Sébastien Bohler est neurologue. Dans son ouvrage sorti en 2019, il dresse un état des lieux édifiant des connaissances actuelles sur le fonctionnement de notre cerveau. Pourquoi conservons-nous des comportements irrationnels face à l’urgence climatique ? Est-ce un « bug » neurologique propre à l’humanité ? La méditation pourrait aider à reprogrammer nos comportements, entre connaissance de soi et pleine conscience. Extrait.
Art de vivre
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Planète pillée
Cette fuite en avant a-t-elle une chance de s’enrayer ? Les mouvements gigantesques de l’économie semblent indiquer le contraire. Aujourd’hui, la phrase qui revient le plus souvent dans les discours publics à propos de l’avenir de la planète est : « Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ? » Juste préoccupation. Mais nos décisions ne sont pas le fruit d’une unique préoccupation. Elles résultent d’une mise en balance de plusieurs d’entre elles. Le souci de la qualité de vie de nos enfants en est une, mais elle est de peu de poids car nous savons qu’isoler notre maison, manger moins de viande, remplacer ses recherches sur Google par des entrées directes sur nos sites préférés, privilégier les transports en commun et ne plus prendre l’avion représentent un effort considérable qui n’aura probablement aucun effet sur l’avenir de nos propres enfants si les milliards d’autres êtres humains sur terre ne font pas le même effort. Or, rien ne dit qu’ils le feront, d’une part parce que nombre d’entre eux souhaitent avant tout accéder à la richesse notamment dans les pays en voie de développement, et d’autre part parce qu’ils se demandent certainement, comme moi, pourquoi ils feraient de tels efforts étant donné que les autres peuvent très bien ne pas jouer le jeu. Nous sommes prisonniers d’un piège circulaire qui se traduit même dans les discours politiques, comme lorsque le président Donald Trump déclare se retirer des accords de Paris car il n’y a aucune raison que les États-Unis limitent leurs émissions de CO2 si les Chinois ne le font pas de leur côté.
Et de fait, la Chine elle-même est prise dans une contradiction : d’une part, elle cherche à limiter les émissions de gaz à effet de serre, et de l’autre, elle signe des accords qui creusent notre tombe à grands coups de pelle. Le dernier en date, celui passé avec la Russie pour exploiter le plus fabuleux gisement de gaz naturel du monde, découvert dans l’Arctique. Ce projet, développé sur le site de Yamal en Sibérie, vient d’être doté de 27 milliards de dollars d’investissement. Son but est de construire une ville de 22 000 habitants en plein cercle arctique, et de transporter le gaz extrait par brise-glace. Ironie du sort, ce projet est rendu possible par le dégel de la route du nord-est de la Russie, qui est lui-même le résultat direct du réchauffement climatique. Nous sommes engagés dans une spirale infernale où le réchauffement climatique, au lieu de susciter des mesures planétaires visant à en limiter l’impact, est utilisé par les grands décideurs du monde de l’énergie pour extraire encore davantage d’énergies fossiles qui amplifieront d’autant l’effet du réchauffement. C’est la définition d’un processus exponentiel.
Parallèlement à ces choix industriels et économiques aux conséquences désastreuses, les consciences semblent s’éveiller. Le nombre d’articles consacrés au réchauffement climatique et à l’hyperexploitation des ressources de la planète est en hausse très rapide. Les grands sommets sur le climat, comme celui de Paris en 2015, reçoivent un écho planétaire. En Europe occidentale, plus de 80 % de la population n’a aucun doute sur le fait que les activités humaines sont la cause du changement climatique et menacent l’équilibre des systèmes biologiques ainsi que notre propre avenir en tant qu’espèce. Les chiffres dans le reste du monde sont plus variables : aux États-Unis, le rôle des activités humaines n’est reconnu que par 48 % de la population. En Asie, les pouvoirs publics s’alarment des niveaux de pollution, notamment en Chine où il devient impossible aux habitants des grandes cités de vivre sans masque de protection, et où la visibilité se réduit parfois à quelques mètres à cause de la densité des nuages de particules. Déjà, les plus fortunés font construire des dômes de protection au-dessus de leurs palaces pour se préserver des émanations nocives et vivre dans des bulles technologiques.
