Le nombre de maladies chroniques augmente partout sur
la planète. Les dégradations infligées à l’environnement
n’y sont pas étrangères. Il est temps de changer de paradigme.
Un vrai challenge pour l’Occident.
Steve Jobs, cocréateur d’Apple, est mort
à 58 ans d’un cancer du pancréas. Sa
fortune de 7 milliards de dollars n’a
pas empêché l’avancée de sa maladie.
« Le cancer est un véritable fléau, que
l’on soit P-DG d’une des plus grosses capitalisations
boursières ou ouvrier en Chine fabriquant
les iPad pour ce même P-DG », souligne André
Cicollela dans
Toxique planète. Ce chercheur en
chimie et toxicologie, président du Réseau environnement
santé, tire la sonnette d’alarme. Il
n’est pas le seul. Nous faisons actuellement face
à une flambée de maladies chroniques dites non
transmissibles, à laquelle aucun pays n’échappe
et dont nous ne trouvons aucun précédent dans
l’histoire de l’humanité. Cancer, maladies cardiovasculaires,
pathologies respiratoires, diabète,
atteintes neurologiques, troubles de la
reproduction, obésité, allergies, ne cessent de
progresser.
Comment expliquer ce phénomène
qualifié par les experts de véritable épidémie ?
« Vous ne pouvez pas être en bonne santé si vous
vivez sur une planète malade. L’état de la planète
et l’état de sa population sont forcément
intriqués », répond Satish Kumar, fondateur
du Schumacher College et rédacteur en chef de
Resurgence and Ecologist. Beaucoup l’affirment
aujourd’hui : la pollution et la dégradation
généralisée de notre environnement ont un
impact majeur sur notre santé. Reste néanmoins
que la pensée occidentale est mal outillée pour
accepter une telle affirmation et pour la traduire
en mesures effectives. Comme l’écrit l’anthropologue
Gregory Bateson dans son livre
Vers
une écologie de l’esprit,
« l’erreur fondamentale
de l’Occident est de penser et d’agir comme si les
êtres étaient séparés les uns des autres ». À force
de tout différencier et de tout dissocier, nous
aurions perdu la capacité à envisager l’aventure
terrestre comme un tout au sein duquel chaque
élément est dépendant des autres.
Ainsi, en plus d’être des signaux d’alarme, les crises
sanitaires et écologiques nous propulsent vers un
changement de paradigme profond. Une nouvelle
compréhension systémique se fraye déjà un chemin
dans les milieux scientifiques et intellectuels. Une
posture holistique vis-à-vis du monde est déjà adoptée
par nombre de citoyens. Avons-nous le choix ?
« Nous sommes à une période cruciale et charnière
de l’histoire, où l’humanité est condamnée à disparaître
si une grande partie des peuples de notre planète
ne changent pas radicalement leurs modes de vie »,
appuient Laurent Muratet et Étienne Godinot dans
Un nouveau monde en marche.
Vous ne pouvez pas être en bonne santé si vous vivez sur une planète malade...
(...)