De nos jours, de plus en plus de personnes sont convaincues
que les symptômes physiques sont l’expression d’un mal-être
psychologique. Certains praticiens vont même plus loin en « décodant »
les messages du corps, afin de prendre conscience de leur cause et
d’accompagner la guérison.
Après plusieurs années de souffrances et de dépression,
Claudia Rainville, chercheuse en microbiologie
médicale, a trouvé le chemin de la guérison en
prenant conscience des origines de son mal. Elle
a créé la « métamédecine », cette médecine qui va
« au-delà » des symptômes et qui en décrypte le
langage. Thérapeute et conférencière depuis plus
de trente ans, elle accompagne les personnes dans
le décodage de leurs maux en mots. De même,
Michel Odoul, praticien de shiatsu et psychoénergéticien,
s’est rendu célèbre avec son approche
de la « mal à dit », ce qu’il nomme
« les messages du
corps sont des cris de l’âme ». Enfin, le docteur Olivier
Soulier a aussi cherché, dans son ouvrage (1),
à décrypter ce que nos symptômes peuvent signifier dans notre inconscient, notamment grâce à
la symbolique et à notre héritage socioculturel.
Tous trois ont une approche holistique de l’humain,
considérant la maladie comme un message
et les symptômes comme un langage. Pour ces
trois chercheurs, le principe fondateur des maux
qui émergent serait la perte du sens de la vie, en
plus des traumas emmagasinés. Le besoin fondamental
de liberté de soi, dans l’harmonie d’un
chemin de vie cohérent avec ses choix. Joe Dispenza,
neuroscientifique qui enseigne notamment
des voies méditatives pour accompagner le soin et
qui en étudie scientifiquement les bienfaits, rappelle
que
« parfois, on a besoin d’un avertissement
pour se réveiller ». Le corps et ses messages symptomatiques
seraient aussi une chance de corriger
et réparer des situations insatisfaisantes.
Remonter à la source
Pour Claudia Rainville, il est primordial de comprendre
la cause première qui a créé un déséquilibre
dans le corps, l’émotion de base ressentie,
souvent lors d’un trauma ou d’une interprétation
de situation dans l’enfance, afin de libérer la blessure
ancienne, devenue inconsciente.
Travailler
avec des clés pour comprendre le signal qu’est le
symptôme, quel est son message et trouver des
pistes en se posant les bonnes questions est une
véritable opportunité pour les individus.
« C’est
un éveil de conscience : qu’est-ce qui nous conduit à
la maladie ou à telle ou telle souffrance », explique-t-
elle. Il s’agit souvent de réparer une blessure ou
d’identifier un besoin dont on est séparé et de
soulager une accumulation d’émotions refoulées.
« La symbolique du corps peut nous aider à faire
le lien entre “l’accident” et ce que nous ressentions
avant qu’il ne survienne. » Pour Claudia Rainville,
rien n’arrive par hasard et, en reconnectant les
éléments entre eux dans notre propre histoire,
nous pouvons comprendre, grâce à notre corps,
les chemins de décisions que nous avons pris, et
éventuellement les réorienter.
Michel Odoul est spécialiste des sagesses asiatiques
et des techniques de soin comme la médecine traditionnelle
chinoise, le tao ou encore la pratique
du shiatsu. Ces voies utilisent, entre autres, les
principes du yin et du yang, la latéralisation et
les méridiens d’acupuncture comme lecture du
corps.
Pour lui, les manifestations physiques sont
reliées entre elles par la codification des énergies
et chaque partie du corps, chaque organe a une
fonction, un rôle dont le décodage symbolique
est possible, ce qui permet de comprendre leur
dérèglement. Rappelant le principe de base que
« les liens qui peuvent être établis entre le corps et l’esprit
ne sont ni magiques ni ésotériques, mais la pure
traduction biologique de nos états psychologiques »,
il propose de lire les symptômes notamment dans
l’environnement énergétique de chacun. Le but
étant de faire coller une trame comportementale
à son histoire personnelle.
Le docteur Soulier, également homéopathe et
acupuncteur, rappelle que les symboles (terme
qui vient de symbolon en grec, objet divisé en deux) auraient
« une portée
universelle, comme les mythes et leur traduction,
même ramenée à l’histoire de chacun, pourrait
avoir une résonance commune aux humains ».
Ainsi, les « phrases » du corps parleraient un
langage commun permettant de symboliser nos
histoires et par là même de les comprendre.
Trouver sa voie
et son autonomie
Ce qui ressort de ces trois approches, c’est le besoin
de trouver un sens à sa vie, retrouver une unité
avec soi-même ; le symptôme serait l’expression
d’une dés-union entre le corps et l’esprit, entre le
conscient et l’inconscient. Pour Claudia Rainville,
trouver les causes permet de guider vers la vraie
guérison, qui est l’autoguérison. Nous serions tous
acteurs de notre guérison, comme nous sommes
acteurs de notre maladie. Bouddha disait :
« Chaque humain est l’architecte de sa guérison et de
sa destinée. » Comprendre ou se rapprocher de sa
légende personnelle peut se faire grâce aux signaux
que la maladie envoie ; cela nous permettrait de
nous autonomiser, de prendre en charge notre
santé.
