Vous écrivez un livre sur le métavers, en collaboration avec Jan Kounen, qui sortira d’ici fin d’année chez Trédaniel. Quelle en est la teneur ?

Notre objectif est de mettre en lumière les infinies possibilités du métavers. Nous nous inscrivons résolument à contre-courant de ce qui est dit sur le sujet, fortement décrié, comme beaucoup de technologies nouvelles. Selon nous, le métavers pourrait être un outil extraordinaire pour explorer la conscience. Cette dimension immersive du futur Internet va certainement révolutionner le savoir à ce sujet.

De quelle manière ?

Notamment en apportant des éléments de réponse aux grandes questions métaphysiques. À savoir : la conscience est-elle localisée dans notre cerveau ? Le travail à partir du dispositif expérimental des avatars va nous permettre de comprendre que notre conscience n’est pas dans notre corps. Aujourd’hui, nous sommes face à une impasse : les sciences qui se sont penchées sur les expériences de mort imminente ou perimortem ont des faisceaux d’indices allant dans le sens d’une survie de la conscience après la mort. Mais les paradigmes matérialistes sont si ancrés qu’ils engendrent un déni. Donc, on n’avance pas sur ces questions fondamentales. Ce qui est vertigineux avec la technologie, c’est qu’elle s’impose !

Même si je ne crois pas au fonctionnement d’un téléphone portable, ça n’empêchera pas mon voisin de l’utiliser. Avec le métavers, le plus grand nombre va donc pouvoir vivre des expériences de conscience absolument incroyables et, quelque part, ça va s’imposer, à l’image de toute technologie, comme étant une normalité. Je pense donc que c’est le biais technologique, grâce à la réalité virtuelle, qui va permettre d’accepter qu’il y ait une survie après la mort, que notre conscience n’est pas dans le cerveau.

On vous connaît, avec Jan Kounen, en tant que spécialiste des plantes de vision. Ces technologies virtuelles ne sont-elles pas « antinaturelles » ?

Aujourd’hui, il y a une pensée binaire, très clivante, en Occident. On oppose souvent la technologie aux gens sensibles à l’écologie, à la spiritualité, parce qu’elle est considérée comme étant en opposition avec la nature. Or, je suis adepte d’un philosophe français, Gilbert Simondon, qui affirmait déjà dans les années 1960 que la technologie est le prolongement de ce que nous sommes au niveau biologique, de notre nature humaine, instinctive. On peut aussi imaginer qu’elle a une fonction évolutive ; c’est-à-dire qu’elle s’inscrit dans l’évolution même du vivant. Ça permet d’envisager la technologie sous un autre regard. Parce que la technologie n’est ni bonne ni mauvaise, elle est ce que son utilisateur va en faire.

Ce livre à venir est à mettre en parallèle avec des expériences de réalité virtuelle déjà mises en œuvre par Jan Kounen, qui modélisent ce que l’on peut vivre avec des plantes de vision. Par le biais d’une expérience technologique et artistique, il a réussi à montrer, à des personnes qui n’avaient jamais pris d’ayahuasca, le process d’une expérience visionnaire : comment ces visions émergent, se manifestent à la conscience et sont ressenties au niveau du corps et de la proprioception. (...)