Et si vous insuffliez du sacré dans la magie du verbe ? Pour s’exprimer, la prière n’a pas forcément besoin d’une « église ». Dans un aller-retour fécond, libre et inspirée, elle nous rapatrie dans le cœur et le connecte à plus grand que soi. À vos prières !
«
Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la », suggérait saint Augustin. Chiche ?
En tout cas, dans un monde qui nous projette sans cesse vers l’extérieur, l’art de prier retrouve des couleurs. «
Aujourd’hui, que nous soyons croyants ou athées, nous n’avons jamais eu autant besoin de spiritualité, d’espoir et de méditation. La prière réunit tout cela pour vous proposer un voyage intérieur nécessaire », confie Dimitri Oules. Connu sur les réseaux sociaux sous le nom d’o.dimii pour ses textes oniriques et ses prières poétiques, ce consultant intuitif a publié
1,2,3, Priez ! Il y partage 92 prières pour se connecter à l’Univers. Prières reliées aux éléments ou aux saisons, prières de guérison ou de célébration, laïques et poétiques, toutes insufflent du rituel et du sens dans le fil du quotidien et le flux de la vie.
Le sacré et la santé
Pourquoi prier ? La question est légitime dans une civilisation où le matériel a pris le pas sur le spirituel. Prier, dans un monde de vitesse, permet déjà de ralentir. De se rendre disponible à la vie, à ses signes et à ses mystères. Au-delà des dogmes et religions, il s’agit d’être en présence. «
La prière est alors l’intention la plus puissante que vous puissiez poser. Courte, longue, simple ou sophistiquée, elle est toujours légitime. Écrite, pensée ou dite, elle devient vivante. Praticable en toute occasion et à tout moment, seul ou à plusieurs, c’est une pensée énergétique qui naît et influe sur notre réalité », décrypte Dimitri Oules. « Miraculeusement », ce rituel agit aussi sur notre santé : les neurosciences ont démontré l’impact de la prière sur le cerveau (renforcement du circuit du plaisir et de la récompense, de l’empathie, des neurones miroirs…), modifiant positivement notre état d’être. Thierry Janssen, qui a dédié un livre aux rituels contemporains (éd. Trédaniel), souligne qu’ainsi on apaise le cortex cingulaire antérieur, cette zone du cerveau, véritable machine à détecter du sens, «
faute de quoi elle génère des signaux d’alerte, comme de la peur ou de l’anxiété ». Prier, c’est donc aussi se prémunir contre l’absurde et le chaos.
« L’âme-agit »
Si on est non-croyant, on s’imagine que la prière n’a rien à faire dans notre vie. Or, très souvent, nous prions sans même nous en rendre compte : «
Lorsque vous soufflez vos bougies en faisant un vœu pour votre anniversaire, vous priez. Lorsque vous faites un souhait en voyant une étoile filante, vous priez », observe Dimitri Oules, car cet état de prière, nourri d’attention et d’intention, est dans notre nature depuis la nuit des temps. Pour nombre de traditions, la prière est acte de guérison : elle veille à rétablir l’équilibre du monde, intérieur et extérieur, si souvent malmené. C’est le cas des peintures de sable des Navajos qui font partie intégrante de leurs cérémonies et rituels sacrés. Pourquoi ne pas nous en inspirer pour créer des prières, telles des offrandes de beauté, qui nous permettent de (re)trouver l’harmonie ? Au travers, par exemple, de mandalas réalisés avec des éléments de la nature, de chants-prières ou autres dessins-messagers. Que l’on choisisse de scander des passages de Spinoza, des mantras tibétains, des poésies inspirées, des paroles du Christ… ou nos propres prières spontanées, peu importe la forme, l’essentiel est d’incarner et de diffuser tout l’éclat de nos intentions. Ainsi, pour le créateur Jean-Charles de Castelbajac, «
dessiner des anges est une manière de prier », la sienne. Libre à chacun d’inventer « sa » prière ! Créative et créatrice, elle peut alors produire des miracles.
