Petite ville indienne qui vit l’avènement de celui que l’on nomme le Bouddha de notre ère, Bodhgaya est aujourd’hui un lieu de pèlerinage pour tous les bouddhistes et les curieux d’un site entre effervescence et spiritualité.
Située dans l’État du Bihar, à une centaine de kilomètres de Patna, à l’est de l’Inde, la ville de Bodhgaya est connue pour être l’un des quatre lieux de pèlerinage des bouddhistes. En effet, c’est sous l’un de ses arbres, un
Ficus religiosa devenu ensuite « l’arbre de la Bodhi » et dont il reste l’un des descendants aujourd’hui, que Siddhartha Gautama aurait atteint l’Éveil et serait devenu le Bouddha. Le temple principal du site, le Mahabodhi, composé d’une tour principale et de quatre tours sculptées, a été maintes fois remanié jusqu’au XI
e siècle, puis à nouveau rénové par les Britanniques au XIX
e siècle.
Dans l’enceinte de ce temple se trouve l’un des vestiges les plus anciens, le trône de diamant, une dalle de pierre sculptée sur laquelle se serait assis Shakyamuni la veille de son illumination. Mais ce qui fait la particularité de Bodhgaya, ce ne sont pas les monuments anciens, finalement peu nombreux, mais les multiples temples construits par toutes les communautés bouddhistes (essentiellement asiatiques), qui provoquent une effervescence et une pluralité ébouriffantes. Les temples tibétains, japonais, thaïlandais, théravadins du Sud-Est asiatique se côtoient tous et apportent leurs spécificités architecturales, picturales et culturelles. Une sculpture du Bouddha de 19 mètres de haut, offerte par les Japonais et inaugurée par le dalaï-lama en 1989, en est d’ailleurs une belle représentation.
Dans l’enceinte de ce temple se trouve l’un des vestiges les plus anciens, le trône de diamant.
Depuis le matin jusqu’au soir, les milliers de pèlerins venus eux aussi de tous horizons effectuent des tours de l’arbre de la Bodhi et du temple en récitant des mantras, égrainant leurs rosaires, chantant et parfois faisant des prosternations. Ainsi des montagnards venus de l’Himalaya, encore emmitouflés dans leurs manteaux en peaux, croisent-ils des fidèles sri-lankais habillés de blanc, des moines thaïlandais en robes safranées ou encore des Japonais tout en noir, mêlés aux Occidentaux multicolores. Quelques jours dans l’année, certaines fêtes sont célébrées et une communauté en particulier va investir les lieux de ses rituels. Et tout au long de l’année, de vieux moines font tourner les moulins à prières en bois, des nonnes déambulent en priant et en souhaitant la paix de par le monde.
Même si l’on n’est pas bouddhiste, il règne en ce lieu une magie toute particulière et une paix toute chatoyante, qui relayerait presque la légende racontée par Matthieu Ricard :
« On dit que non seulement le Bouddha Shakyamouni, mais les mille et deux Bouddhas
de cette ère, ont atteint et atteindront l’Éveil en ce lieu même que l’on considère comme un “jardin suspendu” au milieu de cet
âge sombre et que le poète bouddhiste Asvagosha dénomma Bodhgaya “le nombril du monde”. »