Il y a cinquante ans exactement, le docteur Lefebure mettait au point une technique de luminothérapie et de développement personnel originale : le phosphénisme. Un temps portée aux nues, celle-ci est depuis retombée dans l’oubli. Sauf pour ses pratiquants, qui ne tarissent pas d’éloges à son égard.
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Etonnante histoire que celle du docteur Lefebure et de son phosphénisme. En 1959, ce médecin français a en effet l’idée d’étudier ce qui se produit lorsque l’on se met à penser à un sujet précis en présence d’un phosphène. Un phosphène étant la tache résiduelle colorée obtenue en fermant les yeux après avoir fixé une quelconque source lumineuse ; sauf le soleil en plein jour, naturellement. Le docteur Lefebure découvre alors que lorsque l’on mêle une pensée à cette persistance rétinienne, un échange d’énergie s’effectue, lequel augmente la netteté de la pensée, renforce l’attention et favorise les associations d’idées. Ce qui lui fait bientôt dire qu’il a trouvé le moyen de « transformer l’énergie lumineuse en énergie mentale ».
Le « mixage phosphénique » de la lumière avec une pensée, qu’il vient d’inventer, devient donc la base du phosphénisme. Une méthode que le docteur Lefebure fait connaître avec d’autant plus de succès qu’elle est d’une simplicité et d’une économie d’utilisation étonnante : une simple ampoule et un métronome suffisent. Pourquoi un métronome ? Tout simplement parce que le cerveau fonctionnant en termes de fréquences, la rythmique acquiert un caractère essentiel dans les exercices de phosphénisme.
Une relative notoriété
Ayant reçu en 1963 la médaille d’or du célèbre concours Lépine (le concours d’invention alors le plus coté), ainsi que celles d’autres salons, le docteur Lefebure se met à donner des conférences partout dans le monde. Il défriche, seul, l’étonnant monde des phosphènes et développe un ensemble de techniques permettant d’obtenir une réelle stimulation des facultés mentales. Bientôt, les applications pédagogiques immédiates du phosphénisme intéressent des milliers de personnes : enseignants, pédagogues, étudiants, parents... qui l’utilisent pour les études et l’apprentissage. Développement de la mémoire et de l’intelligence, de la cognition, du sens de l’initiative, de l’aplomb, l’intuition, la créativité... Les applications, notamment pédagogiques, sont multiples et évidentes ; étudiants et comédiens par exemple retiennent bien plus facilement leçons et textes et, durant quelques années, le phosphénisme a le vent en poupe. Pourtant, lorsque le docteur Lefebure disparaît, en 1988, laissant derrière lui une trentaine d’ouvrages dont vingt consacrés au phosphénisme, sa méthode « d’épanouissement cérébral » retombe dans l’oubli. Pour ne connaître un certain regain de notoriété que très récemment, grâce à Internet. Un « oubli » d’autant plus étonnant que, de l’avis même de ceux qui la pratiquent, cette forme de luminothérapie s’avère efficace non seulement dans le cadre des études, mais également dans toutes les activités de la vie, l’action stimulante des phosphènes persistant entre les séances et contribuant à l’épanouissement de la personnalité.
Et c’est sans doute là que, d’un point de vue sociétal comme scientifique, le bât blesse, expliquant le désintérêt dont les travaux du médecin français vont être l’objet. Car le phosphénisme n’est pas « uniquement » une méthode d’apprentissage et monsieur Lefebure pas « seulement » un médecin. C’est un chercheur de vérité et de sagesse qui se passionne pour « toutes » les sources de savoir et n’écarte aucun apport intellectuel valable, surtout pas celui issus de ce qu’il est alors convenu d’appeler « l’ésotérisme ». Lui-même, plus jeune, a été initié par un mage zoroastrien, une religion préchristique reposant sur le culte de la lumière. Il n’aura de cesse de revisiter la quasi-totalité des pratiques de développement spirituel communes à de nombreuses religions : fixation de la lumière, positions de yoga, balancements, respirations... à la lumière des acquis de la science de son époque.
Magie de la lumière...
Ainsi, si la recherche a récemment démontré les effets structurants essentiels de la lumière sur notre psyché, notamment contre les états dépressifs, c’est le docteur Lefebure qui, le premier, établit par ses expériences novatrices que l’énergie lumineuse, en frappant l’œil, provoque des réactions chimiques et électriques produisant des synchronisations nouvelles entre les cellules cérébrales, accélérant et amplifiant ainsi les processus physiologiques liés à l’intellect. Et cela est parfaitement admis par ses pairs. Mais quand il explique que la fixation d’une source lumineuse, telle que proposée par son phosphénisme, est à la base de la plupart des grandes traditions – taoïsme, mystères d’Éleusis, toutes les pratiques antiques, des Égyptiens aux Celtes – les dents grincent, surtout dans la patrie de Descartes, où il n’est jamais bien vu de mélanger science et spiritualité !
Alors, quand le docteur Lefebure rappelle que c’est ainsi, en fixant le reflet de la lune sur un plateau d’argent, que Nostradamus trouva l’inspiration de ses prophéties (de même pour les voyantes avec le reflet d’une bougie sur le cristal), il se coupe du reste de la communauté scientifique... Celle-ci ne revient pas davantage vers lui lorsqu’il explique que le cerveau fonctionnant de manière rythmique, les balancements que l’on retrouve également dans la plupart des religions (judaïsme, bouddhisme tibétain, christianisme copte, islam, spiritualité aborigène, etc.) « favorisent les pouvoirs de l’esprit en stimulant le cerveau » ... Lefebure sort donc des manuels et de la littérature officielle. Mais, porté et préservé par Daniel Stiennon, l’homme qui fut son assistant durant les huit dernières années de sa vie, le phosphénisme, lui, va poursuivre son petit bout de chemin et devenir un outil de développement personnel discret, mis à disposition de ceux qui auront la « chance » d’en entendre parler. Une discrétion voulue, d’ailleurs. D’une part parce que, dans un pays où le yoga fut, un temps, classé « pratique sectaire », il convient d’être prudent : aucune plainte ni effet néfaste ne sera jamais reproché au phosphénisme. D’autre part, parce que c’est encore par le bouche à oreille que les phosphènes se font le mieux connaître. « Seuls les résultats comptent », peut-on lire sur le site présentant le phosphénisme comme étant une « voie initiatique royale ». Rien que ça...
