Depuis Hippocrate, la nourriture est considérée comme
une des bases de la santé. Face à l’émergence de
nouvelles maladies et à l’augmentation des allergies
alimentaires, notre nutrition contemporaine
occidentale pose de nombreuses questions.
« Les grandes civilisations antiques
– égyptienne, indienne,
chinoise ou grecque
– ont toutes consigné dans
des ouvrages extrêmement
détaillés leurs observations
sur les effets positifs des plantes et aliments
sur la santé ainsi que leurs vertus
curatives », explique Jean-Pierre Willem
dans son livre Le secret des peuples
sans cancer. Et si bien choisir son alimentation
avait une incidence sur la
guérison ? Face à l’essor de nombreux
nouveaux troubles dans le domaine
de la santé, s’interroger sur l’impact
de la nourriture d’aujourd’hui peut
être une piste d’étude.
Une nouvelle
alimentation
Notre mode de vie occidental ainsi
que l’expansion de la société industrielle
ont provoqué une nouvelle façon de se nourrir. L’agriculture intensive
et la transformation industrielle
des aliments répondent à nos
besoins de rapidité (nous ne cuisinons
plus autant). La diminution de
la consommation de produits frais
(fruits et légumes), de céréales complètes,
de légumineuses et d’huiles
non raffinées riches en
« bons acides
gras » s’est opérée au profit de margarines
aux acides gras insaturés, de
nouveaux produits (sodas, confiseries,
etc.) ainsi que des fast-foods.
Cela représenterait une chaîne de
production entièrement nouvelle
pour un métabolisme humain qui
met des centaines d’années à évoluer.
Heureusement, le déploiement
du bio et des circuits courts permet
de se fournir plus facilement en produits
frais et locaux, et offre des solutions
plus naturelles.
Des allergies qui alertent
« L’allergie est un dérèglement du système
immunitaire qui correspond à une perte
de la tolérance vis-à-vis de substances
a priori inoffensives : les allergènes.
Le nombre de personnes allergiques semble
avoir considérablement augmenté depuis
plusieurs décennies », alerte l’Inserm
(Institut national de la recherche
médicale). En effet, l’augmentation
des allergies qui est apparue depuis
les années 2000 inquiète : on l’estime
aujourd’hui à 4 % des adultes
et 8 % des enfants. Elles ont même
doublé ces cinq dernières années. Selon
l’OMS, l’allergie est la quatrième
maladie mondiale la plus répandue.
Alors, pourquoi ces chiffres ? La plupart
des médecins et des chercheurs
prennent pour cible l’industrie agroalimentaire
qui combinerait trop d’ingrédients
dans les préparations, les conservateurs ou autres additifs qui
transformeraient les molécules naturelles
en protéines allergisantes. Enfin,
le rôle de l’aluminium présent dans la
nourriture, les boissons et certains médicaments
affecterait la perméabilité et
la flore intestinales.
« L’aluminium augmente
la réponse immunitaire épithéliale,
aggrave l’inflammation intestinale
in vivo, modifie la flore intestinale et
augmente la translocation bactérienne »,
publie Cécile Vignal dans son étude
sur l’implication de l’aluminium dans
les maladies inflammatoires intestinales
(1).
Réduire la
perméabilité
intestinale
diminue l’incidence
des maladies
auto-immunes.
Les aliments
« diabolisés » : gluten,
produits laitiers, sucre
Premier dans la ligne de mire depuis
quelques années, le gluten, particulièrement
celui du blé, serait à l’origine
de bien des maux.
Outre la vraie
maladie coeliaque développée par les
sujets allergiques, de nombreuses
personnes resteraient intolérantes ou
sensibles. Pourquoi ?
« Le blé a été modifié
génétiquement jusqu’à présenter 42
chromosomes au lieu de 14 », détaille Julien Venesson dans son livre Gluten,
comment le blé moderne nous intoxique.
Le corps humain n’aurait biologiquement
pas eu le temps de s’adapter en
si peu d’années d’évolution.
Les produits laitiers, particulièrement
ceux de vache, seraient aussi à l’origine
de nombreuses intolérances. La
caséine, protéine contenue dans le
lait de vache, ne serait pas reconnue
par l’organisme qui, en générant de
l’histamine, crée du mucus, du pus,
du cholestérol ou du tan (stagnation)
dans les articulations, soit autant de
matières que le corps n’éliminerait pas
facilement (lire Milk : The Deadly Poison,
de Robert Cohen, l’étude la plus
documentée sur le sujet).
Enfin, le sucre raffiné, qui n’a également
pas plus de cent ans d’âge dans
notre histoire, provoquerait des petites
bombes nucléaires dans l’organisme.
« Le sucre est métabolisé de façon incomplète,
ce qui a pour résultat de créer
des dérivés toxiques qui s’accumulent au
niveau des vaisseaux du cerveau et des globules rouges », signale Jean-Pierre
Willem. Stocké partout dans le corps,
il se transforme en graisse très difficile
à éliminer. Il provoquerait également
de l’irritabilité, voire de la dépression,
et serait addictif.
Maladies auto-immunes
et maladies infectieuses émergentes
Depuis quelques décennies, de nouvelles
maladies ont fait leur apparition.
