Bernard Werber, écrivain
«
Pour moi, parler du moment de la mort est limitatif : c’est une vision occidentale selon laquelle on est vivant ou mort, explique Bernard Werber.
J’ai retrouvé dans certaines philosophies orientales une intuition que j’avais : il existe une sorte de flux vital qui nous traverse, dans lequel nous sommes intégrés. Mourir signifie juste qu’une partie de cet ensemble dépérit, mais quelque chose survit. Je l’ai toujours senti. »
Son premier souvenir avec la mort est douloureux et conflictuel. Bernard Werber avait treize ans lorsque son grand-père, qui luttait contre une «
maladie compliquée », a demandé à mourir. «
On n’a pas tenu compte de son avis et on l’a sauvé malgré lui, ce qui n’a fait que repousser le moment de sa mort. » Dans un accès de rage, Isidore Werber finira par arracher les perfusions qui le maintiennent en vie. «
À cause du malaise par rapport à la mort, la société agissait sur le corps de mon grand-père contre sa volonté, et ça ne me plaisait pas. » Un an plus tard, il découvre le yoga et les voyages astraux, avec un ami de son âge rencontré en colonie de vacances, lui-même initié à une forme de spiritualité indienne très puissante. «
J’ai eu l’impression de faire des décorporations. Est-ce que je l’ai rêvé ou vécu, je n’en suis plus sûr aujourd’hui. Le plus important, c’est ce que j’ai appris à l’époque sur la spiritualité, et sur le lien entre le corps et l’âme. »
Devenu journaliste au
Nouvel Observateur, il se lance en 1985 dans une grande enquête sur les expériences de mort imminente, un sujet peu connu à l’époque. Mais la parution de l’article est annulée pour des raisons futiles. Ressentant «
une énorme frustration », il élabore le projet des
Thanatonautes, l’histoire d’un médecin et d’un chercheur qui se lancent dans l’exploration des territoires de la mort. Sorti en 1993, le conte philosophique passera inaperçu, malgré le succès des
Fourmis quelques années plus tôt. «
Zéro radio, zéro télé, zéro article : je me suis dit que le sujet était trop sensible ; à l’époque, les livres étaient soit scientifiques, soit mystiques et il n’y avait pas de place pour une spiritualité laïque, qui était la voie que j’explorais. » Pourtant, en 1998, au moment de sa sortie en poche, le livre connaît un succès aussi large que
Les Fourmis. De nombreux lecteurs écrivent à Bernard Werber pour lui dire que la lecture des
Thanatonautes leur a donné du courage. «
Dans les services de soins palliatifs, le livre était connu comme un moyen de rassurer les gens », ajoute Bernard Werber. Écrire le livre a été pour lui aussi un moyen d’apprivoiser l’idée de la mort. Dernière étape de ce cheminement, «
c’était avec la mort de mon ami Mœbius ». Le dessinateur est décédé le 10 mars dernier. «
J’ai trouvé que son enterrement était réussi, que l’ensemble avait quelque chose d’harmonieux. Je me suis dit que j’aimerais bien avoir une cérémonie dans ce genre-là. » On y jouerait peut-être l’adagio pour cordes de Samuel Barber, une musique toute de beauté et de tristesse, évocatrice de la mort pour l’écrivain : «
Elle me donne l’impression de vivre l’envol de mon ectoplasme vers une vie meilleure. »
Mourir signifie juste qu’une partie de cet ensemble dépérit, mais quelque chose survit.
