Dans la société chinoise, le temps ne s’écoule pas uniformément, il a une personnalité. Marie-Pierre Dillenseger, maître feng shui, nous explique en quoi consistent ces qualités.
Quelle technique utilisez-vous pour nommer le futur ?
J’utilise la technique chinoise des quatre piliers du destin, appelée « Ba Zi ». L’idée est qu’à chacune des quatre données temporelles de naissance (l’année, le mois, le jour et l’heure) sont associées des qualités énergétiques. Et ces qualités énergétiques se décodent par des combinaisons des 12 animaux du zodiaque chinois (rat, boeuf, tigre, lapin, dragon, serpent, cheval, chèvre, singe, coq, chien, cochon) et des 5 éléments (bois, feu, terre, métal, eau). Donc, à chaque unité temporelle, on associe ce que j’appelle une personnalité énergétique. Par exemple, une personne née en 2013 a vu le jour une année du serpent d’eau. On rajoute à cela la qualité de ses mois, jour et heure de naissance, et cela donnera une carte de sa qualité énergétique. C’est donc une technique qui pose un système d’équivalences entre des données temporelles et des tendances énergétiques. Et qui propose une forme de coaching personnalisé avec pour objectif de caler la personne au mieux sur son potentiel dans le temps. C’est envisager comment un individu peut s’appuyer sur le temporel pour s’accomplir.
Bio express
Marie-Pierre Dillenseger est maître feng shui et effectue depuis 15 ans un patient travail de décodage et de transmission des disciplines chinoises appliquées au temps et à l’espace.
Ancrée dans la pratique de l’astrologie chinoise, comme technique de coaching individuel, et du feng shui classique, comme outil de lecture des espaces, elle propose une approche raisonnable et argumentée des lieux et des moments.
Vous voulez dire que le temps peut avoir différents attributs ?
Oui, pour les Chinois le temps n’est pas neutre. En Occident, la seule qualité temporelle qu’on nomme, ce sont les saisons. Donc quand on dit : « Il est au printemps de sa vie », on sous-entend que cette personne est jeune, dans une énergie dynamique. Les Chinois donnent une qualité à toutes les unités temporelles. On est donc dans un système qui considère que le temps, ce n’est pas une suite de numéros mais une suite de différents états énergétiques. Dans cette perspective, le temps est envisagé comme
chi (énergie en chinois). C’est quelque chose qui pulse, qu’on ne voit pas mais qui n’est pas neutre, qui agit. En tant que scientifique, ce qui m’intéressait, c’est que, étant donné que le calendrier solaire chinois, sur lequel est basé ce savoir a été codifié en - 2 637 av. J.-C., on possède des siècles et des siècles d’observation de ces cycles. On a donc eu le temps d’analyser, de déduire, de modéliser ce que chaque année apporte.
Comment le temps est-il perçu dans ce système ?
Cette technique s’inscrit dans la pensée chinoise classique dans laquelle la notion de temps est cyclique. Au lieu d’avoir une vision linéaire du temps à l’occidentale, avec un repère majeur qui va être la date de naissance du Christ, le temps est vu comme étant cyclique et répétitif. Au bout d’un cycle, on redémarre. Pour nous, le temps est infini, numéroté, mais on ne lui donne ni énergie ni nom. Pour nous, le temps est, d’une certaine manière, anonyme. Il est incolore, inodore et il se déroule à l’infini. Chaque année qui vient est nouvelle, ce n’est jamais la reproduction de quelque chose qui existait avant. Alors que dans ce système chinois, il y a des cycles de 60 années, 60 mois, 60 jours ou 60 heures – parce qu’il y a 60 combinaisons possibles d’animaux et d’éléments. (...)