On connaît les techniques de respiration, essentiellement destinées à équilibrer ou générer de l’énergie, à l’image du pranayama qui est l’art de contrôler consciemment son souffle (allongement de l’inspir, de la rétention et de l’expir) dans le yoga. En agissant sur le système parasympathique pour créer un effet de relaxation, ses retombées sont multiples et touchent plusieurs fonctions vitales : digestion, circulation sanguine, élimination, etc.

Mais au-delà de l’équilibre du corps, la respiration apporte bien davantage et agit sur l’esprit. « Le pranayama augmente la vigueur, la vitalité, la sensibilité aux impressions extérieures et la mémoire. Il libère l’esprit de l’emprise du corps, aiguise l’intellect et illumine l’âme », souligne le maître yogi BKS Iyengar. Le pranayama est la quatrième des huit étapes du yoga qui, grâce à un entraînement rigoureux et continu, vise à la concentration (dharana) puis à l’éveil (samadhi), ce qui permet des actions créatrices.

État modifié de conscience

Pour mieux comprendre, Catharina von Bargen, experte en respiration, identifie trois grands courants de respiration complémentaires, car toute connexion à son intuition est de toute façon impossible sans avoir préalablement atteint une présence à soi et équilibré son système nerveux. Le premier se fonde sur l’observation pour renforcer cette présence : c’est le cas, par exemple, de la mindfulness ou méditation de pleine conscience (respiration par le nez). Le second cherche à réguler et contrôler, entre autres, le système nerveux : les pranayamas et la cohérence cardiaque en font partie (respiration par le nez et/ou par la bouche). Le troisième vise à la transformation : le breathwork englobe notamment la Transformational Breath®, le rebirthing, la respiration holotropique ou encore chamanique (respiration par la bouche). « Ces dernières respirations, dynamiques et intenses, engendrent plus rapidement un état modifié de conscience et un lâcher-prise, ce qui permet d’accéder au subconscient, donc de travailler en profondeur sur l’intégration émotionnelle, voire de vivre des expériences spirituelles », selon l’experte formée à la Transformational Breath®.

Parmi les autres techniques de respiration, citons également la sophrologie, qui se pratique dans un état de conscience différent de celui de la conscience ordinaire. Le niveau « sophro-liminal » – ainsi nommé par le créateur de la sophrologie, Alfonso Caycedo (1932-2017) – est celui que nous traversons deux fois par jour, en nous réveillant et en nous endormant. « La conscience sophronique permet le déploiement de la mémoire, des perceptions sensorielles, de la confiance et de la créativité », explique Gaëlle Piton, sophrologue et coach d’artistes, qui combine de manière très personnelle cette technique à de la méditation de pleine présence, de la cohérence cardiaque (six respirations par minute d’inspirs et expirs égales) et parfois même à de la danse. Elle ajoute : « La sophrologie est bien plus qu’un outil de détente, elle engendre une véritable transformation. » Cette caractéristique la classerait donc plutôt dans la troisième catégorie. N’oublions pas qu’Alfonso Caycedo est allé, dans les années soixante, puiser en Inde auprès de yogis des techniques de pranayama qui allaient lui permettre de développer sa propre méthode. Il a également étudié les états modifiés de conscience dans le bouddhisme tibétain et le zen japonais, qui dynamisent notre potentiel créatif.

Respiration diaphragmatique

(...)