
les traces incontestables d’une exposition à une très
longue période de pluies intenses. Or, il faut remonter
au Dryas récent pour retrouver ce type de climat dans
le Sahara. Cela prouve qu’il est bien plus ancien que ce
qu’annoncent les égyptologues. La tête ayant été fortement
endommagée par l’érosion, les Égyptiens l’ont
rénovée au cours de la quatrième dynastie. Ensuite, les
soi-disant temples funéraires du plateau de Gizeh sont
constitués de gigantesques mégalithes pesant parfois
200 tonnes. Ils font aussi partie, selon moi, du site préhistorique,
de même que la chambre souterraine découpée
dans la fondation à 30 ou 40 mètres à la verticale sous la
grande pyramide. Par ailleurs, en nous référant à un phénomène
astronomique appelé précession des équinoxes
et en observant les monuments de Gizeh, on se rend
compte que le diagramme constitué du sphinx et des
pyramides est le miroir de constellations, non pas telles qu’elles étaient en -2 500, mais en -10 500 [en pleine ère
astrologique... du lion, NDLR].
Les Égyptiens connaissaient-ils cette date et ont-ils voulu la marquer dans la
pierre, ou ce site date-t-il de cette époque ? Je n’entends
pas priver totalement les Égyptiens de la paternité du site.
Ils ont eu un rôle fondamental à jouer dans sa construction,
terminant un projet démarré par leurs ancêtres à
partir de connaissances transmises et préservées avec soin
durant des millénaires.
(...)