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Monastère
de
Boulaur
:
les
témoins
du
miracle

Dans la campagne gersoise où elle a grandi repose Claire de Castelbajac, une jeune femme dont la vie terrestre, toute simple, n’a duré que 21 ans. Comment expliquer que 46 ans plus tard, elle ne cesse d’inspirer, d’attirer, d’être priée et candidate à la canonisation ? Reportage auprès des sœurs du monastère de Boulaur, postulatrices de la cause.
Monastère de Boulaur : les témoins du miracle
Lieux mystérieux
Sur une colline du Gers, un couple de touristes australiens a fait halte pour visiter l’église du XIIe siècle que l’on devine de la route. Accueillis après l’office chanté par les sœurs cisterciennes selon le canon grégorien, ils découvrent l’étonnante vitalité de la communauté : ces 31 religieuses, dont la moyenne d’âge ne dépasse pas 45 ans, mènent un projet agricole et touristique d’envergure et accueillent un tel flux de vocations qu’elles ont fondé deux nouvelles communautés. Sœur Diane accompagne les visiteurs au fond de la nef, où se trouve un tombeau de bois blond discret, surmonté de la photo d’une toute jeune fille rayonnante, souriant à l’objectif. C’est Claire de Castelbajac, dont le monastère mène la cause en béatification ; élevée dans les environs, elle est décédée à 21 ans, en 1975.

La communauté de Boulaur comptait alors cinq religieuses, effectif inchangé depuis sa fondation en 1949. Le maintien du monastère était en péril. La réputation de sainteté de Claire grandissait discrètement dans la région lorsqu’en 1979, l’abbé général de l’ordre cistercien séjourne à Boulaur et découvre ses écrits : « Cette petite est canonisable », confie-t-il aux sœurs. En 1981, en quête d’un signe qui confirme cette intuition et désireux de sauver le monastère dont la fermeture est programmée, il prie Claire et lui demande l’impossible : l’arrivée de cinq nouvelles vocations dans l’année. La grâce opère. Non seulement cinq jeunes filles postulent dans l’année, mais la première s’appelle... Claire. La communauté ne cessera plus jamais de croître, et la cause en béatification de Claire de Castelbajac s’ouvrira en 1990.


« Elle a touché les gens par sa joie »


tombeau Claire de Castelbajac

Les touristes australiens qui ont écouté cette histoire font silence et s’approchent du tombeau. Près de lui, quelques cierges, un bloc-notes, un stylo, une corbeille débordant de messages. Ébranlés, ils s’y recueillent un temps. « Ces émotions sont fréquentes, commente sœur Diane... La rencontre avec un saint est un cadeau. On sent qu’il est vivant, qu’il nous écoute. Ça se heurte à l’approche rationnelle, mais quelqu’un qui a développé ce lien sait quelle expérience il en fait : c’est une rencontre nourrissante, personnelle, comme une amitié. C’est cette possibilité pour chacun d’entrer en relation qui dit la sainteté de la personne : parce qu’elle est dans l’infini de Dieu, elle offre une présence totale à chacun. »

Mais qui est Claire, et qu’a-t-elle fait de si extraordinaire ? Sœur Marie-Madeleine, qui travaille à l’instruction de la Cause, sourit : « Eh bien, rien, justement ! Elle a simplement touché les gens par sa joie et son infinie confiance en Dieu. C’est après sa mort que l’inhabituel s’est produit : ceux qui l’ont connue se sont mis très vite à la prier, et un grand nombre de personnes, ne se connaissant pas entre elles, sont venues se recueillir sur sa tombe. » Il faut imaginer la perplexité des proches devant ces inconnus toujours plus nombreux qui, sans l’avoir rencontrée, cultivent une relation personnelle avec Claire, qui leur a « parlé » au détour d’un hasard... C’est pour eux que la mère de Claire accepte en 1978 de publier un petit recueil de ses écrits.

J’ai du bonheur en trop, ça déborde, voulez-vous que je vous le donne ?


La voie de l’enfance spirituelle : faire de toutes choses de l’amour


On y découvre une enfant, puis une jeune fille au caractère enjoué, fougueux, élevée dans la foi catholique, dans un milieu privilégié, qui a pris très tôt au sérieux sa relation avec le Ciel. Elle adore les animaux, qu’elle recueille souvent en cachette, mange comme quatre, prie constamment et à haute voix, rit beaucoup. À huit ans et demi, elle confie à son père son désir de devenir une sainte. Cette intelligence précoce et cette aspiration d’enfant à la sainteté rappellent Thérèse de Lisieux, reconnue Docteur de l’Église depuis 1997 pour avoir ouvert un nouveau chemin vers la sainteté, « la petite voie », ou « voie de l’enfance spirituelle » : sa foi d’enfant, qui pouvait paraître candide ou déterminée par son milieu familial, fut en réalité sa force. Comme celle de « Petite Thérèse », la personnalité de Claire ne semble s’être affermie que pour mieux protéger et révéler l’abandon total à Dieu qui fut le joyau de son enfance. En 1972, à 19 ans, elle écrit dans ses notes : « La sainteté, c’est l’amour à vivre les choses ordinaires pour Dieu et avec Lui, avec sa grâce et sa force. Avais toujours cru que c’était l’acceptation et non l’amour, ça change tout et c’est lumineux. [...] Accepter, c’est un peu se dire : Bon ! On m’envoie cette tuile, prenons-la du bon côté et offrons-la à Dieu. Se résigner : Crotte ! Cette tuile m’embête ; de toute façon, pas d’autre moyen que de l’offrir à Dieu. En faire de l’amour : Dieu a la bonté de m’envoyer cette tuile pour que je la lui offre de tout mon cœur pour sa gloire. N’empêche qu’il faut avoir une sacrée couche de sainteté pour faire de toutes choses de l’amour... »


« C’est au poil la vie ! »


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