Faisons remonter quelques souvenirs de collège… Dans un triangle rectangle, le carré de la longueur du plus grand côté appelé l’hypoténuse est égal à la somme des carrés des longueurs des deux autres côtés (a2+b2=c2). Ceci est le théorème dit de Pythagore, bien que les historiens n’aient aucune preuve qu’il l’ait été réellement découvert lui-même – des versions du théorème semblent même exister dans d’autres cultures antérieures, comme en Mésopotamie et en Égypte. D’ailleurs, on ne sait pas grand-chose de ce personnage mystérieux n’ayant laissé aucun écrit. Seuls quelques récits, notamment ceux du philosophe néoplatonicien Jamblique (250-330), nous éclairent à son sujet. « Il n’enseignait qu’à l’oral, s’inscrivant dans cette lignée de sages qui ne transmettent qu’à l’oral parce que les écrits peuvent être mal interprétés et devenir un instrument de pouvoir », rapporte l’enseignant et thérapeute essénien Guilhem Cayzac, auteur du livre Pythagore, l’homme-serpent. La plupart des informations viennent ainsi de ses disciples ou de sources postérieures, comme Platon et Aristote…

Toutefois, nous savons qu’il est né aux environs de 580 av. J.-C. sur l’île grecque de Samos, au sud-est de la mer Égée, et qu’il est mort vers 495 av. J.-C., à plus de 80 ans. Une incroyable période de l’histoire qui a vu s’incarner simultanément Bouddha Siddhartha Gautama, Confucius et Lao Tseu… Celui dont la naissance fut prédite par l’oracle de Delphes, appelée la Pythie – d’où son nom Pytha-goras, « celui qui a été annoncé par la Pythie » – fonde une école à Crotone, dans l’extrême sud de l’Italie où il enseigne la philosophie durant toute sa vie. Que sait-on de cette école, peut-elle nous inspirer encore aujourd’hui ?

Dieu est nombre

Il est bien connu que Pythagore vouait un véritable culte aux nombres. Pour lui et ses disciples – surnommés les pythagoriciens – le nombre est souverain, il est partout, il donne forme aux choses et les rend intelligibles. Les nombres entiers positifs « sont les causes et les principes des choses », a rapporté Aristote à son propos. Les connaître par le raisonnement et le travail mathématique aide à comprendre l’Univers, et ils sont la clé de la spiritualité…

« En cherchant les constantes qui peuvent nous guérir, parce qu’elles s’appliquent à tout le monde, Pythagore est tombé sur les nombres », éclaire de son point de vue Guilhem Cayzac. « Si l’addition 2+2=4 est valable en Inde, en Chine, au Pérou, et si elle est aussi valable il y a 10 000 ans que dans 10 000 ans, nous avons la preuve qu’il y a des choses éternelles, constantes, vraies. En contemplant les nombres, on observe que le 1 est le même partout et pour toujours, qu’il est éternel, donc 1 est Dieu. » Chez les pythagoriciens, la monade ou l’unité représente « Dieu » ou « le Réceptacle universel qui contient tout », parce qu’elle n’est engendrée par aucun nombre et qu’elle les engendre tous ! Contrairement à nous, les humains, qui sommes des êtres impermanents, les nombres sont fixes. « En conséquence, même quand dans la vie nous doutons, nous pouvons méditer sur les mathématiques qui sont la voie vers Dieu ! », estime le thérapeute.

Le triangle de la sagesse

(...)