L’art et la manière
S’il existe bien sûr des prières religieuses, les églises n’en ont pas l’exclusivité. Prier est avant tout un acte de foi et d’amour, ouvert à tous. La prière est notre signature spirituelle, elle jette un pont entre notre intériorité, le monde et l’invisible. «
Laïque et universelle, libre et personnelle, la prière exprime la confiance en soi, en la vie et l’Univers. C’est une conversation avec votre cœur. Un dialogue avec votre âme. Un cadeau qui vous permet de goûter à l’instant présent. Elle projette votre énergie en allant chercher votre essence profonde. » En pratique, peu importe le lieu pourvu qu’on ait « l’ivresse » : une prière inspirée peut tout aussi bien se déployer au milieu de la foule dans le métro que face à un autel dédié ou en plein sanctuaire au cœur de la nature. Idem pour la posture : debout, assise ou allongée, votre position corporelle n’a guère d’importance tant que vous êtes à l’aise. «
C’est la position des aspirations venant de votre cœur qui compte réellement, votre intention qui est la clé de la réussite. Ce sont les émotions et les sentiments que vous projetez sur vos mots qui créent une réelle prière. En fait, prier en conscience, c’est tout ce dont vous avez besoin pour que vos prières soient entendues », détaille Dimitri Oules. Si l’on peut prier seul dans la chapelle du cœur, prier en chœur à plusieurs décuple la puissance de la prière, grâce à l’énergie de l’égrégore. Offrande immatérielle autant que précieuse, à nous de choisir à qui s’adresse notre oraison : «
C’est à vous de découvrir cette vibration avec laquelle vous souhaitez échanger profondément. Donc récitez, écrivez, pensez à la prière en vous connectant à l’énergie qui vous parle le plus. Priez vos guides, vos anges, votre animal totem, vos ancêtres, Dieu, la lumière, l’Univers, votre âme, le grand tout, la source, la terre, l’amour, ce qui compte, c’est la vérité à laquelle vous décidez de vous lier. » Chant de beauté, toute prière dans sa quête d’harmonie est aussi poésie… et vice-versa. Poétique, la prière peut aussi être politique. L’écrivain Erri de Luca a ainsi consacré une prière laïque aux naufragés des migrations : «
Notre mer qui n’est pas aux cieux […]
garde les vies tombées comme des feuilles sur une allée, sois leur un automne, une caresse, des bras, un baiser sur le front, de père et de mère avant de partir. » Prier, c’est être et exister, désirer et espérer. Prendre soin du feu et de la flamme.
Incantation à la paix
Dans 1,2,3, Priez !, Dimitri Oules propose des prières pour invoquer toutes les facettes du diamant d’une vie. Elles peuvent aussi nous inspirer pour créer nos propres prières à l’Infini. En ces temps chaotiques, sa Prière pour la paix est particulièrement consolatrice et puissante :
« Source de toute vie,
Source de toute lumière,
Source de l’Univers,
Insuffle en moi la paix absolue.
Le tourment devient un inconnu.
C’est la quiétude que mon cœur a élue.
Que la sérénité s’installe dans ma vie.
Mon esprit s’incline face à l’harmonie.
Je choisis la tranquillité comme amie.
Avec moi-même, je suis dans la pacification.
Avec les autres, je suis dans la réconciliation.
Entre mon âme et mon corps, c’est la conciliation.
Face à la guerre, j’embrasse la douceur.
Je défends l’équilibre comme valeur.
C’est le calme qui est vainqueur.
Pour moi et le monde, j’appelle à l’apaisement.
L’humanité tout entière se détend.
La sagesse prend place maintenant.
Les énergies intérieures et extérieures sont paisibles.
Le chaos est aujourd’hui et demain impossible.
Merci, qu’il en soit ainsi. »