Sorties hors du corps, expériences de mort imminente, extases mystiques, fécondations spontanées... Les apparitions de l’Archange Gabriel transforment ceux et celles qu’il prend sous son aile.
Brève revue extraordinaire.
«
À la Saint-Gabriel, toujours bonne nouvelle », dit un dicton populaire... Ce messager divin, dont on ne compte plus les récits d’apparitions fracassantes et littéralement « éblouissantes » à travers l’Histoire, le monde et les croyances, accomplit dans son sillage de miraculeux présages. Les textes sacrés de toutes obédiences, mais aussi nombre de légendes populaires, attribuent à cette sorte de James Bond des airs, suspendu entre Ciel et Terre, une multitude de rôles et d’actions extrêmes qui vont bien au-delà de ses faits « d’âme » les plus connus – les annonciations à Zacharie et à Marie, ou encore la révélation des sourates du Coran à Mahomet
(1).
Fort de café !
Selon les écrits, on doit à cet archange aux multiples dons : la protection du landau en papyrus de Moïse ; le transport « VIP » au paradis du prophète Élie ; la vision de l’Apocalypse transmise à l’oniromancien Daniel (dans le livre éponyme de la Bible hébraïque et chrétienne) ; la première pierre de Rome (un roseau planté dans un marais) bien avant l’heure, du temps du roi Salomon ; ou encore un miroir magique transmis au mathématicien John Dee (inspirateur du personnage de Prospero dans
La Tempête de Shakespeare) qui lui a enseigné la langue symbolique d’Enoch... mais aussi, plus inattendu, l’« apparition » du café.
Le Coran relate que, se trouvant éreinté, Mahomet adressa une prière à Allah qui délégua l’Archange Gabriel pour le secourir. «
Gabriel fit apparaître dans sa main un récipient empli d’un liquide noir que Mahomet but sans hésiter. Comme il retrouva immédiatement ses forces, le Prophète donna à cette boisson miraculeuse le nom de “Qahw” », relate Pierre Jovanovic dans sa Biographie de l’Archange Gabriel. Ce mot arabe qui veut dire « force » (qui donnera le nom dérivé
kawa, utilisé sous nos latitudes avant que l’expresso n’occupe toutes les bouches) est donc en accord parfait avec le nom de Gabriel, lequel signifie « Dieu est ma force ».
Expériences limites
«
Ne crains pas » est le mantra de cet archange dont les apparitions, en chair et en rêve, provoquent de l’effroi de prime abord : il le répétera à Enoch, puis plus tard à Daniel, Zacharie, Marie et Mahomet. Dans sa proximité avec la Vie éternelle (que l’on pourrait qualifier, aujourd’hui, de conscience universelle non localisée), il promet à ses élus, forcément intimidés par les « sacrées » missions qui leur sont confiées, une forme d’immortalité. De survie de l’âme. Est-ce pour cela qu’il est souvent nimbé d’une lumière blanche rayonnante, rappelant furieusement ce que relatent les expérienceurs de mort imminente quand ils reviennent de l’au-delà ? Les récits bibliques et coraniques sont ainsi parcourus d’expériences limites dans lesquelles Gabriel est un acteur majeur.
Dans le
Livre d’Enoch, écrit de l’Ancien Testament aux échos surnaturels, il est dit que cet archange – céleste pont entre le divin et l’humain – vint le chercher et le sortit de son véhicule terrestre pour un périple au Paradis («
Je fus dans le ciel des cieux »), afin qu’il rencontre Dieu
(2). L’écriture d’Enoch, arrière-grand-père de Noé, est véritablement habitée par ce qu’il a vu lors de ses voyages hors du corps... Mais c’est avec le Prophète Mahomet que les expériences aux frontières de la mort trouvent leur sommet, à la fois spirituel et poétique, dans le
Livre de l’Échelle où l’Archange Gabriel (lui) sert de guide à travers les strates de l’au-delà : «
Alors Dieu priva mes yeux de la vue et à la place la donna à mon cœur, si bien que je Le vis avec mon cœur et non pas avec mes yeux », rapporte le Prophète lors d’une extase mystique marquée par une OBE d’anthologie. Rêves, expériences limites et mystiques : Gabriel interagit à un niveau subtil de la réalité, qu’il transcende... mais les ouvertures de conscience qu’il provoque, de Marie à Jeanne d’Arc, d’Enoch à Daniel ou d’Abraham à Mahomet, sont loin d’être un ticket pour un destin tranquille. De nuits de feu en nuits noires de l’âme, cet ange éveille et élève. «
Ne crains pas et lève-toi devant le Seigneur, fais face à l’Éternité, élève-toi, viens avec moi », aime-t-il répéter. Le défi est à la hauteur de ses Révélations !
De grenouilles terrestres en lys angéliques
Prodige des apparitions spontanées et annonciations historiques, l’Archange Gabriel a marqué de son sceau le destin de la France. Clovis lui doit une fière chandelle... Tout part de l’expérience transcendante d’un ermite, « éveillé » en pleine nuit par une lumière extraordinaire auréolant un ange au bouclier azur orné de trois lys en or, symboles de l’Archange Gabriel. L’ange demande à l’ermite de confier ce bouclier à la reine Clotilde pour qu’elle le donne à son mari. C’est ainsi que le premier roi de France change ses armes héraldiques... des grenouilles, au profit de ces lys angéliques, nettement plus glamour. « Certains affirment que les fleurs de lys de la royauté française sont en fait des iris », souligne Pierre Jovanovic. La symbolique demeure : la déesse Iris incarne une messagère céleste et, en botanique, lys et iris sont liés.
(1) Voir l’article consacré à la biographie de Gabriel dans le dossier « Croyances » d’
Inexploré n° 52.
(2) Dans
Enquête sur l’existence des anges gardiens (éd. J’ai Lu), Pierre Jovanovic consacre un chapitre aux sorties hors du corps.