Parce qu’ils savent s’imprégner de tout ce qui les entoure, les enfants ont un infini potentiel de créativité. Un modèle à suivre ?
Ervin László, philosophe des sciences, ancien conseiller de l’Unesco et nominé deux fois pour le prix Nobel de la paix, donne son premier concert avec l’orchestre symphonique de Budapest… à l’âge de 9 ans. Ayant commencé le piano à 4 ans, il refuse tout d’abord les enseignements de sa mère – pianiste et professeure de musique –, en disant qu’il n’a pas besoin d’apprendre les morceaux, qu’il les connaît déjà.
« Les grands morceaux de compositeurs étaient pour moi des ensembles logiques et leur déroulement me paraissait parfaitement naturel. Jouer de la musique était aussi facile que parler, c’était un autre langage », nous confie-t-il. Et loin de se contenter d’être un concertiste professionnel, Ervin László développe dès l’adolescence un vif intérêt pour la philosophie. Sa spécialité ? La théorie des systèmes. C’est que se plonger dans l’univers musical l’a étrangement aidé à assembler des pensées complexes.
« Ce qu’il se passait, c’est qu’en jouant de la musique, je me retrouvais parfois comme dans un autre espace-temps, avec une profonde sensation de libération, de liberté, d’extase. Et là, les idées semblaient s’assembler d’elles-mêmes et couler de source. Je gardais alors une machine à écrire à côté de mon piano, et quand je sentais que j’avais réussi à formuler des concepts intéressants, je les écrivais. » Ervin László a publié à ce jour plus de 80 ouvrages.
De nombreux enseignants et psychologues le disent : nous sommes bel et bien confrontés à un nombre grandissant de bambins capables de faire des choses tout simplement bluffantes. Des enfants prodiges certes, mais qui semblent aussi connectés à des dimensions qui nous échappent. Savons-nous prendre la juste mesure de leurs dons ? Atypiques, incroyablement créatifs, souvent doués de capacités paranormales, ces enfants ouvrent des voies étonnamment avant-gardistes. À la pointe de l’inventivité, ils nous bousculent en nous invitant à prendre en compte leurs valeurs novatrices. Mais ne sont-ils pas aussi, tels des Petits Poucets semant des cailloux, en train de nous aider à mieux comprendre le processus de créativité et nos propres capacités inexploitées ?
Loin d’être déraisonnables, ces enfants semblent véhiculer une conscience rafraîchissante dont notre monde pourrait avoir besoin.
Élargir nos horizons et être créatif
n’est pas qu’une question d’intellect, loin de là.
Comme des capteurs
Mozart compose ses premières œuvres dès l’âge de 5 ans. Picasso peint ses premières toiles à 8 ans. Si l’histoire compte de nombreux enfants prodiges, il semblerait que notre quotidien soit rempli de bien plus de petits génies que nous ne le pensons. N’opérant pas forcément sur un mode compétitif et n’étant pas particulièrement intéressés par les valeurs matérielles et individuelles mises en avant par notre société, ils préfèrent souvent se mettre dans leur bulle pour s’occuper de ce qui les intéresse. Et dans leur domaine de prédilection, souvent très spécialisé, ils font preuve d’une créativité véritablement prodigieuse. Profitons-nous de leurs trouvailles inédites ? Pas assez. Les institutions scolaires ou sociales sont en réalité bien en difficulté pour repérer ces petits génies. Leurs outils ? Des tests de QI classiques. Le problème ? Ces tests n’évaluent pas les facultés émotionnelles et sensitives des enfants. Or, ce sont précisément ces aptitudes qui jouent un rôle fondamental – non seulement chez les surdoués mais surtout chez les enfants hypersensibles ou « connectés » – dans leur ouverture d’esprit et leurs capacités innovantes. Élargir nos horizons et être créatif n’est pas qu’une question d’intellect, loin de là. Il en résulte que de nombreux potentiels pourtant étonnants ne sont pas appréciés à leur juste valeur.
« La créativité et l’expression de notre potentiel ont un lien très étroit, très intime avec la confiance en soi. Ces enfants peuvent progressivement brider leur créativité naturelle quand les circonstances ne favorisent pas une confiance en eux assez solide », souligne Jeanne
Siaud-Facchin, psychologue. (...)