(...)Les univers méditatifs sont multiples. Si l’on entend souvent parler de LA méditation, la manière d’aborder la pratique est fonction de notre personnalité et de notre histoire individuelle. À chacun de trouver sa voie dans la diversité des possibilités, en gardant ceci à l’esprit : la méditation n’apporte de réel changement que si l’on parvient à l’intégrer à son quotidien.

Vipassana

Qu’est-ce que c’est ?
C’est une méthode issue du bouddhisme, qui s’appuie sur une fine compréhension des relations entre le corps et l’esprit. Lorsque les sens – y compris la pensée – entrent en contact avec un objet, le corps réagit sous la forme d’une sensation, jugée agréable ou désagréable. L’être a tendance à rechercher l’agréable et à éviter le désagréable. Les sensations corporelles conditionnent donc la vie de l’esprit. Or, pour vivre pleinement, il faut se défaire de ces conditionnements.

Comment ça marche ?
Assis dans la position de son choix – le plus important est d’être immobile –, on passe en revue les sensations, les émotions et les pensées associées, selon la méthode du scanner corporel – un endroit après l’autre. L’observation sans jugement de ces sensations corporelles amène au dénouement des tensions, qui perdent leur charge émotionnelle.

Combien de temps ?
La technique est enseignée lors de séjours de 10 jours. Il n’y a pas d’instructeurs, les enseignements sont enregistrés. La discipline est intense – interdiction de parler. Ensuite, on pratique tous les jours, 1 heure le matin et 1 heure le soir.

Pour quel profil ?
Ceux qui veulent s’investir dans une pratique profonde, en démarrant dans un cadre strict et dépaysant. Certains estiment que ce n’est pas idéal pour les introvertis. Ceux qui ont besoin d’intellectualiser et d’échanger risquent de ne pas s’y retrouver, voire de se sentir « pris au piège » pendant le stage.

Avantages
Les effets sont profonds. Au sentiment de calme et d’acuité s’ajoutent la capacité à mieux accepter ce qui se passe et l’augmentation de la confiance en soi et en la vie. Le stage donne de bonnes bases techniques pour persévérer.

Inconvénients
Installer la pratique demande de l’autodiscipline. Beaucoup de gens ne vont pas au-delà du stage intensif, qui peut toutefois apporter des expériences inoubliables.

Témoignage : Samuel Socquet, écrivain et journaliste
C’est lorsqu’il était attaché audiovisuel à l’ambassade de France en Thaïlande, en 1999, que Samuel a découvert le vipassana. « À la fin du cours, j’ai eu l’impression d’avoir trouvé quelque chose que je n’avais pas cherché, mais dont j’avais profondément besoin », explique-t-il. Une fois rentré en France, il a du mal à s’installer dans une pratique régulière, 1 heure de méditation le matin et 1 heure le soir. Le stage de 10 jours lui remet le pied à l’étrier. « Parmi les éléments qui m’ont initialement séduit dans l’enseignement du vipassana figure l’aspect non religieux de l’approche : aucune statue du Bouddha, pas de photos de l’enseignant, ni mantras ni prières au programme des 10 jours. Au début, cette absence de dimension religieuse m’a aidé à m’inscrire dans la pratique », explique-t-il. Il adapte son mode de vie, cesse de boire de l’alcool lorsqu’il sort le soir avec des amis, pour pouvoir méditer ensuite. Très vite, il constate des changements dans la qualité de ses rapports aux autres : « Plus on est happé par ses peurs et ses souffrances, moins il y a de place à l’intérieur de soi pour l’autre. J’ai eu l’impression que la méditation avait libéré cet espace. » Autre constat, la qualité de son sommeil est meilleure, et il a besoin de dormir moins. Doit-il à sa seule volonté cette persévérance dans la pratique ? « Je fais un stage par an. Les sources d’inspiration extérieures sont essentielles pour ceux qui n’ont pas l’âme d’un ermite. J’ai été inspiré par des personnes croisées dans ces cours, mais aussi par les enseignants, qui parvenaient à être réguliers dans leur assise quotidienne malgré des jobs prenants et une vie de famille. » Sa femme est devenue sa complice de méditation : « Du coup, ma pratique quotidienne, qui constitue ma colonne vertébrale, est aussi devenue notre pratique. Cela simplifie l’organisation du quotidien, mais surtout enrichit la pratique et apporte des résonances dans notre vie de couple, avec le sentiment renforcé de cheminer ensemble. »

