À une demi-heure de traversée en bateau depuis Cannes, dans l’abbaye de Lérins sur l’île de Saint-Honorat, une communauté de moines cisterciens invite les retraitants à se couper du monde pour vivre une expérience intérieure singulière.
Cela fait seize siècles que l’esprit divin souffle sur Saint-Honorat, petite sœur de Sainte-Marguerite avec laquelle elle forme les îles de Lérins, sites classés jouissant du label Natura 2000, au large de Cannes. Depuis 1869, elle appartient à des moines cisterciens qui y vivent toute l’année. Bordée de magnifiques criques épousant l’eau turquoise de la Méditerranée, elle accueille aussi parfois, en hiver, une houle violente, qui peut l’isoler du reste du monde. Longue de 1 500 mètres et large de 400 mètres, elle offre 40 hectares de nature sauvage, au milieu des oliviers, des eucalyptus et des pins parasols. Les vignes se déploient en son cœur.
Quand ils ne sont pas à la prière ou à l’étude, les moines cultivent leur vignoble, huit hectares de terroir unique, pour produire une petite quantité de vins mondialement connus. Ils s’y adonnent avec ferveur depuis le Moyen Âge. Sur l’île, aucun signe de modernité, à part une vieille cabine téléphonique. Pas de route, uniquement des chemins de terre à parcourir à pied. Les principaux vestiges humains que l’on y découvre sont les sept chapelles, dont deux sont classées monuments historiques (Saint-Sauveur et la Trinité), la tour-monastère élevée au XI
e siècle, également classée, construite sur une pointe faisant face à la mer, et bien sûr le monastère Notre-Dame de Lérins et son hôtellerie.
Il règne ici un sentiment de bout du monde, d’immensité, de paix profonde, d’éternité, comme si le temps s’était figé.
L’empreinte des prières
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