Appel à témoins
De fait, sur les réseaux sociaux comme sur les forums de pratiquants, les témoignages abondent et font rêver : rêves lucides, sorties hors du corps, voyages cosmiques, médiumnité... Une profusion de signaux positifs qui donne envie d’aller y voir de plus près, sachant que c’est en moyenne après deux mois de pratique que les premiers résultats apparaissent : intensification et mémorisation de la vie onirique, premiers rêves lucides, changements bénéfiques dans la personnalité. L’exercice de base consistant à fixer une ampoule « lumière du jour » durant trente secondes à deux mètres de distance, avant de fermer les yeux ; pour voir alors apparaître le fameux phosphène, tâche vivement colorée et changeante, et se concentrer mentalement sur des figures géométriques durant les trois minutes de durée de vie de ce phosphène. Ce, tout en balançant latéralement la tête sur un rythme précis (d’où le métronome) pour faire circuler le liquide céphalorachidien. Expérience à pratiquer quarante-cinq minutes chaque jour environ. Côté résultats obtenus, tout dépend naturellement, ensuite, des individus. Ainsi, Vianney, rencontré à un stage organisé par l’école du phosphénisme, fit son premier rêve conscient au bout de trois semaines seulement, puis de nombreux rêves de vols et des « montées intérieures de lumière ».
« Harmonisation intérieure, multiplication des synchronicités, j’ai vraiment l’impression de porter chance aux autres, comme si mon énergie surabondante les dynamisait. Une énergie qui m’a conduit à imaginer et développer un projet ambitieux de recherche sur le nomadisme réclamant de traverser la France à pied. Ce que j’ai fait ! » Françoise, de son côté, à raison de quarante-cinq minutes de pratique quotidienne, s’est mise, au bout d’un mois, à rêver en couleur. Étonnamment, pour elle, le plus difficile « consista certainement à trouver un endroit tranquille pour me balancer sans que toute la famille me regarde en chiens de faïence ! ». Mais Françoise a tenu bon et, en trois ans, a vu sa vie « révolutionnée ! Meilleure capacité d’apprentissage et de mémoire, meilleure vue (j’ai abandonné mes lunettes !), je suis surtout hyper centrée, détachée des émotions et pleine d’énergie. J’ai le sentiment de devenir jour après jour la meilleure version de moi-même. En contact avec mon être profond qui, lorsque la vie est moins facile, me porte et me soutient, mais c’est rare, car tout ou presque me réussit ».
Idem pour Fernanda qui, de son côté, artiste anxieuse rassurée par un médecin lui-même adepte du phosphénisme, s’y est mise et « ne peut plus se passer de cet apport de lumière qui accentue mon intuition et démultiplie ma créativité. Mais les simples effets secondaires quotidiens sont déjà formidables : joie, idées claires, sentiment d’exister pleinement... ».
Du côté des pros
On comprend mieux, dès lors, pourquoi un certain nombre de professionnels se sont emparés de l’outil. Pascaline Jouis, psychopédagogue, utilise depuis douze ans le phosphénisme pour « stimuler les fonctions mentales des enfants qui souffrent de dyslexie, troubles et blocages de l’apprentissage ».
JeanJacques Pech, sophrologue-formateur, fut, lui, il y a trente-cinq ans, « mis en contact avec mon niveau supérieur et éclairé ». Il décida alors d’importer le phosphénisme en entreprise, où « les effets antistress, le regain d’énergie et de confiance en soi apportés par ces techniques très simples font merveille ».
Jérôme Gadeyne, guérisseur et instructeur, s’est mis aux phosphènes pour retrouver (avec succès) les sorties hors du corps qu’il vivait enfant, « émerveillé et apeuré » . Il utilise désormais « ce catalyseur facilitant et boostant tous les processus mentaux pour me mettre en condition avant un soin ». Mais pour lui, l’essentiel du phosphénisme est qu’il « démystifie toute une littérature et des pratiques obscures en les mettant, concrètement, à la portée de tous ».
Ce qu’affirme également Philippe, l’unique « professeur » de phosphénisme actuel (tous les autres sont... à la retraite !) : « Le phosphénisme est l’outil le plus personnel qui soit : il ne vise pas à apporter à chacun ce qu’il veut, mais va l’aider à devenir ce qu’il est. Et, pour ceux qui font preuve de persévérance, il permet de dépasser le stade du développement personnel pour entrer dans la véritable initiation, mot qui ne signifie rien d’autre que : le commencement. »
Dont acte, comme disent les juristes, sachant que la traduction « traditionnelle » du phosphène, cette lumière qui apparaît entre les yeux, n’est autre que « l’œil de Shiva », encore dénommé « troisième œil ».
À
propos
auteur
Jérôme Bourgine
journaliste d’investigation
Jérôme Bourgine, journaliste d’investigation, est l’auteur du livre « Enquête sur les voyages hors du corps ». Dans le cadre de son enquête, il a questionné les traditions spirituelles, analysé les archives des « expérienceurs » et rencontré tous ceux, scientifiques et explorateurs de l’invisible, pour qui la sortie hors du corps est une réalité quotidienne, un vécu authentique. ...
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