Longtemps tus et ignorés, les jours et les semaines suivant l’accouchement sortent de l’ombre. Mieux, cette période
de transition devient un sujet d’intérêt et de réflexion pour de nombreux chercheurs.
Art de vivre
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De nombreuses traditions ont compris la dimension sacrée de cette période de « renaissance », hors norme au cours d’une vie, que sont les mois suivant la naissance d’un enfant. À tel point qu’une véritable culture entoure ce moment de l’existence, comprenant des termes spécifiques, une alimentation adaptée et même des rituels pour faciliter le passage de l’état de jeune femme à celui de mère.
Une béance culturelle propre à l’Occident
En Occident, durant cette période de bouleversement, la béance culturelle coûte cher aux jeunes mères et aux familles tout entières. Solitude, fatigue, baby blues, dépression, baby clash (tensions au sein du couple), absence de reconnaissance du collectif, société inadaptée aux tout-petits... les difficultés sont nombreuses. Durant l’après-naissance, être jeune mère signifie tenter de récupérer de l’énergie après l’effort colossal de l’accouchement, tout en essayant de répondre aux besoins intenses et vitaux du nourrisson, en étant souvent peu entourée. Pour de nombreuses raisons, historiques et culturelles, les transmissions de parents à enfants, de mère à fille, ont disparu. L’entourage, parfois carencé en savoir-être et savoir-faire, ne sait plus comment s’y prendre, oscille entre envahissement et ignorance. On vient « voir » le bébé, mais on ne s’enquiert guère de l’état de la jeune mère. « L’entourage peine à sortir des conditionnements et des représentations sociales pour vivre une expérience au vif de la vulnérabilité des parents, ce qui implique dévouement et service », explique Marie Mahé-Poulin, psychologue et coautrice du livre Le mois d’or, bien vivre le premier mois après l’accouchement. Si le proverbe africain « il faut tout un village pour s’occuper d’un enfant » est éculé, il n’en demeure pas moins criant de vérité et révèle combien le collectif a son rôle à jouer durant ces semaines.
En France, cette carence culturelle se solde par environ 20 % de dépression post-partum, dont une partie pourrait être évitée grâce à un accompagnement émotionnel et physique, inspiré de pratiques issues de corpus de connaissances d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Sud. Les effets bénéfiques de certaines d’entre elles ont d’ailleurs été validés par des médecins. Par exemple, la docteure Bernadette de Gasquet a montré l’intérêt de conserver une posture le plus souvent allongée et de minimiser les efforts physiques pendant les semaines après l’accouchement, en faveur de la préservation du tonus du périnée. Ces bons réflexes épargneraient aussi certains maux qui surviennent avec l’âge, comme les descentes d’organes ou l’incontinence.
Des semaines riches de potentiel
L’importance de prendre soin de ce corps en transition a été très bien comprise par les médecines traditionnelles. Cette période de passage, la tradition chinoise l’a baptisée « le mois d’or ». Un mois d’une durée de quarante jours, pour régénérer le corps et l’esprit, de l’or pour désigner les opportunités et la beauté de ces instants. En Chine, les femmes sont entourées d’une ayi, qui vient les soutenir à domicile et qui veille à ce que la mère se repose suffisamment afin de préserver sa santé. Les plus fortunées se rendent dans des cliniques « spéciales post-partum », dans lesquelles leurs besoins sont devancés afin qu’elles se consacrent exclusivement au repos et à la création de liens avec leur bébé. C’est aussi le temps de la mise en place de l’allaitement ou du biberonnage, selon le choix de chacune.
Céline Chadelat est journaliste spécialisée dans les religions, la spiritualité, la santé et le bien-être.
Elle est autrice de trois livres dont le best-seller "Le Mois d'Or" et créatrice du compte instagram @lemoisdor.
Elle pratique la méditation depuis l'âge de 20 ans.
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