Le Bardo Thödol est un texte issu du bouddhisme tibétain dans lequel sont décrits les différents mondes que traversent les morts. Le Livre des morts tibétains serait-il un guide l’après-vie ? Pour Fabrice Midal, il représente bien plus que cela...
Savoirs ancestraux
Le livre des morts tibétain (Bardo Thödol) est l’un des textes les plus profonds et secrets de la tradition du bouddhisme tantrique tel qu’il s’est développé au Tibet. De quoi parle ce livre ? Des moments les plus intenses de notre expérience, où savoir si ce que nous vivons est la réalité ou bien le résultat de nos projections devient indécidable. Est-ce lui, qui est énervant et me fait bouillir de rage, où est-ce seulement moi qui suit énervé ? Dans un jeu qui n’est pas sans folie, réalité et projection se renforcent mutuellement et opacifient tout. Nous sommes très souvent le jouet de nos émotions, de nos peurs, de nos désirs. Nous nous trompons beaucoup sur ce qu’est le réel. Nous nous faisons des films...
C’est un choc profond. Notre esprit est infiniment plus étonnant que nous ne le pensons. Il semble créer le monde, et même les mondes, où nous vivons.
Bien plus que de parler de la vie après la mort, le Livre des morts tibétain parle de la manière dont nous passons ici et maintenant, tous, au travers de divers mondes – qui se répartissent traditionnellement en six : les enfers, les esprits faméliques, les animaux, les hommes, les déités jalouses et courroucées, les dieux bienheureux. Mais au fond, ces six mondes sont à l’image de notre expérience la plus intime, notement lorsque nous sommes pris par des moments d’incertitude où l’espace se déchire, s’ouvre et parfois nous effraie. Et nous errons d’un monde à l’autre.
Cet enseignement n’est pas ésotérique au sens habituel du terme. Il est à la portée de chacun de nous. Il nous concerne au plus vif de notre expérience, par delà nos rêves et nos peurs, par delà la logique trop étroite du moi-moi-même-et-encore moi qui cherche partout le plaisir sans la moindre intelligence. Or cette quête d’une sécurité bien confortable, organisé selon un point de vue centralisé, dominant, sûr de lui, nous emprisonne dans la folie des six mondes. Ces enseignements qui ne sont pas secrets comme on pourrait l’entendre trop rapidement, nous désarçonnent, nous mettent à nu, nous irritent, parce qu’ils cherchent la faille où le jour peut se montrer.
Le bouddhisme tibétain m’a toujours bouleversé et je m’y suis engagé il y a, maintenant plus de vingt ans. Nombre de mes amis me racontent les voyages formidables qu’ils ont fait, les pays qu’ils ont visités. Pour moi, qui suis souvent parti en retraite solitaire et dirige des retraites de méditation, la plus grande aventure possible est celle qui consiste à se confronter à son esprit, à voir en face ce que nous sommes, à comprendre ce qui fait le jeu de la réalité, à court-circuiter nos propres conformismes pour entrer dans l’immensité de l’amour. Mais je n’aurais rien compris du bouddhisme tibétain sans Chögyam Trungpa qui fut le grand pionnier, le premier à croire possible de passer le flambeau de la tradition bouddhique en Occident, et ce à la fin des années soixante. Je suis tombé amoureux fou de Chögyam Trungpa, de sa manière de rappeler que la Voie du Bouddha est d’abord une provocation, un retournement complet et en aucun cas un conformisme de plus.
Enfin, une parole me parlait parce qu’elle osait tout reprendre à partir de l’expérience la plus directe et la plus nue.
Docteur en philosophie, artiste, et enseignant la méditation depuis plus de quinze ans, Fabrice Midal est l'auteur d'une vingtaine d'ouvrages dont Risquer la liberté (Seuil), Et si de l'amour, on ne savait rien (Albin Michel), Auschwitz ou l'impossible regard (Seuil), Pourquoi la poésie ? (Pocket), Frappe le ciel, écoute le bruit (Les Arènes), Foutez-vous la paix ! Et commencez à vivre (Flammarion).
Il enseigne également de manière bénévole la méditation au sein de L'Ecole Occidentale de Médit ...
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