Avec la nouvelle version du Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux (DSM), de nombreux psychiatres craignent de voir certains comportements normaux associés à des troubles psychiques, créant une véritable polémique. L’occasion peut-être de ré-envisager l’être humain dans toute sa diversité et sa richesse ?
« Dépressif », « phobique », « cyclothymique », « bipolaire »… Difficile de ne pas se reconnaître dans la liste des troubles mentaux de la nouvelle version du DSM, qui en compte maintenant plus de 350. Et c’est justement cela qui fait bondir bon nombre des professionnels du psychisme. Certains regrettent l’extrême médicalisation dont notre vie émotionnelle se retrouve l’objet.
« Une liste de symptômes n’est qu’une photographie figée de la vie psychique », explique Maurice Corcos, directeur du département de psychiatrie de l’adolescent et de l’adulte jeune à l’Institut mutualiste Montsouris.
« Cette personne qui présente les signes d’un trouble à un moment donné ne saurait être réduite à cela. Il faut l’envisager avec son histoire… ».
C’est pourquoi, même si certains patients se sentent soulagés de pouvoir mettre un nom sur le mal dont ils souffrent, de nombreux psychiatres insistent sur l’importance de la
« rencontre psychique » avec un patient.
« Le DSM laisse croire que tout ce qui est de l’ordre du psychisme est objectivable, observe le Pr Pierre Bovet, médecin chef au service psychiatrique de l’hôpital de Cery en Suisse,
et cela est faux. Une grande part de mystère demeure dans l’âme humaine. »
Ces questionnements sur la nouvelle version de la bible des psychiatres nous ouvrent ainsi les yeux sur notre conception de la pathologie, cette dernière ne pouvant se réduire à une simple énumération de symptômes, mais devant prendre en compte la globalité de l’être et son histoire.
Lire l'article sur Le Figaro.fr