La richesse véritable

Dans les replis du temps et de l’histoire se cachent des fragments de sagesse immémoriale… Appelés aussi « manuscrits de la mer Morte », les apocryphes de Thomas sont des bribes de textes qui furent perdus, oubliés, cachés pendant des siècles. Finalement redécouverts dans une jarre en 1945 à Nag Hammadi en Égypte, rédigés en langue copte, ils nous renseignent sur la puissance de l’enseignement de Jésus et sa perspective divine, celle de la révélation du royaume intérieur de chaque être humain. En première lecture, les apocryphes de Thomas paraissent énigmatiques. Ainsi, l’incipit de ces textes s’ouvre ainsi : « Celui qui trouvera l’interprétation de ces paroles ne goûtera pas la mort. » Voici le logion 3 appartenant à ce corpus qui recense les paroles de Jésus : « Jésus a dit : si ceux qui vous guident vous disent : Voici, le Royaume est dans le Ciel, Alors les oiseaux du ciel vous devanceront ; S’ils vous disent qu’il est dans la mer, Alors les poissons vous devanceront. Mais le Royaume est à l’intérieur de vous et il est à l’extérieur de vous. Quand vous connaîtrez, alors vous serez connus et vous saurez que vous êtes les fils du Père qui est vivant. Mais si vous ne connaissez pas, alors vous êtes dans la pauvreté et vous êtes la pauvreté. » Jésus rappelle ici que la seule richesse qui détienne une véritable valeur est la connaissance spirituelle. Ainsi, une personne peut être très riche, mais être intérieurement misérable. Elle peut même être si riche sur le plan spirituel qu’elle érige en elle-même un royaume.

Pour le père Gérard, qui appartient à l’Église Vieille Catholique romaine à Saint-Laurent-du-Var, ne dépendant d’aucun diocèse, cet enseignement se rapproche de la mystique des théologiens rhénans tels que Maître Eckhart ou Hildegarde de Bingen, selon lesquels « nous ne sommes pas des Dieux, mais nous avons quelque chose de Dieu en nous. Il y a une différence entre la créature et le créateur, pourtant, ils nous rappellent que nous avons chacun une dimension divine ». Cette part divine en chacun est aussi à mettre en parallèle avec la spiritualité hindoue. Selon celle-ci, la pauvreté trouve son origine dans l’ignorance de soi. Au contraire, le véritable accomplissement d’une vie consisterait en la réalisation de soi. Pourquoi ? Parce que cette connaissance est immatérielle et ne peut donc pas être détruite. Lorsque cette connaissance est acquise, elle devient immortelle. Rajneesh, appelé aussi Osho, le sage indien, commente ce logion dans L’Évangile de Thomas, édité aux éditions du Relié : « Vous êtes pauvre. Il n’y a qu’une seule pauvreté : lorsque vous ne connaissez pas. Pourquoi est-ce de la pauvreté ? Parce que vous êtes un empereur, le fils d’un Dieu éternel. Il vous est arrivé ce qu’il y a de plus grand et vous en êtes inconscient. »


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