Priscilla Telmon, exploratrice
Enfant – je devais avoir 7 ans – une amie de ma mère m’a pris la main, m’a regardée droit dans les yeux, en me disant que je consacrerais ma vie aux voyages et aux peuples du monde. Comment l’avait-elle vu alors que je n’étais qu’une enfant ? C’était la première fois que l’on m’annonçait l’avenir... À chaque fois que je monte dans un avion, je pense à elle. Je lui dois subtilement de m’avoir fait le cadeau de sentir qu’une autre perception de ce qui nous entoure est possible, de porter une écoute attentive à ce murmure intérieur afin de nourrir le sixième sens qui nous habite. Elle a suscité en moi de nouveaux yeux, capteurs de vibrations qui s’imposent à nous si nous voulons voir... En voyage, dépouillée de mes habits urbains, les sens en alerte, j’ai très vite modifié mon rapport au réel. Lorsque l’on s’ouvre à ses émotions, on est amené à faire face à des signes. Ce n’est pas mental. Il faut s’abandonner à un autre possible qui est celui de l’intuition.
Petit à petit, j’ai appris à écouter, à suivre ces signes ; cette main ouverte entre nous et le monde, entre nous et les autres. Combien de fois, en expédition, je me suis sortie d’embûches par cette vive attention ? Faire le bon choix entre 2 chemins en pleine tempête de neige et apprendre le lendemain par des nomades que l’autre chemin m’aurait coûté la vie si je l’avais suivi. Accepter l’hospitalité d’une famille en pleine journée alors qu’il me restait plusieurs heures de marche et ainsi éviter un éboulement qui emporta une caravane dans le ravin... Les premières fois, on se dit que la chance s’en est mêlée mais après des dizaines d’événements, on y porte une attention particulière. L’intuition du cœur donne une cohérence à ma vie. Le monde est plus harmonieux, en sachant que ces perceptions sont à notre portée.
L’intuition du cœur donne une cohérence à ma vie.
Michel Cazenave, écrivain, poète, philosophe
À l’époque, je traversais une crise de dépression, en état quasi borderline. J’étais en vacances dans mes Pyrénées natales, seul dans la maison de famille. Je ne voulais plus savoir quelle heure il était. J’avais donc fourré toutes les montres dans les tiroirs des commodes qui trônaient dans les chambres, et j’avais arrêté la pendule. Lorsque la cloche de l’église sonnait, je me bouchais les oreilles. En quelques jours, j’entrai dans un état de conscience singulier où je ne faisais plus de différence, tellement tout finissait par se ressembler, entre le moment présent, le passé et le futur. C’est alors que j’eus la vision d’un événement qui se passerait le lendemain. Ne me demandez pas comment, mais je savais que c’était le lendemain : quelqu’un s’avançait vers moi et déclarait en me tendant la main : «
Tu ne me reconnais pas ? Je suis Guitou, ton ami d’enfance. Souviens-toi, quand nous avions 5 ans, nous étions toujours ensemble. Eh ben, dis-donc ! Tu as l’air d’aller bien mal. »
Cet « ami », en effet, cela faisait des années que je ne l’avais plus vu, à la suite du départ de sa famille du village, et je ne l’aurais certainement pas reconnu s’il ne m’avait pas dit qui il était. Sur le moment, le sentiment de réalité était tel que je crus devenir complètement fou. Je remis les pendules en marche, décidant de revenir sur terre. Avec angoisse, je me demandais : « Est-ce que ça va arriver ou pas ? » Je ne dormis pas cette nuit-là. Je le savais au fond de moi, j’avais fait irruption dans mon propre avenir, j’avais bousculé la flèche du temps sans le vouloir.
Le lendemain, je décidai d’aller sur la place de l’église, pour en avoir le cœur net, en me disant : « Si jamais il est là, je ne bouge pas, je me tais ». Car je ne voulais rien déclencher moi-même. Une fois sur la place de l’église, je gagnai ce platane où je m’étais aperçu. J’attendis tranquillement, et c’est alors que j’entendis une voix grave par-dessus mon épaule. Je me retournai, et je me trouvai face à face avec celui que j’avais « vu » : la même moustache, la même coiffure. Et comme je continuais à me taire, il prononça la phrase, exactement telle que je l’avais entendue la veille : «
Eh ben, dis donc ! Tu as l’air d’aller bien mal ! » Ma vision était réelle. L’état psychique dans lequel je m’étais trouvé m’avait fait voir le lendemain. Depuis, j’ai souvent essayé de me l’expliquer. Peut-être le temps dans lequel nous vivons est-il un temps illusoire par rapport à un temps absolu, qui serait du non-temps.
Peut-être le temps dans lequel nous vivons est-il un temps illusoire par rapport à un temps absolu, qui serait du non-temps.
Nicole Dron, expérienceuse
Trois semaines après la naissance de son second enfant, Nicole Dron a eu une hémorragie qui a failli lui coûter la vie. «
J’ai été opérée d’urgence et au cours de l’intervention, mon cœur s’est arrêté de battre pendant environ 45 secondes avec électrocardiogramme plat ; et pendant ces 45 secondes, j’ai vécu un instant d’éternité », explique-t-elle. Durant cette expérience de mort imminente, elle s’est retrouvée hors de l’espace et hors du temps, baignée «
dans un océan d’amour et un flot d’informations » dont elle n’a pu retenir que des bribes. «
J’ai vu que mes beaux-parents et ma grand-mère mourraient, deux d’entre eux à 3 semaines d’intervalle. » Une information avérée beaucoup plus tard. «
Un mardi 27 janvier 1981, c’était mon beau père qui nous quittait. Puis ma grand-mère le 17 février, trois semaines après jour pour jour, et ma belle-mère à la fin de l’année. » Elle vit également que ses 2 enfants, devenus adolescents, se casseraient la jambe à peu de temps d’intervalle, ce qui eut lieu.