Il est urgent de ne rien faire
Le spectre de la destruction de l’environnement nous frappe de plein fouet. Il nous fige de stupeur, et nous laisse sans réaction. Nous clamons notre préoccupation, convenons qu’il est urgent d’agir. Mais nous n’agissons pas. Certaines associations ou individus courageux mettent la main à la pâte. Nous trions davantage nos déchets. Nous essayons de mieux isoler nos logements. Mais lorsque des communiqués lucides, fondés sur des mesures scientifiques validées, nous rappellent qu’un seul voyage en avion long-courrier annule, par son impact carbone, les efforts d’un an de tri de déchets ménagers, alors nous préférons penser à autre chose. Modifier en profondeur nos habitudes ? Ce serait trop difficile. Renoncer à des vacances à Bali pour espérer un effet dans quarante ans sur le niveau des mers, et encore, à condition que tout le monde fasse pareil ? Quand on habite à Paris, on n’est pas menacé par la submersion, et à quoi serviraient les climatiseurs, si ce n’était à nous protéger des canicules ? Il faut bien vivre. Alors, si nous pensons bien de temps en temps que nos petits-enfants trouveront un monde en proie aux sécheresses et aux mouvements de population, privé de 80 % de sa faune sauvage, nous nous rassurons en songeant que nous aurons toujours le temps de voir venir. Et quelques minutes plus tard, il y a déjà le match PSG–Real Madrid à la télévision, alors pensons un peu à autre chose.
En 2007 a été communiqué le résultat d’études montrant qu’il n’y aurait probablement plus de poissons à pêcher dans les océans à l’horizon de 2050. Cela a suscité une réaction d’incrédulité pendant quelques mois, puis on l’a oublié. Tout se passe comme si nous autres êtres humains étions incapables de tirer les conséquences de nos propres observations pour décider d’actes concrets, collectifs et portant sur le long terme. Quelle est la cause de cette impuissance ? Pourquoi la pensée d’une catastrophe future ne nous conduit-elle pas à modifier nos comportements ?
Nous sommes prisonniers du présent
En 2017, les États-Unis présidés par Donald Trump se sont retirés des accords de Paris sur le climat, qui prévoyaient depuis 2015 une série de mesures économiques et industrielles destinées à stabiliser les émissions de dioxyde de carbone à l’horizon de 2030 afin de limiter le réchauffement de la planète à deux degrés à l’horizon 2100. Sur les réseaux sociaux a circulé une vidéo tournant cette décision en ridicule, où l’on voyait le Président états-unien à la tribune de l’ONU, brandissant une pancarte où il était écrit : « Je me fous du climat, car de toute façon je serai mort bientôt. »
Ce message est beaucoup plus profond qu’il n’y paraît. Derrière la dérision des réseaux sociaux, il recèle une vérité qui doit nous interpeller. Certes, nous pouvons penser que Donald Trump est un vieil homme égoïste qui n’a que faire du climat et de la nature, et qui veut avant tout poursuivre son objectif personnel de pouvoir et d’outrance sans considération pour les milliards de personnes qui peuplent la Terre. Mais il y a une autre façon d’entendre ce message. Car au fond, il nous dit : « Vous, moi, nous nous soucions peu de ce moteur de recherche Google, ou du coût écologique des vidéos de chatons ou de matchs de foot. Vous comprendrez alors quelle est la force du présent. Au moment de faire un petit sacrifice immédiat, c’est comme si nos pensées sur le futur s’évanouissaient comme un mirage. [...]
Sébastien Bohler, Le Bug humain : pourquoi notre cerveau nous pousse à détruire la planète et comment l’en empêcher, éd. Robert Laffont, 2019, p. 158 à 165.
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