«
Couvre-toi, tu vas tomber malade ! » Qui n’a jamais entendu cet avertissement répété par ses aïeux ? Comme si le froid représentait un risque à ne jamais prendre ! Et pourtant... Celui que l’on craint et que l’on évite par tous les moyens peut se révéler notre allié, si tant est que l’on accepte de s’y plonger à corps et esprit déployés.
Augmentation de la production de lymphocytes, cellules de l’immunité, stimulation de la circulation sanguine, oxygénation des organes, amélioration de la qualité du sommeil et de l’humeur, libération d’endorphines (les hormones du bien-être), diminution de la douleur, du stress, etc., les bienfaits du froid sur notre organisme sont nombreux. Tout comme les techniques qui permettent d’apprivoiser ses pouvoirs exceptionnels multiples (bain dérivatif, yoga du froid, cryothérapie, ice-thérapie, etc.). On plonge ?!
Sortir des a priori
Qui ne s’est jamais dit qu’attraper froid peut nous enrhumer ? Dans
Aide-toi, ton corps t’aidera(1), Anne-Marie Filliozat et Gérard Guasch abolissent nos croyances à ce sujet en citant diverses expériences menées. «
Des chercheurs ont eu l’idée de pulvériser dans les narines de quelques volontaires des suspensions de virus connus pour avoir provoqué un rhume chez d’autres personnes. Or, il se trouve que beaucoup d’entre eux n’ont pas développé de symptômes. » Toujours d’après les recherches, le risque de s’enrhumer ne s’accroît pas si les sujets, après avoir été contaminés par des souches de virus connues, portent des chaussettes mouillées et sont placés en plein courant d’air dans une pièce froide. «
La personne exposée à un ou plusieurs virus doit se trouver dans un état de réceptivité, apprend-on dans cet ouvrage,
laquelle à son tour se voit affectée par la saison, le climat et une foule d’autres facteurs (stress, fatigue) diminuant la résistance générale à l’infection. » En effet, toute maladie suppose une certaine complicité de l’organisme. Comme disait Pasteur : «
Le germe n’est rien, le terrain est tout ! »
Comment s’y mettre ?
Entretenez la conviction que l’exposition répétée au froid est bonne pour notre organisme, qu’elle contribue à retrouver ou à maintenir un équilibre global. Intégrez ses bienfaits sur le corps et l’esprit et décidez d’en faire votre alliée ! Cette résolution est un prérequis essentiel pour vous préparer à réagir positivement face au froid que le corps aborde bien souvent dans un positionnement de victime. «
Adoptez une posture contre-intuitivement confiante et conquérante face au froid », recommande le coach et conférencier Jean-François Tual, auteur du best-seller
Le froid m’a sauvé(2).
Comme disait Pasteur : « Le germe n’est rien, le terrain est tout ! »
Apprivoiser le froid au quotidien
«
Le froid est un fantastique outil d’auto-coaching. Simple. Puissant. Gratuit. Implacable », assure Jean-François Tual dans le récit de son incroyable parcours et guide pratique des pouvoirs exceptionnels du froid extrême sur le corps. Baisse du thermostat à la maison, sport en extérieur, simple promenade dans le froid, douche froide, attente dans le froid à la terrasse d’un café, méditation dans le vent glacé sont autant de situations accessibles qu’il conseille de mettre en pratique quotidiennement afin de «
défragiliser notre mental », précise-t-il. «
Douche après douche, vous apprendrez à orienter votre perception du froid vers un autre aspect de cette vérité », assure cet expert en
ice-coaching formé auprès de Wim Hof, un Néerlandais détenteur de 26 records du monde d’exposition au froid.
Comment s’y mettre ?
«
Prenez une montre ou un chronomètre, sortez dans la rue très légèrement habillé s’il fait froid (option 1) ou bien prenez une douche froide (option 2), voire mieux encore, essayez l’un puis l’autre. Endurez le froid durant cinq minutes dans la rue, 30 secondes sous la douche et évaluez le niveau d’inconfort vécu, interrogez-vous sur sa cause, conseille l’instructeur.
Que vous êtes-vous dit avant de commencer, puis au premier contact avec le froid ? Comment avez-vous réagi corporellement ? À quoi pensiez-vous ? » Face à l’adversité, nous activons instinctivement une longue liste de schémas mentaux. Quotidiennement, détricotez l’un après l’autre ces mauvais réflexes grâce au terrain d’entraînement du froid. À force de répétition, au-delà d’appréhender plus sereinement le froid, vous apprendrez «
à aborder plus élégamment et plus efficacement les difficultés que la vie met sur votre route ».
Respirer pour survivre
Un mot d’ordre pour encaisser le coup quand on s’immerge dans une eau de seulement quelques degrés : inspirer et expirer profondément. Mais si respirer est inné, bien respirer l’est beaucoup moins. «
Apprendre à respirer correctement – donc profondément, naturellement en mobilisant le diaphragme et l’ensemble de la chaîne respiratoire est un moyen simple et puissant de solidifier notre corps [...] », développe Jean-François Tual. L’intérêt d’une respiration profonde et complète est de bénéficier au quotidien d’un corps relâché qui ne transmet pas constamment au mental des signaux de tension. «
Votre corps retrouvera structure, stabilité, force et équilibre. »
Comment s’y mettre ?
