Voici trois lieux de Paris présentés dans cet article : Notre-Dame et ses portails alchimiques, le cimetière du Père-Lachaise et les catacombes.
Notre-Dame : trois portails alchimiques
L’ultime secret des alchimistes serait-il inscrit sur Notre-Dame de Paris ? Derrière des scènes en apparence religieuses, les médaillons du porche central décriraient en réalité toutes les étapes de l’Œuvre…
La construction de la monumentale cathédrale Notre-Dame s’étend sur plus de deux siècles, de 1163 jusqu’au milieu du XIV
e siècle. Bien des interprétations alchimiques des symboles qu’on peut y voir ont été proposées, mais il faut attendre le début du XX
e siècle pour que le l’énigmatique Fulcanelli dévoile ses secrets dans
Le mystère des cathédrales. Il y démontre qu’une trentaine de médaillons, disposés de chaque côté du portail central de Notre-Dame de Paris, racontent de façon précise comment obtenir la pierre philosophale.
Au milieu du XIX
e siècle, après les ravages de la Révolution, la cathédrale bénéficiera d’une restauration importante, sous la direction de l’architecte Viollet-le-Duc. Ce dernier y incorpore des éléments et des ornements inédits qu’il est intéressant d’observer de plus près… Comme pour souligner qu’il avait saisi le sens caché du monument, Viollet-le-Duc a placé un alchimiste avec son bonnet phrygien d’initié parmi les chimères et les gargouilles. Les vitraux de la rosace occidentale surplombant le porche sont eux aussi rénovés par l’architecte et reprennent, dans des couleurs spécifiques à l’alchimie, les motifs du portail. Ce détail confirme les connaissances hermétiques de l’homme.
Il faut savoir que le Grand Œuvre qui permet de réaliser la pierre philosophale comporte trois phases, que l’on retrouve sur la cathédrale. Dans l’Œuvre au noir, placé sous le signe de Saturne, il y a mort, dissolution du mercure et coagulation du soufre. Dans l’Œuvre au blanc, marqué du signe de la Lune, il y a purification. Enfin, dans l’Œuvre au rouge, associé au signe du Soleil, il y a union du mercure et du soufre. L’alchimiste obtiendrait ainsi l’or alchimique… D’après Patrick Burensteinas, la partie gauche du porche de Notre-Dame est un résumé de la démarche et des principes de l’Œuvre : la décomposition et l’ouverture de la matière, la quête de la « lumière », la traversée des apparences… La partie
droite permet de passer au concret et s’avère être un véritable mode d’emploi pour qui saura le déchiffrer. On y voit les figures récurrentes qui jalonnent le chemin de la pierre philosophale : le
« lion vert » permettant de décomposer la matière, les principes du soufre, du mercure, du sel, ainsi que le dragon, animal emblématique du bestiaire des alchimistes… Enfin, on y trouve des indications précises, notamment de temporalité, à travers des animaux tels le taureau, associé au mois de mai, ou le bélier, relié au mois d’avril.
Au bout des médaillons, une femme tient la pierre philosophale dans la main droite, ce qui serait une allégorie de la
persévérance, récompense de la fin du voyage. De l’autre main, elle tient l’athanor – le four de l’alchimiste : l’unité est atteinte au cœur du four. Notre-Dame de Paris, comme bien d’autres monuments emblématiques en France, a donc beaucoup à révéler à qui détient quelques clés.
Père-Lachaise
Le Père-Lachaise, simple cimetière ou colline initiatique ?
Le Père-Lachaise compte plus de trois millions de visiteurs par an. Si beaucoup se déplacent pour ses illustres sépultures, il est moins connu que la colline où il se trouve était un haut lieu énergétique, considéré autrefois comme sacré. Au temps des premières civilisations, les hommes, pour rendre hommage aux dieux, y ont érigé des pierres levées, traits d’union entre ciel et terre. «
Cette colline fonctionne comme une fontaine d’énergie : quelque chose qui vient de l’intérieur et qui rayonne et ruisselle sur les bords. Les premiers hommes l’ont senti », indique l’alchimiste Patrick Burensteinas. En 1804, pour pallier les problèmes de salubrité, Napoléon procède à un grand « nettoyage » et déplace les cimetières à l’extérieur de la ville : c’est ainsi que la colline sacrée devient cimetière. Mais la tradition va perdurer. Le lieu sera, au fil des siècles, balisé de symboles, comme autant d’indices de sa nature originelle. Sur l’une des portes d’entrée, on découvre un sablier avec des ailes : la fuite du temps. Au début du parcours, un masque d’Égyptien « muet » porte un doigt sur ses lèvres. Sur la tombe d’un certain Parmentier est sculpté un distillateur : le « four » des alchimistes… Le chemin se termine avec une femme muette,
une vierge : «
C’est comme si on nous avait dit au début : “Pour faire le chemin, tais-toi”, puis “Maintenant que tu as fait le chemin, sois silencieux”. »
Les catacombes
Plus de peur que de mal dans les légendaires souterrains parisiens…
À la fin du XVIII
e siècle, une partie des 800 hectares de carrières souterraines parisiennes est transformée en ossuaire municipal. Les restes de plusieurs millions d’individus y sont déposés après leur évacuation des cimetières parisiens, pour des raisons de salubrité. C’est alors que le nom de « catacombes » est adopté, par analogie avec les nécropoles souterraines de la Rome antique. Dès 1810, une partie des ossements sera aménagée en des murs composés de tibias et de crânes… À glacer le sang ! Aujourd’hui, le réseau est tissé de légendes urbaines : il serait question de réunions maçonniques, de messes noires, d’agents secrets venant enterrer des cadavres… Qu’en est-il réellement ? On doit cette réputation à l’époque où le dédale était utilisé par des bandits en tout genre pour échapper aux autorités. Afin de pouvoir se livrer à leurs affaires en toute tranquillité, ils distillaient des histoires d’enlèvements, accréditant la présence du diable ou de monstres… De nombreux écrivains s’inspireront aussi de l’aura des lieux : Gaston Leroux, Victor Hugo ou Anne Rice, pour leurs héros humains ou surnaturels. De quoi nourrir une sulfureuse réputation.