Par définition, la science se doit d’ignorer toute dimension d’intériorité afin d’être objective. Il en a été décidé ainsi, elle ne s’occupe pas de la conscience. C’est là que la physique moderne vient jeter un pavé dans la mare ! « Si nous n’introduisons pas la conscience en physique, nous devons faire appel au hasard. Cette solution est non seulement insatisfaisante car impuissante à expliquer l’émergence de la vie, mais elle nous oblige à élaborer des théories difficilement compréhensibles et soutenables dans la durée », signale Philippe Guillemant, ingénieur physicien chercheur au CNRS. De quelle conscience parlons-nous ? Du vécu subjectif humain ou d’un potentiel intelligent qui serait à l’origine de tout et dans lequel nous baignerions ? « La vraie difficulté réside dans le fait que la physique est une sorte de métaphysique », avait prévenu Schrödinger, une des figures de la physique quantique.

Une subjectivité incontournable

Une particule apparaît. Comment son état est-il choisi ? « Il se fait à la croisée d’un hasard fondamental et d’un dispositif de mesure », nous apprend la physique quantique. Ce serait avant tout l’angle de vue choisi par l’observateur qui conditionnerait ce qu’il décrit. Cela implique qu’un savoir purement objectif est inatteignable, puisque toute observation est subjective. Surtout, le rôle de la conscience du scientifique, et par extension de tout être humain, devient central. La physique quantique semble ainsi aboutir à ce que les enseignants spirituels décrivent depuis des siècles : l’état de conscience est un facteur essentiel dans l’expérience de la réalité. « Les parallèles avec la physique moderne apparaissent non seulement dans les Védas, le Yi King ou les sutras bouddhistes, mais également dans les aphorismes d’Héraclite, le soufisme d’Ibn Arabi ou les enseignements du sorcier yaqui don Juan », écrit Fritjof Capra dans Le Tao de la physique.

Orienter la réalité

Il s’ensuit qu’au XXe siècle, tout un courant humaniste adopte ce leitmotiv puissant : nous sommes en grande partie responsables de ce qui nous arrive. La psychologie décrit l’influence de notre psychisme sur notre vie. Certains courants de développement personnel vont plus loin en enseignant que nos intentions peuvent faire advenir des choses réelles. C’est le message de la « loi de l’attraction », cette démarche développée par Jerry et Esther Hicks. L’idée est que, puisque tout est fait d’énergie et interconnecté, nous pourrions, en adoptant la bonne posture et par effet de résonance, attirer à nous les situations souhaitées. Reste à voir quelle partie en nous souhaite quoi et pourquoi – seuls les appels profonds provoqueraient des réalisations et non les désirs futiles de notre petite personnalité.

Un hasard bien bizarre

Cependant, une importance excessive accordée à notre subjectivité pose problème. Dire que tout est déterminé par la conscience de l’observateur implique qu’il crée totalement sa réalité et qu’il n’y a rien en dehors de lui. La physique quantique a donc été amenée dans un deuxième temps à se confronter à « la question de savoir s’il existe une réalité indépendante, existant “en soi” », rapportent Bernard d’Espagnat et Hervé Zwirn dans Le Monde quantique. L’observateur interprète, mais peut-être pas à partir d’un monde totalement hasardeux et aléatoire, comme on le pensait.

La découverte d’un vide quantique plein d’information et d’énergies potentielles a amené certains scientifiques à envisager qu’une cohérence soit à l’œuvre « Il y a deux formes d’existences : l’existence vécue et le champ potentiel. Ce champ d’informations, d’où naît notre réalité, est indispensable à la mécanique pour remplacer le hasard afin de diriger les événements. Ces derniers étant corrélés à nos intentions, Il est légitime d’apparenter ce champ à notre conscience », souligne Philippe Guillemant, coauteur avec le journaliste Jocelin Morisson de La Physique de la conscience. Notre univers plongerait ses racines dans un champ potentiel d’information. Pour se manifester, cette conscience primordiale aurait besoin de se cristalliser dans des formes de conscience restreintes et localisées dans des espaces et des temps spécifiques. Depuis longtemps, les traditions spirituelles avancent que la conscience serait ce par quoi toute chose apparaît.

Une médecine de l’intention ?
Marilyn Schlitz, présidente émérite de l’Institut des sciences noétiques aux États-Unis, a mené de nombreuses recherches attestant de l’effet de l’intention sur la guérison. Certains dispositifs montrent que des soins à distance performants ne peuvent pas faire appel à « un transfert d’information classique », explique-t-elle dans le documentaire The Living Matrix.
Quelle science pour expliquer ce que font les guérisseurs ?