La cohérence cardiaque

Qu’est-ce que c’est ?
La cohérence cardiaque est un état particulier de la variabilité cardiaque. Le cœur ne bat pas à rythme constant, mais accélère et décélère en permanence. En état de cohérence, cette courbe devient douce et régulière, avec de nombreux bénéfices : stress moindre, impression de calme intérieur...

Comment ça marche ?
La technique est basée sur la respiration. On respire selon un rythme précis – 5 secondes à l’« inspir », 5 secondes à l’« expir » – soit 6 respirations par minute durant 5 minutes. L’efficacité peut être augmentée en focalisant son attention sur la région du cœur tout en respirant.

Combien de temps ?
3 fois 5 minutes par jour, espacées dans la journée.

Pour quel profil ?
Les gens pressés qui n’ont pas le temps de se poser. Elle séduira aussi les « intellectuels », les profils scientifiques et rationnels qui ont besoin de preuves pour s’y mettre. Plusieurs logiciels permettent d’observer ses effets en direct sur un écran d’ordinateur.

Avantages
Apprendre la cohérence cardiaque est possible en 45 minutes, soit seul avec un guide pratique (cf. encadré), soit avec un professionnel. Pratiquée quotidiennement, elle a des effets sur la réduction du stress et sur l’ouverture des capacités intuitives. « Toutes les personnes qui pratiquent depuis un certain temps se sont rendu compte qu’elles ont davantage de rêves prémonitoires, de pressentiments », souligne le D^r David O’Hare, spécialiste de cette technique. C’est une excellente introduction à des pratiques plus poussées.

Inconvénients
La cohérence cardiaque est simple et basique. Les perspectives d’évolution sont limitées.

Témoignage : Thierry Thomas, directeur de thermes
Ex-journaliste, aujourd’hui directeur des thermes d’Allevard près de Grenoble, il a découvert la technique en 2003 après avoir lu Guérir, le livre de David Servan-Schreiber. Mais il ne l’a intégrée à son quotidien qu’après un ulcère qui a failli le tuer en 2010. « Si vous arrêtez de pratiquer, ça ne marche plus », reconnaît-il. « L’esprit plutôt scientifique », il apprécie les validations qu’offre le biofeedback, qui permet d’observer sur écran l’évolution des courbes de variabilité cardiaque, et donc les effets de la pratique. Combinée notamment à une alimentation saine, la cohérence cardiaque a contribué à réduire son stress à 15 % en haute saison, avec plus de 100 personnes sous sa responsabilité. Il a noté des effets sur ses intuitions, dont il préfère ne pas parler. Car lorsqu’il propose la méthode à ses clients, en particulier ceux qui souffrent de stress ou de fibromyalgie, c’est en insistant surtout sur les bénéfices physiologiques. Il a constaté que la technique convient particulièrement à ceux qui ont du mal à approcher la méditation, qui se disent : « Rester assis sans bouger, ça ne va pas, je ne tiens pas en place 5 minutes, et puis je ne suis pas bouddhiste. » Plusieurs logiciels existent pour apprendre la cohérence cardiaque. Thierry Thomas a mis au point une application gratuite pour iPhone* qui a été téléchargée plus de 80 000 fois depuis sa création. À partir des données de la variabilité cardiaque, il est possible d’obtenir toutes sortes d’informations, y compris son âge biologique. Des applications sont même en train d’être créées, qui permettront de se contrôler en permanence. Familier de ce monitoring, Thierry Thomas met en garde contre la tentation de trop mesurer et d’entretenir une culture du résultat préjudiciable à la pratique.

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