Loin de l’image de l’artiste inspiré par une muse capricieuse, la création serait un état d’ouverture à une source plus grande que soi, un dialogue avec l’invisible. Cet état ne dépendrait donc pas d’une forme de talent ou d’un don inné, mais plutôt d’une disposition intérieure qui se cultiverait. Clarisse Gorokhoff, écrivaine et cofondatrice des ateliers littéraires Agapaiôn, nous offre son éclairage sur la créativité. Elle l'explore sous un angle nouveau : « Chaque fois que j’écris, que je peins, j’ai l’impression à la fois d’honorer ce mystère et d’être dans cette expansion qui est propre aux êtres humains. » Comment se mettre dans cet état de réceptivité et libérer le flot créatif qui sommeille en chacun de nous ? Pour Clarisse Gorokhoff, il y a une notion d’accueil dans le moment présent : « Les enfants ne se posent pas cette question, ils créent. Quand on est enfant, l’espace et le temps nous appartiennent, et après, adulte, l’inverse se produit : on appartient à l’espace et au temps. Et je crois vraiment que dans la création, il y a cette puissance du moment présent. »

Créer, un acte de connexion

Créer n’est pas imposer sa volonté, c’est se mettre à l’écoute. De nombreux artistes disent que leurs plus grandes inspirations leur sont venues comme des fulgurances. Ils ne les ont pas « trouvées », ils les ont accueillies. Pourquoi ? Parce qu’ils étaient en état de réception. L’inspiration semble surgir d’ailleurs, à condition de lui laisser l’espace nécessaire pour s’exprimer. Clarisse Gorokhoff l’explique ainsi : « Nous sommes à la fois le Tout et la partie du Tout. Dans l’incarnation, nous sommes circonscrits à un corps, à une identité et c’est ça qui est magnifique : ce canal qui est la singularité, le fait d’avoir une sensibilité propre, est très lié à l’acte de la création. Si nous étions dans une espèce de magma et d’unité, nous serions déjà création pure… Mais justement parce qu’on se sent divisé, on veut exprimer à notre manière à la fois cette division et ce désir d’unité. »

La clé
Laisser venir les idées sans forcer. La créativité se manifeste lorsque l’on apprend à s’ouvrir, à écouter les échos subtils du monde et de soi-même, à prêter attention aux coïncidences, aux rêves, aux murmures de l’intuition. Il ne s’agit pas de chercher frénétiquement l’inspiration, mais de lui ouvrir un chemin. Cette posture demande du lâcher-prise et une certaine confiance dans le processus : plus on s’efforce de contrôler, plus l’élan créatif se fige. Il faut donc se rendre disponible.

Comment s’y mettre
L’exercice de l’écoute intérieure est un bon moyen d’ouvrir son canal. Installez-vous dans un endroit calme, fermez les yeux et concentrez-vous sur votre respiration. Posez une question à voix basse : « De quoi ai-je besoin aujourd’hui pour créer ? » Laissez venir une image, un mot, une sensation, sans analyser. Notez ce qui surgit, même si cela semble anodin. Pendant la journée, restez attentif aux signes extérieurs en lien avec cette réponse. Vous serez surpris de voir à quel point l’inspiration circule dès lors qu’on lui ouvre la porte.


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