C’est un fluide, c’est une force, c’est une énergie ! Que dis-je, c’est une énergie ? C’est un champ ! Les termes changent mais l’énigme reste entière,
bien que la réalité empirique du magnétisme soit avérée.
Le magnétisme à l’épreuve de la science
L’histoire scientifique du magnétisme est faite de controverses et d’allers-retours constants entre des explications naturelles et surnaturelles. On parle de magnétisme à la suite du médecin autrichien Franz Anton Mesmer (1734-1815) dont les thèses prenaient leur source dans l’alchimie de Paracelse : l’aimant attirait le fer, mais aussi les maladies ! Une façon de se défaire de la thaumaturgie des saints et des rois faiseurs de miracles. Mesmer se convainc donc de l’existence d’un mystérieux « fluide » qui emplit l’Univers, baigne les créatures vivantes et les astres, relie tout par des courants qui se propagent à travers l’espace. Une mauvaise circulation ou répartition de ce fluide dans le corps humain est la cause des maladies et des douleurs. Quand, au milieu du XIX
e siècle, le paradigme spirite se réapproprie les phénomènes de magnétisme, de tables tournantes, etc., d’autres s’emploient aussitôt à les « déspiritualiser », tel le comte Agénor Étienne de Gasparin (1810-1871). Lui aussi évoque un « fluide psychique » possédé par chacun, plutôt qu’une substance qui baignerait l’Univers. Avec cette idée d’un
« psychofluide », on s’approche de la notion orientale de
qi (chi), qui reste en vogue aujourd’hui, car il s’agit d’une « force vitale » également liée à l’attention et à l’intention, et donc à la psyché. Le terme d’« énergie » va peu à peu s’imposer sous l’influence de la physique moderne, mais il reste imprécis pour désigner ce qui est à l’œuvre dans le magnétisme, car il signifie « force en action » et renvoie en physique à ce qui « met en mouvement », « produit un travail », « modifie un état », etc. De fait, la polysémie du mot « énergie » lui vaut d’être utilisé dans de nombreux domaines avec des sens différents. En 1919, le philosophe Henri Bergson parle ainsi d’une « énergie spirituelle » qui ne peut se réduire à l’énergie physique ou biologique.
De l’énergie au « biochamp »
L’énergie dont il est question dans des pratiques comme le magnétisme peut donc continuer d’osciller entre des interprétations profanes ou sacrées, vitalistes, spirituelles ou autres. Et le mot reste largement employé, même si, dans un contexte de recherche scientifique, on lui préfère aujourd’hui celui de « champ », sous l’influence américaine. En effet, en 1992 s’est tenu un comité de praticiens en « médecines complémentaires et alternatives » au sein d’une conférence du centre National Institutes of Health (NIH) américain, cet ensemble d’institutions gouvernementales qui supervisent la recherche médicale et biomédicale aux États-Unis. Un « bureau des médecines alternatives » avait été créé en leur sein pour accueillir les pratiques de « médecine manuelle », telles que la chiropraxie, l’ostéopathie et les massages thérapeutiques. Mais on y a également inclus des pratiques « énergétiques » comme le reiki (japonais), le qi gong (chinois) et autres méthodes de « toucher thérapeutique », qui agissent par « imposition des mains », c’est-à-dire sans contact, tout comme notre bon vieux magnétisme. Cette première structure est ensuite devenue le Centre national des médecines complémentaires et alternatives au sein des NIH, et le terme de « biochamp » a été retenu pour regrouper les différents concepts de « force vitale » ou d’énergie qui étaient mis en avant par les disciplines. La définition du biochamp proposée par le comité de 1992 était, « en substance », un champ sans masse, non nécessairement électromagnétique, qui entoure, pénètre et affecte le corps physique. Ce biochamp peut être « détecté » (ressenti) par un praticien qui, en retour, peut agir sur lui. Dans la foulée, le comité a réussi à faire accepter l’introduction du terme « biochamp » dans le vocabulaire médical officiel américain… et donc international.
Couper le feu… à distance
Des recherches scientifiques ont donc pu être conduites dans le cadre de ce nouveau paradigme – en réalité très ancien puisqu’Hippocrate parlait déjà d’une « force » émanant des mains –, mais ce n’est pas tout ! À côté des pratiques de contact et de quasi-contact (imposition des mains), le Centre des médecines complémentaires et alternatives a également inclus des pratiques de guérison à distance, comme la prière d’intercession. L’action des « coupeurs de feu », quand ils agissent à distance, entre également dans cette catégorie. Ceux qui interviennent par téléphone n’ont besoin que d’un prénom et de la localisation
de la brûlure. Le D
r Danielle Tavernier était incrédule jusqu’à ce qu’elle observe l’effet particulièrement spectaculaire sur les enfants qui arrivaient au service des urgences de l’hôpital de Thonon-les-Bains qu’elle dirigeait : «
Sans les prévenir qu’on appelle un barreur de feu [ni les parents, NDLR]
, ils s’arrêtent de pleurer presque instantanément. Un antalgique met quinze à vingt minutes pour agir et une seconde dose est parfois nécessaire. Avec le barreur de feu, ça prend trente secondes ! De plus, une brûlure traitée par un barreur de feu évolue nettement mieux. […]
Il faut le voir pour le croire. »
(1)
Au nom du pragmatisme, de nombreux hôpitaux collaborent aujourd’hui avec des coupeurs de feu, tant dans les services de prise en charge des brûlures que dans les services de radiothérapie pour le traitement des cancers. Des soignants, médecins, infirmières et même chefs de service en parlent ouvertement dans les médias. Nicolas Perret a consacré sa thèse de médecine à la « place des coupeurs de feu dans la prise en charge ambulatoire et hospitalière des brûlures en Haute-Savoie en 2007 ». La réalité empirique du phénomène est avérée, au point que 63 % des soignants en milieu hospitalier estimaient déjà que l’efficacité des coupeurs de feu est « forte », 7,5 % qu’elle est « totale » et 21 % qu’elle est « moyenne ». En conséquence, ils étaient 61 % à juger la collaboration avec des coupeurs de feu « souhaitable » et 20 % « indispensable ». Quant aux patients ainsi traités, 76 % attribuaient une note supérieure ou égale à 7 sur 10 à l’intervention des coupeurs de feu.
Les recherches américaines ont permis de valider l’efficacité des pratiques regroupées sous
la bannière du biochamp dans différents domaines.
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