Âgé de presque cent ans, Socrate révèle une formidable jeunesse d'esprit et un humour décapant. À son contact, Dan, un sportif de haut niveau en mal de vivre, voit ses croyances complètement bouleversées. À l'occasion des 20 ans de la collection Aventure Secrète des éditions J'ai Lu, découvrez un extrait du best-seller Le Guerrier Pacifique, fiction auto-biographique de l’ancien champion du monde de gymnastique au trampoline, Dan Millman.
Art de vivre
Leo Cardelli
« Socrate, j’aimerais bien que tu cesses de me surprendre ainsi. Ne pourrais-tu pas faire un peu de bruit ? »
Il sourit et me dit : « Le silence est l’art du guerrier… et la méditation son sabre. C’est l’arme principale que tu utiliseras pour te frayer un chemin à travers tes illusions. Mais comprends bien ceci : l’utilité du sabre dépend de celui qui le manie. Tu ne sais pas encore t’en servir et, entre tes mains, il peut devenir une arme dangereuse, décevante ou inutile.
Au début, la méditation peut t’aider à te relaxer. Tu exhibes ton ‘sabre’ ; tu le montres fièrement à tes amis. L’éclat de ce sabre distrait de nombreux méditant et les conduit vers plus d‘illusions, jusqu’à ce qu’ils finissent par abandonner pour partir encore, en quête d’une autre ‘alternative intérieure’.
Le guerrier, en revanche, utilise le sabre avec de l’habilité et une profonde compréhension. Grâce à lui, il découpe le mental en lambeaux, pourfendant les pensées afin de révéler leur absence de substance. Écoute ceci et tires-en une leçon.
Alors qu’il traversait le désert avec ses armées, Alexandre le Grand se retrouva devant deux cordes épaisses nouées en un nœud énorme et complexe : le nœud gordien. Personne n’avait encore réussi à le dénouer et on mit Alexandre au défi d’y parvenir. Sans hésiter un instant, il tira son épée et, d’un seul coup puissant, trancha le nœud. C’était un guerrier !
Voilà comment tu dois t’attaquer aux nœuds de ton mental : avec le sabre de la méditation. Jusqu’au jour où tu n’auras même plus besoin d‘arme. »
Au même instant, un vieux fourgon VW fraîchement repeint en blanc et orné sur le côté d’un arc-en-ciel entra dans la station. Six personnes l’occupaient, difficiles à distinguer les unes des autres. Nous vîmes en nous approchant qu’il y avait deux femmes et quatre hommes, tous vêtus de la tête aux pieds des mêmes habits bleus. Je reconnus les membres de l’un des nombreux nouveaux groupes spirituels de la région. Ils firent vertueusement mine de ne pas remarquer notre présence, comme si notre appartenance au monde risquait de les contaminer.
Socrate releva bien entendu le défi, se transformant instantanément en boiteux zézayant. Il se grattai frénétiquement et incarnait Quasimodo à la perfection. « Hé, Jack, dit-il au conducteur (je n’avais jamais vu une barbe aussi longue que la sienne), vous voulez de l’essence ou quoi ? »
« Oui, nous voulons de l’essence », répliqua l’homme, sa voix glissant comme de l’huile à salade.
Socrate lorgna les deux femmes assises derrière et, passant sa tête par la vitre, chuchota, mais assez fort : « Hé, est-ce que vous méditez ? » Il avait usé du même ton que pour se référer à une pratique sexuelle solitaire.
« En effet, oui, répondit le conducteur avec un brin de supériorité cosmique. Allez-vous faire le plein maintenant ? »
D’un signe, Soc m’invita à remplir le réservoir, puis il se mit à tirer sur les boutons du conducteur. « Dites, mon gars, vous savez que vous ressemblez un peu à une fille dans ce costume – ne le prenez pas mal, c’est très joli. Et pourquoi ne vous rasez-vous pas ? Qu’est-ce que vous cachez sous cette fourrure ? »
Tandis que je me faisais tout petit, il continua, de pire en pire. « Hé, demanda-t-il à l’une des femmes, ce type est-il votre petit ami ? Dites-moi, lança-t-il à l’autre homme assis devant : vous vous laissez aller ou bien vous vous retenez comme j’ai lu dans le National Enquirer ? »
C’était bien assez. Quand Socrate commença à compter pour leur rendre leur monnaie – avec une lenteur effroyable (il n’arrêtait pas de se tromper et de repartir de zéro) – j’étais sur le point d’éclater de rire et les occupants de la camionnette tremblaient de colère. Le chauffeur s’empara de son argent et quitta la station d’une manière peu religieuse. Alors que le véhicule s’éloignait, Socrate s’écria : « La méditation vous fait du bien. Continuez ! »
À peine étions-nous de retour dans le bureau qu’une grosse Chevrolet arriva dans la station. Le bruit de la sonnette fut suivi de l’impatient « tutututut » d’un klaxon musical. Je sortis avec Socrate.
Le chauffeur était un adolescent de quarante ans, vêtu d’habits de satin brillant et coiffé d’un grand chapeau de safari orné de plumes. Extrêmement nerveux, il tapotait sur le volant. À son côté, une femme d’âge indéterminé se poudrait le nez devant le rétroviseur tout en battant de ses faux cils.
Sans savoir pourquoi, je m’irritai à leur vue. Ils avaient l’air stupide. J’avais envie de leur dire : « Pourquoi ne vous comportez-vous pas comme les gens de votre âge ? », mais j’observai et attendis.