« Les souffrances que nous vivons sont les messages
de notre non-conscient, de notre maître intérieur », rappelle Michel Odoul. Nous pourrions
ainsi suivre une voie de réconciliation personnelle.
Souvent, cela passe par un pardon à soi et aux
autres, une libération de mémoires émotionnelles
et une réouverture de notre coeur. S’écouter vraiment,
accepter son chemin, tout en continuant à
suivre les recommandations des médecins, c’est
avancer dans une nouvelle conscience de ce que
nous sommes.
Quelques symptômes et
pistes de causes
Ce petit lexique présente des exemples
d’interprétation de symptômes, ou comment
le corps peut exprimer un malaise intérieur.
Attention : Ce ne sont que des pistes de réflexion, des
clés pouvant accompagner un chemin de guérison,
mais il faut garder en tête que chaque histoire est singulière,
que les individus réagissent différemment à
des causes communes et que c’est à chacun de faire
ses propres interprétations. On retrouve des jeux de
mots comme en psychanalyse, où le signifiant rejoint
le signifié, des expressions populaires qui sont très
« parlantes ». Claudia Rainville conseille de regarder le
moment précis où le symptôme est apparu : « Qu’est-ce
qu’il se passait dans ma vie à ce moment-là ? »
Les maux de tête
Les phrases populaires comme « se prendre la
tête » ou « s’entêter » peuvent être signifiantes
pour celui qui souffre de maux de tête.
Il s’agirait souvent d’une sensation d’emprisonnement,
d’émotions contrôlées, de tensions dans
l’environnement, avec le souhait de récupérer son
espace (les maux de tête font que l’on s’isole). La
sensation d’insécurité également (épée de Damoclès
au-dessus de la tête), ou encore d’accepter des pensées
ou des sentiments qui nous contraignent. Subir
des tensions affectives, souvent familiales, refus de
pensées liées au social, contrariété, rumination…
Les problèmes de coeur
Le coeur du souci peut se situer dans
la motivation de vie, « ce qui nous tient
à coeur », se réaliser profondément.
De même, la perte d’un être cher ou de ce qui nous
tient à coeur peut générer ces problèmes de santé.
Les chocs émotionnels, les émotions trop intenses
créent un blocage d’énergie ou un trop-plein, qui
se répercute sur le coeur. Enfin, des difficultés à
vivre l’amour, des déceptions ou renoncements, ou
encore la place que l’on donne à la vie en général,
peuvent se relier aux problèmes de coeur.
La peau
C’est l’organe de la relation aux autres, des
échanges, du contact (ou de la perte de contact).
C'est souvent le symptôme de la difficulté à exprimer
ses frustrations et de se sentir incompris. « Être
mal dans sa peau », dit la phrase populaire, lorsque
l’on n’est pas bien en soi-même. Les problèmes de
peau peuvent aussi révéler un sentiment de solitude,
l’envie de se créer une barrière vis-à-vis de
l’extérieur. La peau, c’est aussi un émonctoire, une
capacité à évacuer, à cicatriser, à s’autoréparer…
Le genou
C’est l’articulation qui symbolise l'acte
de s’incliner, « se plier à ». Une demande
de faire preuve d’humilité ou, au contraire,
mal supporter une soumission.
Cela peut aussi exprimer une diffculté à dire non, résister
au lieu de plier, ou encore signifier un besoin
de soutien. C’est l’expression d’une résistance, d’un
manque de souplesse intérieur, ou encore la diffculté
à accepter et lâcher (une émotion, une situation…), à
faire un compromis. C’est aussi le symbole de la relation
à l’autre, le fameux « je-nous », notre relation
au monde. Michel Odoul ajoute que le côté gauche
évoque la relation au masculin et le droit au féminin.
Les allergies
Elles sont révélatrices du fonctionnement de
notre système immunitaire et y sont associées.
Elles peuvent signifier le rejet d’une situation et il
faut observer où elles se manifestent (« les yeux :
qu’est-ce que je vois ?, la peau : qu’est ce qui me démange…
? ») ou le rejet de souvenirs (par exemple,
être allergique à des objets signifiant l’ancien, le
vieux, comme les acariens, la poussière). L’allergie
aux animaux peut évoquer une tristesse qui perdure,
au pollen le besoin d’une renaissance… Concevons-
nous le monde extérieur comme agressif ?
Le système digestif
Plus généralement, il représente la capacité
à transformer le monde extérieur.
Il peut révéler des difficultés à « avaler » à « digérer »
à « assimiler » ce qui se passe dans notre vie. L’expression
« ça reste sur l’estomac » est explicite de quelque
chose qui ne passe pas, dont nous ne nous remettons
pas. L’estomac en particulier parle de déceptions, de
sentiment d’injustice, d’inconfort dans la vie.