La psychologie ne devrait-elle pas prendre davantage en compte les expériences
paranormales ? Le psi ne joue-t-il pas un rôle dans la psychologie d’une
personne ? Plus encore, ne faudrait-il pas considérer que le psi est une fonction
psychique naturelle chez tout individu ?
Perceptions
COLIN ANDERSON PRODUCTIONS PTY LTD
André fait régulièrement du yoga. Un jour, lors de la
relaxation qui clôture son cours collectif… il sort de
son corps. Il se perçoit lui-même, mais aussi les autres
participants, du dessus. Il ne panique pas, jusqu’au
moment où il regarde dans le miroir sur le côté de la
salle. « Là, il ne se voit pas dans le miroir. Et c’est le fait
de ne pas s’être vu qui l’a profondément bouleversé », note
la psychanalyste Djohar Si Ahmed. André réintègre
brusquement son corps. Il ne décompense pas pour
autant, mais garde ce vécu secret. Il n’en parlera que
des années plus tard lors de sa thérapie à l’ICLP (Institut
des champs limites de la psyché).
« Malgré les travaux déjà existants, les expériences exceptionnelles
demeurent encore une relative terra incognita », explique le Pr Thomas Rabeyron, directeur du
laboratoire Interpsy de l’université de Lorraine. Or,
les enquêtes indiquent que 40 à 50 %(1) de la population
rapportent avoir vécu au moins une expérience
paranormale et que 60 à 75 %(2) pensent qu’elles sont
possibles. Cela veut dire qu’un Français sur deux,
homme ou femme, de tous âges et de tous niveaux
sociaux, va entendre des voix, voir des anomalies, sentir
des présences, faire un rêve prémonitoire, vivre une expérience de mort imminente, etc. La liste est longue.
Une majorité de ces 32 millions d’individus ne seront
pas particulièrement dérangés par ces vécus. D’autres,
néanmoins, en souffriront et auraient besoin d’un suivi
psychologique. Le souci est qu’une vaste majorité
de cliniciens manquent de formation à ce propos. Le
chantier est donc colossal. Il convient d’avancer sur les
modèles théoriques du « psi » – le facteur qui serait
sous-jacent aux phénomènes paranormaux –, de développer
des méthodes thérapeutiques adéquates et de
déployer des programmes éducatifs, pour les professionnels
et le grand public.
Un tabou
Le frein majeur est bien sûr que l’éventualité du psi relève
encore d’un tabou culturel. L’ethnologue Ernesto
de Martino a même montré combien le refus systématique
des phénomènes paranormaux est un ressort
caché de notre civilisation moderne. Toutefois, les
examens empiriques montrent que ces phénomènes
continuent d’apparaître. « Les expériences exceptionnelles
demeurent comme un “reste” qui n’a été que partiellement
intégré par la psychologie et qui ne cesse de se présenter. Il
semble nécessaire d’essayer de les intégrer plus largement à nos modèles théoriques et cliniques »,
indique le Pr Thomas Rabeyron. Ainsi, un versant
« physique » de la parapsychologie s’applique à évaluer
les effets du psi de manière objective et un versant
« psychologique » développe des méthodes qualitatives
afin de comprendre le phénomène de l’intérieur. « Les
analyses probabilistes sont inadéquates lorsqu’il s’agit de
s’interroger sur ce que cela implique de vivre une expérience
exceptionnelle, sur le sens qu’elle peut avoir, sur la
place et la fonction du psi dans la vie psychique, et sur
comment il peut moduler notre appréhension de la réalité
», souligne Djohar Si Ahmed.
Une pathologie psychique ?
Les pages de l’histoire mentionnent rarement combien
la psychiatrie, la psychologie, la psychanalyse plongent
leurs racines dans le somnambulisme magnétique,
l’hypnose et la recherche psychique – qui ont amplement
étudié les manifestations paranormales. Pour
faire court et comme l’a montré le psychiatre Henri
Ellenberger : les approches « psy » sont issues de
l’étude du « psi ». Cependant, de manière à devenir des
champs académiques respectés, les domaines psys ont
fini par évacuer le psi. Les expériences paranormales
ont été réduites à des manifestations pathologiques de
la psyché. « Lors de l’émergence de la psychiatrie et du
redécoupage de la “géopolitique du psychisme”, comme
l’appelle le sociologue Bertrand Méheust, une partie de
la phénoménologie des expériences exceptionnelles est passée
à la trappe », indique Thomas Rabeyron.
Le DSM
(Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux)
classera ensuite certains symptômes de ces vécus dans
ces catégories. Cependant et bien que marginalisées,
les recherches psychiques se sont poursuivies au sein
de sociétés savantes, d’instituts privés mais aussi d’universités.
Elles travaillent sur l’intégration du psi à des
modèles rationnels. C’est-à-dire qu’elles ne réfutent
pas une possible lecture pathologique des expériences
exceptionnelles, mais envisagent que le psi ne soit
pas pathologique en lui-même. Cela fait que des psychiatres,
psychanalystes, psychologues (ré)intègrent le
psi dans leurs modèles. Contre toute attente, ils sont
nombreux. Voici quelques-unes de leurs tentatives.
Ces expériences
pourraient être
initiatiques et mener
l’individu vers plus de
maturité.
Titulaire d'un Master de philosophie, de diplômes de thérapie psycho-corporelle et d'homéopathie (Grande-Bretagne), Miriam Gablier s'intéresse particulièrement au potentiel humain et à l'intelligence du vivant.
Ses enquêtes sur les thérapies, la psychologie, la philosophie, la spiritualité et les sciences du vivant, lui permettent notamment de traquer les données se rapportant à la notion de conscience et à la relation corps-esprit.
Miriam Gablier est auteure de Les mystères de la conscience ...
À
retrouver
dans
Inexploré n°47
La force de l'esprit
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