Chloé Mons, artiste, compagne d’Alain Bashung
Vertige de la mort. «
Doucement Alain s’est éteint, la vie s’en est allée. Contre moi, je ne tenais plus qu’une enveloppe de chair, une coquille vidée de sa substance mais je le sentais partout autour de moi. Comme si son âme avait quitté son corps pour emplir la pièce. » Elle a été, pendant douze ans, la femme d’Alain Bashung. Il y a trois ans, le chanteur qu’elle a accompagné «
jusqu’au bout du chemin » s’est éteint dans ses bras. Une «
expérience bouleversante » que Chloé Mons raconte avec pudeur, élégance et réalisme dans un court récit intitulé
Let go. Comme une pulsion, un geste libérateur et un dernier hommage à son «
loup ». «
Accompagner l’être aimé jusqu’à son dernier souffle est une expérience forte. Comme celle de donner la vie. On n’est pas dans la tiédeur. Ces deux moments cruciaux nous confrontent aux mystères de la vie. Et nous posent la même question : que se passe-t-il à cet instant ? »
Chloé Mons se souvient aussi du comportement extraordinaire de son compagnon quelques jours avant qu’il parte. Un état entre délire et conscience accrue, comportement récurrent observé par les infirmiers chez de nombreux patients à l’approche de la mort. «
Il y a eu des moments où il décrochait complètement, et d’autres où il semblait soudain doté d’une faculté de clairvoyance. Comme ce jour où il a dit en me regardant : “Mais qu’est-ce qui t’a pris d’aller dans les catacombes ?”
Cette phrase à laquelle je n’avais pas vraiment prêté attention me reviendra comme une gifle deux mois plus tard quand j’entrerai dans les catacombes de Palerme. »
Elle lève les yeux au ciel et reprend son souffle avant d’ajouter : «
Cette épreuve nous plonge vraiment au cœur du surnaturel et du spirituel. » Un voyage intérieur qui tranche avec la réalité des formalités administratives dont il faut s’acquitter. «
Devoir s’occuper à ce point du matériel à cet instant précis, c’est définitivement absurde ! Quand un proche meurt, plutôt que de se recueillir, on doit courir partout avec des papiers à la main. Le Trésor public, la banque, Orange, EDF, Gaz de France... Des gens meurent tous les jours, et pourtant, rien n’est organisé pour faciliter les démarches. Comme si cela n’arrivait jamais à personne ! » Elle qui connaît bien l’Inde, son «
deuxième pays » ou encore l’Afrique, déplore le rapport que l’Occident entretient aujourd’hui avec la mort. «
Ici, on la voit forcément comme quelque chose de sombre, sinistre, tabou. Et on préfère ne pas l’évoquer de peur qu’elle nous trouve avant l’heure. On fait comme si elle n’existait pas. Pourtant on va tous y passer un jour ! »
La mort est toujours une déchirure pour ceux qui s’aiment. «
Des mains qui se décrochent pour toujours entre celui qui part et celui qui reste. » Un manque physique. Une absence au quotidien. Mais pour Chloé Mons, la mort de l’être aimé c’est aussi «
apprendre à vivre sans lui et guetter des signes. Je sens souvent sa présence protectrice. Quand je lui parle, il me répond à sa façon. Peut-être ai-je juste envie d’y croire mais pour moi, Mister Phantom*
n’est jamais très loin. »
Philippe Presles, médecin
Nous sommes dans les années 1980. Philippe Presles, étudiant en troisième année de médecine, est en train de bricoler, perdu dans ses pensées. «
Je me suis retrouvé avec un fil électrique dans chaque main. Le courant me traversait tout le corps », se souvient-il. Le choc est violent, il ne comprend pas immédiatement ce qui lui arrive. «
Je me suis dit : tu es en train de mourir, tu t’électrocutes. » C’est alors qu’il a ressenti un grand calme : «
J’ai entendu en moi une voix me dire : tes jambes marchent encore. » Lorsqu’il s’est mis à courir, les fils ont été arrachés, ce qui lui a sauvé la vie. «
Si je n’avais pas entendu la voix de ma conscience me dire ce qu’il fallait faire, je serais mort. Je ne pouvais plus émettre le moindre son, j’étouffais. Je n’aurais pas tenu longtemps. » Brièvement hospitalisé, brûlé au niveau des mains, il ressent durant plusieurs mois un blocage respiratoire dès qu’il marche, tant sa colonne vertébrale a été distendue durant l’électrocution.
