S’il est une phase de vie durant laquelle les émotions sont centrales, c’est bien l’adolescence. Le corps, mais aussi tout l’être de ces jeunes, est en transformation. Ils sont, du coup, en prise avec toute une panoplie de sensations et d’émotions. « Ces émotions peuvent être exacerbées ou repliées, contradictoires ou mélangées. Cela fait que les adolescents sont souvent confus. Néanmoins, ce processus leur donne aussi accès à des leviers d’évolution incroyables… qui mériteraient d’être mieux accompagnés », souligne Brigitte Chavas, initiatrice de Souffle et thérapie et de stages jeunes pour les 15-30 ans.

L’adolescence offrirait-elle des opportunités de déploiement sous-estimées, voire sous-exploitées ? Force est de constater que les grands oubliés du monde thérapeutique et du développement personnel sont justement les adolescents. Il y a somme toute peu de propositions visant à accompagner ces jeunes, qui en ont pourtant besoin. Pas tant parce que « ça ne va pas », mais parce que « ça se transforme ». Alors, quelles fonctions pourraient avoir les émotions au cœur de cette mutation ? Quelles mutations alchimiques pourraient-elles favoriser ?

Un chaudron solide

Depuis 2007, Brigitte Chavas, thérapeute transpersonnelle et son collègue Manu Friedli, éducateur spécialisé et thérapeute systémique, accompagnent des jeunes lors de stages résidentiels. « Souvent, nous nous demandons si le cadre que nous posons n’est pas l’essentiel de notre travail. C’est tout du moins la base incontournable », indique la thérapeute. L’aventure ne serait pas possible sans ce contenant tout à la fois ferme et aimant. Et parce que le but de la manœuvre n’est pas d’imposer des lois mais d’offrir un espace sécurisé et bienveillant, car cela permet d’accorder une valeur à ce qui se passe pour chacun et de préserver un bon fonctionnement collectif, les jeunes réagiraient positivement. Respect de la confidentialité, pas de violence ni sur le matériel, ni sur soi, ni sur l’autre, pas de prise d’alcool ou de drogue, pas de flirt ou de relation sexuelle, présence jusqu’à la fin du stage, font partie des règles que chaque participant s’engage à respecter, la main sur le cœur. « Contrairement à ce que nous imaginions au départ, les jeunes aiment la clarté et la solidité de l’espace que nous proposons », souligne la thérapeute. Tout état d’être serait donc acceptable, tout secret pourrait être confié, toute émotion pourrait être exprimée… sans passage à l’acte. Selon les organisateurs, ce cadre aurait été rarement transgressé.(...)