Après avoir perdu son père d’un cancer généralisé, elle fut en mesure, toujours en se souvenant de ce qu’elle avait appris durant son EMI, d’expliquer à son frère quelle épreuve attendait leur mère à la fin de sa vie : «
J’ai dit à mon frère Roland qu’il y aurait un risque qu’on lui coupe la jambe. » Des années plus tard, sa mère, atteinte d’une maladie nosocomiale, refusa l’amputation d’une jambe et s’éteignit dans une unité de soins palliatifs. «
Tous ces faits ont convaincu mon mari de la réalité de ce que j’avais vécu. Il m’a un jour avoué que sans cela, il aurait eu du mal à me croire complètement. »
Dans cet état de conscience particulier, elle a également une vision du futur de la planète. «
C’était en 1968, une époque de plein emploi. Pourtant, l’on me montrait que le chômage s’étendrait sur le monde entier, ainsi qu’une peste (le sida peut-être ?). L’on me disait que nous étions à la croisée des chemins, que nous possédions une technologie avancée mais que, malheureusement, la sagesse et la fraternité n’avaient pas accompagné ce développement et l’on me montrait tout ce qui risquait d’arriver « SI
» on ne changeait pas - le SI m’apparaissait déterminant. Je voyais des tremblements de terre et des éruptions volcaniques d’une ampleur démesurée. Et surtout, je prenais conscience, avec une peine immense, d’une violence inouïe qui s’installait dans le monde. C’était comme si un tri sélectif de l’humanité se faisait : toutes les personnes ayant développé des qualités de cœur devenaient encore meilleures et les plus primaires devenaient plus rustres et plus violentes encore. »
Malgré cela, elle se refuse à croire que tout est écrit. Pour elle, le futur reste ouvert. «
Quand on est dans la lumière, on est dans un vaste champ d’informations, toutes les possibilités sont là. Le destin est constitué de l’ensemble de ces informations, qui peuvent changer. C’est notre capacité à aimer et à agir avec sagesse qui détermine notre futur », précise-t-elle.
Les visions du passé et du futur sont des éléments récurrents dans les témoignages de gens ayant vécu des expériences de mort imminente. Beaucoup décrivent un état hors du temps au cours duquel ils ont accès à tous les événements de leur vie, parfois simultanément, dans une revue panoramique.
C’est notre capacité à aimer et à agir avec sagesse qui détermine notre futur.
Wil Kerner, artiste
À l’âge de 2 ans, Wil Kerner a été diagnostiqué autiste. Plus tard, le Dr Darold Treffert l’a identifié comme souffrant du « syndrome du savant ». Le Dr Treffert est un expert mondial de ce syndrome, qui décrit les aptitudes de ces enfants, le plus souvent atteints d’autisme capables de performances extraordinaires dans les domaines artistiques, le dessin, la musique, la sculpture, mais aussi le calcul, l’évaluation des durées, des longueurs, le calcul calendaire, etc. Âgé aujourd’hui de 18 ans, Wil Kerner s’exprime toujours avec de grandes difficultés, mais il a développé un talent d’artiste qui lui vaut une reconnaissance internationale.
Sa grand-mère Susan Mooring, qui s’occupe de sa « carrière », confie qu’outre ses talents d’artiste et d’autres traits particuliers, «
Wil a des perceptions extrasensorielles. Il est capable de nous annoncer des choses qui se produisent ensuite. Par exemple, il est sorti un jour de ma chambre avec la photo d’une jeune fille qui avait été son éducatrice de 14 à 17 ans, et il me dit : « Carrie vient
». Nous n’avions pas vu Carrie depuis plus d’un an parce qu’elle était à l’université, et 20 minutes plus tard, Carrie appelle pour dire qu’elle est dans le quartier et propose de nous rendre visite ! » Souvent, Wil insiste bruyamment pour que sa mère change de direction en voiture, en pointant son doigt avec insistance dans la direction opposée. Invariablement, elle apprend après coup, par exemple dans les journaux, que la circulation était interrompue par un accident ou des travaux sur la route qu’elle souhaitait prendre.
Susan Mooring s’occupe de Wil lorsque sa mère travaille. Or, «
quasiment chaque jour, explique-t-elle,
Wil est capable de dire quelques minutes avant quand sa mère vient le chercher, même si l’horaire n’est pas régulier. Il prend rapidement ses chaussures et les papiers qu’il souhaite emporter. On a l’impression qu’il s’accorde émotionnellement avec sa mère lorsqu’elle arrive sur une certaine portion de route. Il commence à dire « maman
», et le nom du restaurant ou du magasin dans lequel elle envisage de le conduire ! Il est clair qu’il lit dans son esprit ». Tout aussi étonnant, alors que son père est parti 3 ans plus tôt pour ne plus revenir, Wil prononce parfois son nom, et la famille apprend ensuite qu’il a été vu non loin du quartier... À l’époque où il venait encore le chercher à la place de sa mère, suite à un changement de dernière minute que la grand-mère ignorait, Wil le savait : «
Papa vient ! »
Il est capable de nous annoncer des choses qui se produisent ensuite.