Mais ce sont surtout les conséquences intellectuelles de l’accident qui seront durables. Il le relate d’ailleurs en introduction de son livre
Tout ce qui n’intéressait pas Freud, L’éveil à la conscience et à ses mystérieux pouvoirs, paru en 2011, fruit d’une longue recherche sur les états extrêmes de conscience. «
Après l’accident, quelque chose avait changé en moi : je me suis intéressé à la conscience. J’ai fait un stage en neurologie et ma passion pour ce domaine ne s’est jamais démentie. »
Il a recueilli des témoignages de gens qui ont comme lui été sauvés par cette voix intérieure. Un grand nombre sont relatifs aux accidents de la route. Lui-même en a eu deux, au cours desquels il a revécu la même expérience de conscience accrue. «
Dans ces situations extrêmes, la notion du temps est mise de côté, les choses sont vécues au ralenti, il n’y a plus d’anxiété. Soit les gens ont une clairvoyance sur ce qu’il faut faire, soit une voix leur parle pour leur dire comment agir au mieux. »
Au fil du temps, Philippe Presles s’est rendu compte que cette expérience marquante est aussi très commune. «
Quand je suis amené à en parler au cours de dîners, sur une dizaine de personnes, il y en a toujours une qui a vécu quelque chose de similaire. » La mort n’est pas la seule situation au cours de laquelle la conscience entre dans ce type de fonctionnement. «
De grands sportifs peuvent vivre au ralenti une action extrêmement rapide, sans aucune anxiété. Un coureur automobile qui va à 300 kilomètres à l’heure peut avoir l’impression d’aller lentement, et lorsqu’il prend un virage, il est déjà dans le suivant. »
Pour Philippe Presles, «
la conscience est une production psychique qui émane de notre cerveau, même si on ne comprend pas où elle se fabrique et si on ne connaît pas son impulsion première ». Il considère que cette vision ne contredit aucunement la place qu’il lui accorde dans l’existence humaine. Car une fois qu’on a compris son importance, «
notre existence devient une odyssée de la conscience, et toute notre façon de vivre est transformée ».
La mort n’est pas la seule situation au cours de laquelle la conscience entre dans ce type de fonctionnement.
Jean-Pierre Postel, anesthésiste-réanimateur
En 2007, Jean-Pierre Postel se rend au chevet de son père de 84 ans. Atteint d’une grave péritonite, il a été transféré après l’intervention dans un service de réanimation. Ses jours sont comptés. Fait incongru, l’horloge dans le box de réanimation du père dysfonctionne, «
les aiguilles tournaient à toute vitesse », se souvient Jean-Pierre Postel. Il est accompagné d’un de ses fils, âgé d’une vingtaine d’années, qui fait le même constat. Un peu plus tard, lorsque son épouse, elle-même médecin généraliste et homéopathe, les rejoint, l’horloge affiche à nouveau l’heure exacte. Il est à peu près 17 heures. Ils quitteront le service vers 20 h 30.
