La mort est inexorablement liée à la condition d’être vivant. Autrefois ritualisée et visible dans l’espace public, elle disparaît progressivement du quotidien dans de nombreux pays. Une nation se distingue pourtant par son rapport intime à elle, indissociable de son identité culturelle : le Mexique. « El día de muertos » est le point culminant d’une relation aussi festive qu’elle est intime, un moment où vivants et morts communient.
Au-delà
Genaro Servin
Dans les rues, les cimetières et les maisons, la célébration bat son plein. Les tombes sont nettoyées et décorées avec des bougies et des fleurs… On chante, on danse, les défunts sont à la fête ! Pendant ce temps-là, dans l’intimité du foyer, certains se recueillent devant l’ofrenda, un autel dressé à l’attention des disparus. Des pétales de cempasúchil (œillets d’Inde) saupoudrés jusqu’à la maison permettent aux défunts de retrouver leur chemin. Aux côtés des photos, cierges, encens, fleurs, figurines de squelette, on trouve alcools, bonbons et gâteaux…
Au Mexique, el día de muertos – la fête des Morts – est classé depuis 2003 par l’UNESCO dans la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Au-delà de ces quelques jours de célébration, les Mexicains entretiennent un lien symbolique unique à la mort, qui s’invite sous diverses formes dans leur quotidien, opérant un liant, à l’échelle de la famille, de la communauté et du pays tout entier.
Día de muertos : la mort pour renaître
« Pour l’habitant de Paris, New York ou Londres, la mort est ce mot qu’on ne prononce jamais parce qu’il brûle les lèvres. Le Mexicain, en revanche, la fréquente, la raille, la brave, dort avec, la fête, c’est l’un de ses amusements favoris et son amour le plus fidèle », écrivait Octavio Paz dans Le Labyrinthe de la solitude.
Dans de nombreuses sociétés modernisées, si la mort est particulièrement représentée sous des formes fictionnelles dans l’espace culturel (cinéma, littérature…), elle est sortie de l’ordinaire de nos vies. La place sociale de la mort « réelle », de proximité, semble avoir disparu. Damien Le Guay est philosophe et critique littéraire, il analyse que « depuis trente à quarante ans, la grammaire funéraire s’est perdue, la langue mortuaire nous est devenue étrangère. La mort est là, mais nous ne savons plus lui parler, plus en parler et encore moins l’apprivoiser (…) Désormais, les gens ne meurent plus ; ils disparaissent. En quelques semaines, un voisin, un ami, un parent est retiré de la communauté des vivants. » (source : Cairn)
À contre-courant de cette tendance, le Mexique présente une conception de la mort unique, elle s’entremêle à la vie. Si elle est empreinte de mystère, elle y est acceptable, supportable, on peut même en rire. Daniel Gutiérrez-Martínez est ethnosociologue au Colegio Mexiquense (Mexico). D’après lui, « le jour de la fête des Morts permet de l’homéopathiser dans la vie quotidienne, de l’accepter, de savoir qu’elle existe. C’est ce qu’on appelle une vision tragique du monde. Cela ne veut pas dire que la mort de nos proches ne nous fasse pas souffrir, mais dans cette idiosyncrasie on accepte qu’elle soit une partie de la vie, qu’on puisse jouer avec, la montrer, la célébrer, et lui dédier un jour spécifique. »
Journaliste, réalisatrice et auteure, Aurélie Aimé est spécialiste du monde des spiritualités et de l'écologie. Son parcours professionnel lui a permis d’explorer inlassablement ces sujets et de partager ses découvertes.
D’abord, elle a été journaliste et animatrice télé sur M6, spécialiste de « récup’ » et d’ « astuces de grands-mères » pour l’émission 100% Mag. Puis en 2014 elle a rejoint la rédaction de l'INREES, de Kaizen, puis de Natives, entre autres.
Elle est l’auteure de plusieurs ou ...
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