Souvent difficiles à détecter,
aux symptômes multiples et ressemblants,
les maladies auto-immunes
sont également le signe d’un système
immunitaire faible :
« Normalement,
le système immunitaire défend l’organisme
face aux agressions extérieures
et tolère ses propres constituants. Les
maladies auto-immunes surviennent
quand cette tolérance se rompt. Le système
immunitaire devient alors pathogène
», explique-t-on à l’Inserm. On
y retrouve la spondylarthrite ankylosante,
la polyarthrite rhumatoïde, la
sclérose en plaque, le lupus, le diabète
de type 1, etc. De nouvelles maladies
infectieuses apparaissent également
(sida, maladie de Lyme, légionellose,
chikungunya…) et des maladies dont
on ne connaît pas bien l’origine se
propagent comme la fibromyalgie, la
maladie de Crohn ou encore le psoriasis.
L’alimentation peut apporter
un soutien à l’organisme et un soulagement
de plusieurs symptômes,
grâce à certains régimes, en véritable
accompagnement de soin ou en réduisant
les toxines.
Des régimes qui soignent
Dans les années 1980, le docteur Seignalet
a découvert que les maladies auto-immunes apparaissaient sur un
terrain génétique particulier dans un
contexte d’hyperméabilité intestinale
et en présence de déclencheurs
d’origine bactérienne, toxique ou alimentaire.
Réduire cette perméabilité
intestinale et éviter les aliments
qui la provoquent permettrait
de diminuer l’incidence
des maladies
auto-immunes. Le
principe du régime
Seignalet est exigeant,
il s’agit de
l’alimentation hypotoxique
: manger sans
gluten, des produits
de saison bio non raffinés,
à cuisson douce (max.
100 °C), et aucun produit laitier.
Les résultats sont spectaculaires
chez de nombreux patients.
« Je souffre
de polyarthrite rhumatoïde depuis une
dizaine d’années et assez rapidement,
ma généraliste qui est très informée, m’a
conseillé le régime Seignalet, que je suis
de manière très stricte. Je n’ai plus aucune
des douleurs rhumatismales depuis
et la maladie a stagné au lieu de progresser,
comme souvent en pareil cas »,
nous explique Françoise.
Dans la même optique, le régime
Gasp ou régime entéropsychologique
élaboré par la Dre Natasha Campbell
McBride, neurologue et nutritionniste part du principe que c’est la
flore intestinale qui assure la santé du
corps et permet le bon fonctionnement
du système immunitaire. En cas
de dysbiose intestinale (déséquilibre
entre la microflore de fermentation et
celle de putréfaction), des pathologies
susceptibles d’affecter
le cerveau (autisme,
trouble du comportement…)
peuvent apparaître.
L’origine de
ces dysbioses serait
essentiellement une
trop forte exposition
aux antibiotiques. Le
régime Gasp permet
de rééquilibrer la flore
intestinale et de la maintenir
grâce aux glucides et aux
probiotiques.
Accompagner les soins de n’importe
quel type de maladie en prenant
conscience de son alimentation est
un chemin qui mène à une hygiène
de vie et un assainissement bénéfiques
pour les organismes en souffrance.
Le zen macrobiotique
De macro (grand) et de
bio (vie), le zen macrobiotique
est une médecine
à part entière créée par le
Japonais Georges Ohsawa
(1893-1966), dont le but est
d’atteindre une longue vie
de santé et de bonheur,
notamment grâce une alimentation
très stricte. Inspirée
des moines bouddhistes
et des principes
taoïstes de la complémentarité
énergétique entre le
yin et le yang, cette pratique
répartit les aliments
sur une échelle des plus aux
moins équilibrés. Ce régime
est composé de 7 étapes
successives, de la plus large
à la plus stricte : la septième
est celle du régime
macrobiotique idéal qui
consiste à ne consommer
que du riz brun. Certains
aliments sont dédiés à
soigner certains maux précisément.
Il est également
préconisé de manger en
conscience et en silence,
mâcher 30 fois chaque bouchée,
boire très peu et entre
les repas, respecter des
quantités précises de
chaque aliment.
Enfin, très
suivie par les adeptes
macrobiotes lors des périodes
de purification de
10 jours : la monodiète de riz
complet permet un renouveau
du sang et de l’organisme.
Mais Ohsawa prévient
: « La pratique sans la
théorie est dangereuse, la
théorie sans pratique est
inutile. […] Le but de la
macrobiotique est de guérir
la maladie de l’âme, ce que
la guérison physique ne
peut pas faire. C’est seulement
après un travail sur
l’âme que nous sommes
capables d’absorber les
aliments justes. C’est l’âme
qui guérit la maladie. Ce
n’est pas la macrobiotique
qui guérit, mais la compréhension
de la philosophie
dialectique. Ce n’est pas le
riz ou le gomasio qui guérit,
mais votre esprit qui vous
donne la volonté. Ensuite, la
guérison arrive en quelques
jours. » (2)
(1) Séminaire Environnement et santé, 30 novembre 2010, Lille.
(2) Georges Ohsawa,
Le zen macrobiotique, ou l’art du rajeunissement et de la longévité, Éd. J. Vrin, 2002.