Parmi les premières constructions architecturales au monde, les mégalithes recèlent encore nombre d’énigmes. Les scientifiques ignorent encore les raisons précises de leur emplacement, alignement ou orientation. Une géographie sacrée et énergétique semblerait pourtant les relier. Lumière sur le mystère des menhirs, au-delà des idées… fixes ?!
La région française du Morbihan compte la plus forte concentration de mégalithes au monde avec, notamment, l’alignement de Carnac, où trônent des milliers de menhirs depuis près de 5 000 ou 6 000 ans – soit des millénaires avant l’arrivée des Celtes en Europe (275 av. J.-C.), auxquels les menhirs sont souvent associés, de manière erronée.
« Les archéologues ne savent toujours pas pourquoi ces milliers de menhirs ont été érigés », souligne le géobiologue et sourcier Thierry Gautier, qui a consacré un ouvrage éclairant à l’énergie des lieux
(1).
« Beaucoup se sont davantage intéressés à la technique utilisée pour dresser les pierres, qu’à leur fonction première. Les théories les plus communément admises sont celles d’un observatoire astronomique ou d’un lieu de culte. Pourtant, l’observation des mouvements du ciel nécessiterait quelques menhirs, mais pas plusieurs milliers. Par contre, les mégalithes sont peut-être alignés par rapport aux astres, non pour les étudier… La fonction religieuse est, quant à elle, sans doute liée au site et à ses pouvoirs. »
De l’antenne au chœur de pierre
Dressés sur des points d’acupuncture terrestre – en lien avec les énergies cosmotelluriques, comme aime à le répéter le spécialiste des mégalithes, Howard Crowhurst –, les menhirs sont des antennes de pierre (ou aiguilles d’acupuncture) qui rayonnent d’énergie, selon de nombreuses études géobiologiques.
« Beaucoup de sourciers ont eu la surprise de détecter la présence de veines d’eau souterraines et de lignes magnétiques sous des menhirs (mais aussi sous des chapelles, des églises, construites à l’endroit même de mégalithes). La précision et la répétition de leur emplacement ne peuvent donc pas être le fruit du hasard. Tel un instrument de musique, le menhir situé sur une grande croix en eau va canaliser les rayonnements (de l’eau) pour que la roche se mette à vibrer », explique Thierry Gautier. La masse et le poids des menhirs accentuent sa mise sous tension. La nature même de la pierre en permet la vibration : de nombreux menhirs sont en granit et le quartz, qui entre dans sa composition (avec le feldspath et le mica), se met « en vibration » lorsqu’il est soumis à un rayonnement, ce qui provoque des charges électriques à la surface des cristaux.
« Ce phénomène porte le nom de piézoélectricité. Notez que les menhirs en grès sont aussi vibrants. » Si le site d’implantation est déterminé en fonction de sa qualité énergétique, il est nécessaire de construire en cohérence avec celle-ci. Ceux qui dressèrent les menhirs, en bâtisseurs d’énergie, ne le firent donc pas au hasard, comme persistent à l’avancer de nombreuses thèses archéologiques.
« Très sophistiqués, les sites mégalithiques ont été créés pour faire monter en vibration. Leur architecture est complexe, alors qu’elle apparaît fruste et archaïque. Elle témoigne d’une compréhension spatiotemporelle, en lien structurel avec l’astronomie et les cycles de l’année (solstices, équinoxes). Les Anciens ont compris les énergies en présence et réussi à les domestiquer. Véritables portails, les menhirs nous emmènent vers d’autres dimensions de nous-mêmes », souligne le designer et consultant Jacky Le Faucheur, qui propose un chemin d’éveil spirituel « inscrit dans la matière », passant par la découverte de mégalithes.
À la différence du menhir isolé, un alignement de menhirs ou un cromlech (cercle de menhirs dont le plus connu est Stonehenge, bien qu’il en existe en France, comme le cromlech de Crucuno à Plouharnel… qui est un quadrilatère) s’avère être un « chœur de pierre », constitué d’une multitude d’antennes connectées entre elles pour obtenir un réseau d’une intensité d’émission suffisante pour couvrir un vaste territoire.
« C’est la raison pour laquelle on peut observer, dans un même alignement, la présence de petits mégalithes d’environ soixante centimètres alors que d’autres, parfois voisins, dépassent les deux mètres. Si ces menhirs avaient été érigés dans un but uniquement religieux, les hommes du Néolithique n’auraient pas choisi des pierres trois ou quatre fois moins imposantes que d’autres. Une trop petite taille semble également inutile dans le cas d’un observatoire astronomique », observe Thierry Gautier. La captation relais des rayonnements pourrait donner, ici, une forme de justification à ces différences de hauteur…
« Il n’est pas utile, dans une file de mégalithes, de placer un grand menhir si les rayonnements sont suffisamment captés. Le rapprochement de plusieurs petits menhirs pourrait remplacer un grand. »
D’étranges pouvoirs de guérison
On comprend l’engouement des visiteurs pour les menhirs, à même de les recharger en énergie sans qu’ils le sachent ! Cette pratique ne date pas d’hier. La tradition rapporte qu’à Carnac, les paysans avaient l’habitude de conduire leurs animaux malades entre les files de menhirs pour les guérir. «
Tous les menhirs, même hors alignements, auraient également un pouvoir de guérison », partage Thierry Gautier. Une autre visiteuse témoigne :
« Je me souviens de ma rencontre avec le grand menhir de Kermario sur l’île de Groix. En m’approchant, j’ai senti tout mon corps vibrer… Cette sensation d’énergie et de réalignement a persisté un long moment. » Plus spécifiquement, des générations de femmes ont frotté leur ventre contre ce menhir (et d’autres, en France comme ailleurs) dans l’espoir d’une grossesse.
