Pour dissiper l’opacité de l’actualité, nous sommes de plus en plus nombreux à nous tourner vers l’intériorité et nous ouvrir à ce qui nous dépasse. À guetter la lumière à travers le mystère. Comme un moyen de se reconnecter à soi, aux autres, à l’Univers, alors que la situation nous échappe. Boussoles dans le chaos du monde, les livres initiatiques – ésotériques, spirituels ou de développement personnel – ne connaissent pas la crise... et nous aident à la traverser. Vu l’urgence planétaire, l’heure n’est plus à la théorie. Travailler sur soi, oui, mais activement ! À l’heure du distanciel, nous avons besoin de pleine présence. Corps, cœur, conscience.

Des éveilleurs éveillés

Dans ce phénomène d’ouverture à l’extraordinaire, qui se répand de plus en plus rapidement à mesure que le monde se replie sur lui-même, les éditeurs sont des expérienceurs comme les autres. A fortiori lorsqu’ils œuvrent à publier des ouvrages ésotériques, semeurs de sens. Il est rare d’arriver là par hasard... « Un deuil très douloureux m’a ouvert les portes des perceptions. Ce basculement m’a permis d’accéder à une autre dimension, et je me suis intéressée aux magnétiseurs, aux médiums, à ce que l’on voit avec le cœur... Lorsqu’on est aligné, on découvre que chacun a une mission d’âme. La mienne est d’être une passeuse de textes. J’ai beaucoup de chance : mon cheminement personnel, spirituel suit en parallèle celui de la société », témoigne Sandrine Navarro, responsable éditoriale Leduc Éso. Nombre d’éditeurs d’ésotérisme, nourris par les écrits qu’ils publient, se forment, qui à la sophrologie, qui au chamanisme, qui à la méditation.

Certains expérimentent les approches de leurs auteurs, pour savoir concrètement de quoi il retourne. Ce « corps à corps » n’a rien de livresque ; il emmène ces éditeurs plus loin sur leur propre chemin, en même temps que ces expérimentateurs taillent la route et la sécurisent pour leurs futurs lecteurs. Il y a aussi ces éditeurs inspirés par leur familiarité avec l’invisible, remontant souvent à l’enfance. C’est notamment le cas de Tigrane Hadengue, cofondateur et gérant de Mama Éditions qui, dès l’âge de cinq ans, a vécu des expériences spontanées, parfois extatiques. Cette correspondance avec la petite voix, avec les esprits de la nature, avec le sixième sens, lui enseigne à être réceptif au-delà de la surface du quotidien et de l’apparence matérielle de notre environnement. « Ces états de grâce, par l’intensité du bien-être et l’amplification de conscience qu’ils génèrent, vous démontrent de manière implacable – parce qu’il y a un avant et un après, dans ces expériences spontanées – que votre être ne s’arrête pas aux limites de votre corps, que la réalité ne s’arrête pas à ce que l’on voit », confie-t-il.(...)