Toujours inconscient, le vieil homme est agité. La famille l’entoure et essaie de trouver des paroles apaisantes. Ils perdent la notion du temps, «
les heures qui ont suivi auraient tout aussi bien pu ne durer que quelques secondes », explique Jean-Pierre Postel. «
Nous avons eu la perception d’une espèce de brume localisée qui sortait de son corps, sur la partie supérieure du thorax. Cette brume était fugace, comme sur un étang au petit matin. » Les trois ont cette vision, qui paraît réelle. «
Ce qui suit est en revanche une vision mentale. Nous voyons se matérialiser dans notre pensée une sorte de tunnel. Au fond, il y a une lumière intense que j’ai perçue d’un bleu azur proche du blanc. Puis apparaît une petite silhouette humaine, semblable à une ombre, que nous interprétons comme celle de mon père, qui s’approche lentement de la lumière, en hésitant. » À ce moment-là, Jean-Pierre Postel se souvient avoir encouragé son père à avancer. «
Nous avons tous les trois eu l’impression que cette silhouette s’évaporait dans la lumière, et le même message nous est parvenu : “Surtout, ne faites pas comme j’ai fait toute ma vie ; quand vous aimez les gens, dites-leur que vous les aimez.” À ce moment-là, le père de Jean-Pierre Postel est vivant. Sa tension artérielle est stable, mais Jean-Pierre, qui a l’impression que son père a vécu les événements avec eux, pense qu’il ne le reverra pas. Effectivement, il décédera le lendemain matin.
En sortant du service, les trois Postel éprouvent un calme intense, «
un état de bien-être et de détachement ». Ils échangent quelques mots. Tous ont vécu «
quelque chose de bizarre ». D’un commun accord, ils décident de ne pas en parler tout de suite. «
On sentait qu’on avait vécu quelque chose de suffisamment inhabituel pour prendre un peu de recul avant de confronter nos expériences. » Ils se donnent quelques semaines au cours desquelles chacun rédige dans son coin le récit de ce qu’il a vécu. Lorsqu’ils confrontent ces récits, ils se rendent compte que «
l’expérience était la même dans les grandes lignes, à quelques détails près ».
«
Aucun de nous ne s’était jamais intéressé aux expériences de mort imminente ni n’avait jamais rien lu là-dessus », note Jean-Pierre Postel. Cet épisode marqua un tournant dans leurs carrières professionnelles. Madame Postel travaille aujourd’hui beaucoup sur le deuil périnatal ; leur fils, qui terminait à l’époque des études d’infirmier, est employé dans un service de soins palliatifs en cancérologie. Quant à Jean-Pierre Postel, il a initié à l’hôpital de Sarlat une étude unique en son genre en France visant à établir la réalité des expériences de décorporation, composante des expériences de mort imminente. Il a également ouvert une consultation où il reçoit ceux qui pensent avoir vécu une EMI et a fondé avec Sonia Barkallah le Centre national d’étude, de recherche et d’information sur la conscience (CNERIC), qui coordonne des travaux sur la conscience.
Père Patrice Gourrier, prêtre et psychologue
« Il est banal de constater que certains événements de l’existence transforment votre vie à jamais. Ainsi en a-t-il été pour moi le 2 mai 2000. Ce matin-là après une nuit de souffrance au CHU de Poitiers, un médecin m’annonça sans grand ménagement que
“l’issue de la journée [allait] être fatale” et qu’il me fallait prévenir ma famille. Suite à une intervention chirurgicale bénigne, une septicémie était en train de m’empoisonner. Sa déclaration faite, il me laissa seul avec le vieux monsieur avec qui je partageais ma chambre. Sous le coup de l’émotion, celui-ci fondit en larmes, me déclarant qu’il eut été normal qu’il mourût et non pas moi. Je venais d’avoir 40 ans et deux mois plus tard je devais être ordonné prêtre.
J’étais sous le choc, surpris non pas tant par l’annonce elle-même, car je sentais que la vie en moi s’éteignait peu à peu, mais surtout par le fait que deux jours plus tôt j’étais en pleine forme. Un ami arriva et l’informant de la nouvelle, je lui demandai de m’aider à appeler ma famille ainsi que deux très bons amis afin de pouvoir leur dire au revoir tant que j’en avais la force. Ensuite, à ma requête, deux infirmières vinrent faire ma toilette, car je voulais être un “mort présentable”. Puis, fermant les yeux je me laissai partir...
C’est alors que tout commença, et les images demeurent gravées à jamais dans mon esprit.