« Dites donc, avez-vous un distributeur de cigarettes ici ? » demanda le conducteur, agité.
Socrate interrompit sa tâche et répondit avec un large sourire : « Non, monsieur, mais il y a en bas de la rue un magasin ouvert toute la nuit. » Puis il consacra toute son attention à contrôler l’huile. En rendant la monnaie ensuite, il semblait servir le thé à l’empereur.
Après le départ de la voiture, nous sommes restés près de la pompe à respirer l’air de la nuit. « Tu as traité ces gens avec beaucoup de courtoisie, mais tu as été franchement odieux avec les méditants en robes bleues, qui ont pourtant atteint un niveau d’évolution plus élevé. Qu’est-ce que cela signifie ? »
Pour une fois, il me donna une réponse simple et directe. « Les seuls niveaux qui devraient t’intéresser sont le mien – et le tien », déclara-t-il en souriant. « Ces gens avaient besoin de gentillesse. Les méditants avaient besoin d’autre chose, comme support de réflexion. »
« De quoi ai-je besoin ? » lançai-je.
« De plus de pratique », répondit-il aussitôt. « Ta méditation à elle seule ne t’a pas aidé à rester calme lorsque j’ai foncé sur toi le sabre à la main, pas plus qu’elle ne n’a aidé nos amis en robes bleues lorsque je les ai taquinés. »
« En d’autres termes, un saut périlleux avant n’est qu’une partie de la gymnastique. Une technique de méditation n’est qu’une partie de la voie du guerrier. Si tu ne vois pas tout le tableau, tu peux être induit en erreur et ne pratiquer que des sauts périlleux avant – ou la méditation – durant toute ta vie, ne récoltant ainsi que les bénéfices partiels de ton entraînement.
Donc pour rester sur la bonne voie, ce qu’il te faut, c’est une carte spéciale couvrant tout le territoire que tu vas explorer. Alors tu te rendras compte de l’utilité – et des limites – de la méditation. Et je te le demande : où trouve-t-on une bonne carte ? »
« Dans une station-service, bien entendu ! »
« Très bien monsieur, veuillez entrer dans le bureau et je vous donnerai exactement la carte dont vous avez besoin. » Je me jetai sur le canapé ; Socrate s’installa sans un bruit entre les accoudoirs massifs de son beau fauteuil.
Il m’étudia durant une longue minute. « Oh-oh, marmonnai-je nerveusement. Quelque chose se prépare. »
« Le problème, soupira-t-il enfin, c’est que je ne peux pas te décrire le terrain, du moins pas… avec des mots. » Il se leva et se dirigea vers moi avec cette lumière dans le regard qui m’invitait à faire ma valise – je partais en voyage. [...]
Dan Millman, Le guerrier pacifique, Éditions J’ai Lu, collection Aventure Secrète, 2019, p.94-98
Certaines blessures de guerre sont invisibles mais aussi douloureuses qu’une balle tirée à bout portant. 35 % des militaires ayant survécu aux conflits restent hantés par le souvenir de scènes d'horreurs. Pour les aider à digérer leurs traumatismes, le cinéaste David ...
« Méditer, c’est comme rentrer à la maison. Et nous en avons tous besoin. » Ces mots, aussi simples que profonds, sont révélateurs du ton des 12 séances guidées de méditation que livre Fabrice Midal dans son nouveau livre audio.
29 novembre 2011
12 séances guidées de méditation avec Fabrice Midal
Et si un documentaire pouvait s’apparenter à une véritable méditation ? Sur les merveilles que nous offre le monde, mais aussi sur la « roue de la vie » évoquée par le titre du documentaire « Samsara » qui, dans ...
La plongée la plus longue est celle qui précède la naissance. Ensuite, elle peut se révéler un véritable art de guérison... Le Français Jeff Coulais, pionnier de l’apnée en France et auteur d’un record du monde, accompagne cette exploration des ...
13 juillet 2022
Jeff Coulais - Du souffle de vie à la magie de l’eau
Psychiatre, élève d’Arnaud Desjardins, dans la lignée de Swami Prajnânpad, Christophe Massin publie un ouvrage décryptant toutes les subtilités de l’ego, afin de l’amener à la maturité nécessaire permettant de le dépasser et de nous libérer.
Le dicton « un corps sain, dans un esprit sain » est toujours de bon ton en 2011. Aux États-Unis, une récente étude démontre que de plus en plus de médecins américains recommandent à leurs patients d'avoir recours à la ...
14 mai 2011
De plus en plus de médecins conseillent la méditation
La méditation est une pratique qui séduit un public croissant, et les livres qui abordent le sujet rencontrent bien souvent le succès. Retour sur une petite révolution.
Davantage connue pour ses effets sur la réduction du stress et de
l’anxiété, une étude sur la méditation « en pleine conscience » révèle que
cette méthode de relaxation est également efficace pour aider à lutter
contre le sentiment de solitude.
L’INREES utilise des cookies nécessaires au bon fonctionnement
technique du site internet. Ces cookies sont indispensables pour
permettre la connexion à votre compte, optimiser votre navigation et
sécuriser les processus de commande. L’INREES n’utilise pas de
cookies paramétrables. En cliquant sur ‘accepter’ vous acceptez ces
cookies strictement nécessaires à une expérience de navigation sur
notre site.
[En savoir plus][Accepter][Refuser]