Messager divin et devin connecté, jardinier céleste et ange lettré, Gabriel est le plus connu mais aussi le plus mystérieux des archanges. Sonnez trompettes : nous avons rendez-vous avec le seigneur des anges, dont la présence, à la croisée de nos croyances, ensemence les trois religions du Livre !
En hébreu, Gabriel vient de
gabar, « la force » et
El, « Dieu ». Son nom vibre haut, puisqu’il signifie La Force de Dieu ou Dieu est ma Force. Ce qui en dit long sur son statut à part de messager divin, interface privilégiée entre le visible et l’invisible, entre univers céleste et humain ! «
Moi, je suis Gabriel, qui me tiens devant Dieu, et j’ai été envoyé pour te parler et pour t’annoncer ces bonnes nouvelles », proclame-t-il à Zacharie, saisi de doute alors que l’ange qui surgit lui annonce que sa femme, Élisabeth, stérile et avancée en âge, enfantera d’un fils, dont le nom sera Jean, Jean le Baptiste (Luc 1:19).
Ange hors norme, Gabriel n’est pas sectaire pour un sou : il apparaît tant à Marie de Nazareth pour lui
annoncer (verbe clé qui traverse tous ses ordres de mission) la naissance du Christ, qu’au prophète Mahomet à qui il révèle, des années durant, le Coran, sourate après sourate... mais il apparaît aussi sur des poteries sumériennes ou encore dans les textes sacrés hébreux, nous apprend le journaliste et écrivain Pierre Jovanovic, dans sa biographie dédiée à cet étrange archange
(1).
De jardinier d’Éden à porte-parole visionnaire
Personnage du
Livre de Daniel qui fait partie de la Bible hébraïque et de l’Ancien Testament, Gabriel apparaît sous le nom de Djibril dans le Coran, mais sa biographie plonge plus loin, dans la genèse de l’humanité, puisqu’on trouve déjà des traces de Gabriel à l’époque sumérienne, sous le nom de
Gabr (qui signifie « puissant » ou « héros ») – «
un esprit qui dépendait de la déesse Ninhursag, source de toute vie », relève Pierre Jovanovic. Celle-ci, pour se préserver du brouhaha du monde (déjà !), des dieux et plus prosaïquement de la chaleur, crée un jardin ressourçant dans la plaine d’Edinu (Éden). «
Plus tard, à la suite d’une mésaventure similaire à celle de la pomme du jardin d’Éden, Ninhursag décida de confier la surveillance de son jardin à l’esprit Gabr », partage Pierre Jovanovic. Comme quoi, les mythes qui président à l’origine du monde sont universels, et l’Histoire demeure un éternel recommencement.
Ange élégamment lettré (en comparaison de l’Archange Michaël, chef de la milice céleste), porte-parole du Verbe incarné, Gabriel cumule les pouvoirs surnaturels. C’est un archange, tout de même ! Ange inspirant et fertile, dont la parole est divinement féconde, il est plus qu’un « simple » messager. «
L’ange est l’agent nécessaire pour comprendre les rêves envoyés par Dieu », explique Pierre Jovanovic. Doté du don de prophétie, cet ange-oracle est un éminent spécialiste des annonciations qui changent la face du monde et bouleversent les temps, au propre comme au figuré. En effet, Gabriel illustre le principe de rétrocausalité bien avant l’avènement de la physique quantique, tant il possède une vision interconnectée du passé, du présent et du futur, délicatement entremêlés dans ses annonces, subtilement voilées et suffisamment vaporeuses pour mieux être révélées. «
Du point de vue de l’ange, le futur doit être voilé afin qu’il se réalise », décrypte Pierre Jovanovic.
L’ange est l’agent nécessaire pour comprendre les rêves envoyés par Dieu.
Apocalypse Now
Ses apparitions spontanées, nimbées d’une lumière radieuse qui rappelle les récits d’expériences de mort imminente, impactent les destinées. On pense, bien sûr, à Marie de Nazareth, à Mahomet ou, plus près de nous, à Jeanne d’Arc que le célèbre archange porte avant ses batailles et réconforte après sa capture, mais il apparaît aussi à l’oniromancien Daniel dans des rencontres du troisième type qui chamboulent l’espace-temps. On découvre ces épiphanies dans le fameux
Livre de Daniel, «
le plus étrange de la Bible », dixit Pierre Jovanovic. Dans le chapitre 8 de ce texte aux accents aussi prophétiques que l’Apocalypse de Jean, intitulé «
La vision du Bélier et du Bouc », Gabriel révèle à un Daniel sidéré une vision qui «
concerne un temps qui sera la fin »
(sic). Les spécialistes y voient l’annonciation de l’avènement d’Alexandre le Grand et la dissolution, après sa mort, de son empire en quatre autres entités, moins puissantes. Cette vision aux termes précis mais hermétiques, ne voulant rien dire sur le moment, se révélera clairement au moment opportun.
«
Le Livre de Daniel étant chronologiquement bien antérieur à Alexandre le Grand, on peut donc estimer à propos de l’Archange Gabriel que sa nature lui permet définitivement de “voir” l’avenir se dérouler, avec plusieurs centaines d’années d’avance », observe Pierre Jovanovic. Des chroniques apocalyptiques, Gabriel en commettra bien d’autres, annonçant ainsi à Daniel la mort du Christ... avant même d’avoir annoncé sa naissance à Marie ! Cet ange quantique, selon certains textes, annoncera la fin du monde au son des trompettes. De quoi nous interpeller en ces temps de grand chaos. Prêtez l’oreille...
(1)
Biographie de l’Archange Gabriel, Pierre Jovanovic, éd. Le Jardin des Livres 2002.