Rêve ou réalité, je me vis couché dans une barque aux rebords bas. Une ombre noire jeta l’amarre et s’éloigna lentement. Je sentis à ce moment-là que je mourais... La barque s’éloigna de la rive et dériva sur l’eau dans une grande douceur. Tout était calme, une brume légère comme éclairée de l’intérieur flottait à la surface de l’eau. Plus de douleur, plus de peur, mais la certitude d’être bien, serein, paisible. Plus la barque avançait, plus la lumière était blanche, baignant mon corps de sa clarté et de son calme.
Soudain, un visage se pencha sur moi, et j’entendis une voix me dire :
“Vous n’êtes pas mort.” C’était l’infirmière de la salle de réanimation qui savait que la veille, on m’avait annoncé que j’allais mourir. Une opération de la dernière chance avait été tentée, se soldant par un succès : j’étais vivant ! Même si aujourd’hui encore je garde de graves séquelles.
Depuis cette “répétition générale” de mon passage de la vie à la mort et de la mort à la vie, je n’ai plus peur de mourir. Je sais qu’après la lumière m’attend, lumière toujours présente dans mes yeux tout comme un sentiment de paix. Je sais aussi désormais, et de manière vive que chaque minute est un cadeau, et que le temps est le bien le plus précieux qui nous soit donné. Cette expérience me permet aussi, au cœur de ma vocation de prêtre, d’accompagner ceux et celles qui se préparent à mourir... »
Je sais aussi désormais, et de manière vive que chaque minute est un cadeau, et que le temps est le bien le plus précieux qui nous soit donné.
Florence Hubert, médium
Ce sont des êtres proches que Florence Hubert, médium sans religion particulière, a eu l’occasion de côtoyer au moment de la mort. Elle s’est rendue au chevet de son grand-père après son décès. «
Je l’ai aperçu debout à côté de son lit, complètement stupéfait de me voir et de voir que je le voyais. » Attachée à cette vision, une tranquillité profonde. Elle a également « vu partir » plusieurs animaux qu’elle aimait. À chaque fois, dit-elle, «
j’ai eu l’impression physique d’un voile très léger qui passait sur moi lorsqu’ils mourraient, sans doute l’énergie qui nous habite. Juste après, c’était fini. »
Florence dit être coutumière de ces ressentis depuis son jeune âge. Mais leur force a été décuplée par une expérience de mort imminente en août 2001, alors qu’elle faisait de la plongée sous-marine. «
Au fond, à 40 mètres, je n’ai plus eu d’air. Je me suis dit : “Tu es morte”. » Florence explique qu’elle est sortie de son corps «
comme on décolle un timbre d’une planche ». C’est alors qu’elle a vu arriver sur sa droite une brume super lumineuse. «
Je sais que j’étais à côté de mon corps puisque je pouvais me voir, à genoux par terre au fond de l’eau. Je me suis engouffrée dans cette brume dans laquelle je me sentais en parfaite sécurité. » Une sensation de bien-être intense la saisit. Pendant ce temps, ses amis remontent son corps. Elle le « réintègre » alors qu’il se trouve encore à 15 mètres sous la mer. Sentant soudain le contact avec l’eau, elle remonte trop vite vers la surface, ce qui endommage ses tympans. «
Tu n’es plus la même », lui dira un ami un peu plus tard. L’épisode provoque «
une grosse remise en question ». Elle en ressort sans peur de la mort, mais il lui faudra plus de trois ans pour intégrer ces événements et accepter ses nouvelles perceptions.
La sensation d’amour et de sérénité reste un souvenir fort de son expérience. Florence Hubert a souvent été frappée de la paix qui émane du visage détendu de nombreux mourants. Toutefois, dans le cas d’une mort violente – un assassinat, un accident, un suicide – «
l’énergie qui se décolle de la personne est moins sereine, moins paisible ». C’est ce qu’elle affirme ressentir au contact des énergies des disparus.
* « Mister Phantom », titre extrait de son dernier album
Walking.