D’après les études, plus de deux millions de français auraient vécu une expérience de mort imminente. Si une poignée d’entre eux n’hésitent pas à relater leur histoire publiquement, combien sont ceux qui, de peur d’être jugés ou considérés comme « fous », se taisent et gardent ce voyage si particulier pour eux ?
Au-delà
Même si aujourd’hui les expériences de mort imminente (EMI) sont de plus en plus médiatisées, en parler autour de soi demande une sacrée dose de courage tant les préjugés sur le sujet ont la vie dure. Oser partager son expérience est une opération délicate conduisant intuitivement de nombreuses personnes au silence.
Un sujet dérangeant…
Alors que dans d’autres cultures, parler de spiritualité, de la mort ou encore de la réincarnation, n’a rien d’anormal, en Occident c’est en revanche très différent. D’après le Dr Pim van Lommel, cardiologue hollandais considéré comme l’un des meilleurs spécialistes des expériences de mort imminente au monde, il y a « une réticence de la culture et de la science occidentale à admettre ce genre d’expérience spirituelle ». Dans ses interviews, il raconte souvent l’histoire suivante illustrant parfaitement ce scepticisme : « A la fin d’une conférence sur les EMI, un homme se lève et dit : "Je suis cardiologue depuis plus de 25 ans et je n’ai jamais entendu autant d’absurdités. Je n’en crois pas un mot. C’est complètement fou !" Un autre homme se lève et prend la parole à son tour : "Je suis un de vos patients, j’ai vécu une expérience de mort imminente et vous êtes la dernière personne à qui j’en parlerais." ».
Ainsi, partager cette expérience autour de soi, que ce soit dans le milieu médical ou dans son entourage, s’apparente à une véritable épreuve. Ce que démontre l’étude de Sutherland : lorsqu’une personne tente de parler de son EMI à ses proches, 50% de la famille et 25% des amis refusent le dialogue ; 30% du personnel infirmier, 85% des médecins et 50% des psychiatres réagissent négativement.
Cette étude évoque probablement des souvenirs à Nicole Canivenq. Juste après son accident, elle confie son EMI à sa mère venue la voir à l’hôpital. Elle s’aperçoit que celle-ci ne lui en reparle pas, et se sent incomprise. « Je ne me voyais pas aller voir un prêtre ni un psy parce que, pour moi, ce que j’avais vécu était vraiment réel, sauf que cela dépassait mon cadre de compréhension. » Pour trouver quelqu’un à qui en parler, Nicole Canivenq met le cap sur le Canada afin de rencontrer le Dr Mario Beauregard, neurologue de renommée internationale pour ses travaux sur l’esprit et la conscience.
Ayant beaucoup souffert de l’isolement provoqué par le manque d’écoute sans jugement et avec bienveillance de son EMI, sujet encore très tabou en France, Nicole Canivenq a senti le besoin de créer une association « NDE et Intégration » dont l’objectif est justement de permettre aux personnes ayant vécu cette expérience de raconter leur histoire et de poser des questions dans des groupes de parole. Ces derniers sont également ouverts à des personnes ayant perdu un être cher ou se posant « des questions métaphysiques ou spirituelles. Il y a aussi des personnes qui mettent cette expérience dans un coin de leur esprit car cela est trop confrontant. Elle nous amène à nous poser des dizaines de questions avec très peu de réponses. » confie Nicole Canivenq.
Le poids du silence
Ce manque d’écoute et de compréhension pousse de nombreuses personnes à ne pas en parler du tout. Une étude réalisée aux Pays-Bas en 2004 par Igor Corbeau menée sur 84 personnes ayant vécu une EMI montre que la moitié de ces personnes étaient toujours incapables de parler de leur expérience 24 ans après les faits…
C’est le cas de Jean Morzelle. Il a gardé le silence pendant plus de quarante ans. En 1949, à l’âge de vingt ans, il est à l’armée et reçoit accidentellement une balle dans la poitrine lors d’un exercice. Il perd beaucoup de sang et est transféré à l’hôpital de Toulouse plusieurs heures après l’incident, dans un état critique. Il tombe alors dans un trou noir, et se retrouve ensuite dans la salle d’opération au-dessus de son propre corps. Il se promène, voit et entend tout ce qu’il se passe. Il vit ensuite un véritable « moment de symbiose » avec la Lumière avant de réintégrer son enveloppe physique. Lors d’une conférence organisée par l’INREES, il rappelle qu’à l’époque, le sujet n’était pas médiatisé. Il a souhaité en parler à sa mère parce que « c’est étouffant de garder pour soi un événement aussi fort, aussi exceptionnel ». Mais en voyant sa réaction, il a compris que ce n’était pas la peine d’insister, et a décidé de ne plus en parler… Jusqu’à sa rencontre, quarante ans plus tard, avec le Dr Raymond Moody, l’un des premiers à avoir recueilli des témoignages d’EMI. Ce précurseur dans le domaine a écrit plusieurs livres sur le sujet dont La vie après la Vie en 1975, devenu une référence sur l’après-vie. C’est précisément après avoir lu cet ouvrage que Jean Morzelle découvre que son cas n’est pas isolé : « On est seul avec quelque chose de fabuleux que l’on souhaite partager, mais les mots nous manquent. Savoir que d’autres personnes ont vécu cela est merveilleux. »
Le Dr Pim van Lommel regrette qu’il en soit ainsi. Dans son livre Mort ou Pas, il explique que « Les personnes qui ont connu une EMI ressentent presque toutes le besoin urgent d’en parler. Il s’agit d’un besoin d’affirmation mais aussi et surtout du désir d’être soutenues.(…) Lors de la première tentative, la réaction de l’autre est absolument cruciale. Si elle est négative ou sceptique, les sujets peuvent alors se murer dans un silence de plusieurs années. Ils se sentent différents alors que leurs proches sont restés les mêmes. Ils ne peuvent entamer le processus d’acceptation et d’intégration tant qu’ils ne se sentent pas capables de communiquer leurs pensées et sentiments. » explique-t-il dans son livre Mort ou Pas.
« Toutes ces expériences demandent à être considérées avec sérieux et objectivité. Elles nous renseignent sur le moment de la mort, que nous vivrons tous. » insiste Jean-Jacques Charbonier. Médecin anesthésiste, il a recueilli de nombreux témoignages sur le sujet et écrit plusieurs ouvrages afin de « changer notre regard sur la vie après la mort ». « Pour les patients en fin de vie et leurs proches, et tous ceux qui sont confrontés à la réalité de la mort, les constats que j’ai faits au cours de ma carrière sont souvent source de réconfort. Dès lors, ne faut-il pas généraliser par exemple l’écoute et le partage des expériences de mort imminente dans les unités de soins palliatifs ? N’est-il pas possible de mieux préparer les jeunes médecins à la rencontre avec la mort, plutôt que de les laisser affronter seul et souvent sans bagage sa réalité brute ? » s’interroge-t-il dans Inexploré n°14.
Au vu des témoignages, de plus en plus nombreux, y compris de médecins, ce souhait pourrait bien devenir une réalité dans les prochaines années.
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