Pour commencer, en développant une respiration complète à laquelle vous pouvez vous exercer une quinzaine de minutes par jour. Allongé sur le dos, le plus détendu possible, jambes repliées et pieds au sol, inspirez par le nez, expirez par la bouche. «
Posez une main sur votre abdomen, l’autre sur votre flanc et, à chaque respiration, vérifiez que vos mains remontent en même temps que vos lombaires se plaquent au sol. Déplacez sur les côtes la main qui se trouve sur l’abdomen. Sur l’inspiration, les côtes devraient se gonfler à leur tour. Puis placez l’autre main sur la clavicule opposée que vous devez sentir s’ouvrir sur l’inspiration. Essayez enfin une respiration complète qui soit fluide tout au long de l’inspiration et de l’expiration. L’expiration se fait aussi de l’abdomen vers les clavicules. Dès que vous sentez un blocage, expirez en relâchant la zone, puis recommencez l’inspiration. »
Le froid est un fantastique outil d’auto-coaching. Simple. Puissant. Gratuit. Implacable.
Oser l’impossible
On les appelle les Ours Blancs de Biarritz, les Givrés de Saint-Malo, les Pingouins de Dieppe... Ces baigneurs intrépides plongent dans l’eau chaque hiver. Une pratique inspirée des pays scandinaves où l’on va jusqu’à organiser des courses dans l’eau glacée ! Les moines tibétains sont eux aussi experts en la matière en pratiquant le
toumo (ou yoga du froid), tradition tantrique basée sur la science de la thermorégulation dont le but est d’activer l’énergie du feu intérieur et de la faire circuler dans le corps avec des techniques de respiration, de blocage et des visualisations. «
Les candidats, complètement nus, s’assoient sur le sol, les jambes croisées », raconte Alexandra David-Néel dans
Mystiques et magiciens du Tibet(3). «
Des draps sont plongés dans l’eau glacée ; ils y gèlent et en sortent raidis. Chacun des disciples en enroule un autour de lui et doit le dégeler et le sécher sur son corps. Dès que le linge est sec, on le replonge dans l’eau et le candidat s’en enveloppe de nouveau. »
Comment s’y mettre ?
Douche froide, nage en plein hiver dans la mer, immersion dans un lac glacé, etc., choisissez le lieu de votre plongeon selon vos possibilités ! Ne brûlez pas les étapes, procédez graduellement. Quand vous êtes dans l’eau, «
centrez votre attention sur votre corps et à la moindre apparition d’une tension musculaire, relâchez immédiatement la zone concernée, conseille Jean-François Tual.
Pour cela, expirez par la bouche sans forcer. En continuant de vous relâcher musculairement, soyez attentif à votre posture. Gardez les épaules basses et en arrière, retrouvez une cambrure naturelle. Ouvrez la cage thoracique. Dégagez la tête et allongez le cou. Regardez droit devant vous plutôt que vers le bas. Respirez amplement, sans saccades. Observez la différence de sensations. »
Laisser la magie du froid opérer
«
Il fait froid parce que l’on regarde là où il n’y a pas de chaleur », a déclaré l’écrivaine voyageuse Alexandra David-Néel en faisant allusion à la technique du
toumo qu’elle a apprise auprès des yogis tibétains. Le froid est inconfortable, c’est pour cela qu’il est aussi efficace. «
Il est incroyablement plus simple de ne pas penser à sa feuille d’impôts immergé dans une eau à zéro degré qu’assis le dos droit sur une chaise dans son salon. Le froid glacial n’est donc pas seulement une version extrême de la méditation, il en est aussi une version simplifiée et plus accessible », garantit l’auteur du livre
Le froid m’a sauvé qui, en pleine crise de la quarantaine, a retrouvé grâce au froid extrême une stabilité émotionnelle, une humilité salvatrice et le contrôle de sa vie.
Comment s’y mettre ?
«
Sous le jet en apnée, vous acquérez la capacité à rester collé à ce qui se passe, ici et maintenant, au lieu de partir dans des projections mentales qui compliquent les situations à les rendre insolubles, à force d’enrober la réalité dans une épaisse couche de fantasmes. » Vous apprendrez vite à ressentir dans le froid que vous disposez d’un pouvoir énorme pour transformer votre vécu sans changer les événements, mais simplement en vous centrant sur vous.
(1)
Aide-toi, ton corps t’aidera, Anne-Marie Filliozat et Gérard Guasch, éd. Albin Michel, 2019.
(2)
Le froid m’a sauvé, Jean-François Tual, éd. Larousse, 2019.
(3)
Mystiques et magiciens du Tibet, Alexandra David-Néel, éd. Pocket, 2003.