« Symbole phallique, en raison de sa forme, on peut penser que l’apport énergétique du mégalithe permet aux femmes de bénéficier d’une harmonisation de leur circulation énergétique de nature à dénouer le blocage à l’origine de leur trouble. Des effets vraisemblablement renforcés par les milliers de pratiques dont ces menhirs ont fait l’objet. » Cependant, l’énergie puissante des menhirs est à manipuler avec précaution.
« De par la nature de leur flux énergétique, les menhirs ne font pas de cadeaux ! Ils créent un vortex, un champ de conscience modifié. À leur proximité, on se met en communion avec des énergies qui nous révèlent notre vraie nature, provoquant bien-être ou mal-être, c’est selon. L’éveil peut être violent. À l’image d’un voyage chamanique, il est important d’avoir fait un nettoyage pour accueillir ces énergies supérieures », alerte Jacky Le Faucheur, qui dit avoir été « appelé » par les menhirs.
Donner sa langue aux oiseaux
Les légendes associées aux sites sacrés sont si extraordinaires qu’elles prêtent à sourire et finissent par rejoindre le folklore local. Les mégalithes n’échappent pas à la règle !
« Pourtant, ces histoires expliquent le secret du lieu… Pour le connaître, il faut traduire les mots du récit, raconté dans la langue des oiseaux – un langage hermétique, codé, dont le sens n’est accessible qu’aux initiés (oiseaux renvoyant plutôt aux ailes des anges, dans leur dimension spirituelle, qu’à celles des volatiles). Les mots prononcés ne doivent donc pas être compris dans leur sens initial, intellectuel, mais faire l’objet d’une lecture plus symbolique », explique Thierry Gautier. Il en est ainsi des mégalithes à Carnac.
« Selon la légende, après s’être caché dans l’oreille d’un bœuf, le pape Cornély, poursuivi par les Romains, aurait changé les soldats en menhirs. » Saint Cornély a d’ailleurs donné son nom à l’église de Carnac. Or, cette légende serait un message crypté pour cacher l’origine des menhirs…
Le pape Corneille, lui, a réellement existé, mais n’a jamais mis les pieds en Bretagne. Et les mégalithes de Carnac ont été érigés plusieurs milliers d’années avant son pontificat.
« La corneille est… un oiseau. Choisir un pape avec un nom d’oiseau (le seul parmi 266 papes !) est une façon d’annoncer que l’histoire est formulée dans la langue des oiseaux », décrypte Thierry Gautier. Ce nom aurait une deuxième fonction, car les premières syllabes annoncent que la corne (
Cornély) a, ici, une importance capitale – ce saint est devenu le protecteur des bêtes à cornes dans la région de Carnac.
« Par extension, les bovidés annoncent symboliquement l’emplacement des hauts lieux d’énergie de la Terre-Mère, car leurs cornes seraient des antennes cosmiques »… tout comme les menhirs ! Les éléments du décryptage amènent à penser que cette légende a été conçue par des druides – les derniers à connaître les capacités énergétiques de ces mégalithes, présents bien avant le début du druidisme.
« Il semble vraisemblable qu’ils aient élaboré la légende de saint Cornély pour perpétuer la connaissance originelle, de façon à ce que la raison d’être des alignements de Carnac ne tombe pas dans l’oubli. Les druides ont fait symboliquement référence à un pape de l’Église romaine pour s’adapter à la christianisation », conclut Thierry Gautier. Une chose est sûre : les mégalithes témoignent d’une science très ancienne et oubliée.
« La tradition orale n’a pas réussi à perpétuer cette connaissance, mais elle a été inscrite de façon évidente dans la pierre. L’emplacement ou encore l’orientation des mégalithes, en lien avec l’astronomie, montrent clairement une intention. C’est comme un livre ouvert ! Aujourd’hui, avec les GPS et les outils de pointe qui permettent de tracer les angles, nous commençons à pouvoir comprendre. Jusque-là, nous n’étions pas capables de le faire », s’enthousiasme Howard Crowhurst. Dès lors, les menhirs ne sont plus des blocs de pierre posés au hasard – comme l’ont cru des générations d’archéologues –, mais des vestiges à même de nous éveiller à la science des Anciens.
Pythagore avant Pythagore
Quand les hommes du Néolithique érigèrent les menhirs du cromlech de Crucuno à Plouharnel, ils ne connaissaient pas Pythagore, né 3 000 à 4 000 ans plus tard. Le spécialiste des mégalithes Howard Crowhurst expose qu’en ce lieu, ainsi qu’en d’autres sites mégalithiques, ils ont créé un quadrilatère composé de deux triangles rectangles. Ces derniers, comme dans le célèbre théorème, jouent la règle des « 3-4-5 », avec deux lignes qui filent vers le nord. Un résultat vérifié à l’aide d’un théodolite, instrument utilisé pour mesurer les angles. En outre, les quatre rangées de pierres de Crucuno indiquent les levers et couchers du soleil aux solstices. Pour Howard Crowhurst, ce quadrilatère ainsi animé par la mécanique céleste serait « une clé » pour comprendre les mégalithes : « On a installé ces monuments ici pour la particularité du lieu – ce que j’appelle la géométrie naturelle. » Sans technologie, nos savants aïeux ont dressé les menhirs avec une précision… astronomique !
(1)
L’énergie des lieux sacrés, Thierry Gautier, éd. Ouest-France, 2016.