Alors que le prochain Pixar, qui sortira le 28 février 2024 au cinéma, nous réserve une épopée extraordinaire où Elio, un petit garçon à l’imagination débordante, se retrouve enlevé par des extraterrestres et embarqué dans une aventure qui va révéler la vraie nature de son existence, que sait-on de la compagnie mère de tous ces animés ? Car la Walt Disney Company ne manque pas d’imagination : avec Rafiki le singe chamane adorant un dieu solaire, Pocahontas l’Amérindienne qui parle aux arbres, Donald Duck qui manie la géométrie sacrée et bien d’autres encore, le géant Disney semble distiller dans l’esprit de nombreuses générations des messages universels, touchant au divin et à certains mystères, signatures et héritage de leur créateur.

« Quand vous acceptez de travailler sur un dessin animé de Disney, vous savez que vous allez influencer la réflexion de générations entières », partageait Linda Woolverton⁽¹⁾, scénariste chez Disney. De tout temps, les contes ont eu une valeur initiatique fondamentale. Mis en images animées dans les productions Disney, ils ont une portée universelle, traduisant tout un symbolisme de l’aventure humaine et laissant leurs empreintes inaltérables dans les mémoires de plusieurs générations. La mort, l’esprit du monde animal ou végétal, les croyances des peuples traditionnels sont tout autant de sujets déclinés par les studios… Pourquoi donner tant d’importance à ces thématiques ?

Christianisme et franc-maçonnerie

Derrière Disney, il y a l’homme de foi, Walter Elias Disney (1901-1966). Réalisateur ambitieux, le fondateur de la compagnie à la renommée mondiale voulait à la fois divertir et transmettre un message. Élevé dans la religion, il comptait parmi sa famille des membres zélés de l’Église congrégationaliste du Missouri. « Mon père, Elias Disney, qui était un entrepreneur, a construit notre église locale et était diacre de la congrégation. J’y ai été baptisé et j’ai assisté régulièrement à l’école du dimanche », décrit-il. Sa volonté de passer des messages d’ordre spirituel vient-elle de là ? Le jeune Walt vivra des années de déboires avant de toucher au succès qu’on lui connaît. Il relate que ce souci de transmettre des valeurs chrétiennes date de ces débuts compliqués, notamment « une période financière difficile à Kansas City, quand j’avais du mal à créer une société cinématographique et à produire des contes de fées animés. Donc, quel que soit le succès que j’ai eu en apportant des divertissements clairs et informatifs aux personnes de tous âges, je l’attribue en grande partie à mon éducation dans la congrégation et mon habitude de toute une vie de prière. »

Cet héritage est omniprésent dans les films. Entre autres exemples flagrants, on trouve Blanche-Neige, qui avant de se coucher, prie : « Bénissez les sept petits hommes… » La scène finale de Fantasia est également très connotée. Après le combat contre les forces du mal s’illustre une grandiose procession avec les arbres qui évoquent des cathédrales, sur la musique de l’Ave Maria. La Bible est aussi centrale dans le remake du Livre de la jungle, du réalisateur Jon Favreau (2016). Ce dernier ne cache d’ailleurs pas l’aspect « religieux » de sa version, comme il l’explique dans une interview⁽²⁾ : « J’ai traité le texte de Kipling sur la Loi de la jungle comme s’il s’agissait de la Bible du règne animal. Tous les animaux connaissent la Loi de la jungle, c’est un peu leur credo. Et Bagheera est en quelque sorte le gardien de la tradition. Il cite souvent la Loi de la jungle, comme s’il citait les Écritures. »

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