La Micronésie est un archipel de petites îles situées dans le Pacifique, au nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée. On y retrouve notamment les États fédérés de Micronésie, comptant quatre îles principales : Yap, Chuuk, Kosrae et Pohnpei. C’est sur les côtes de cette dernière que Nan Madol a été découvert. Site de ruines classées par l’UNESCO, cet ensemble d’îlots artificiels dont la construction a sans doute commencé entre le I^er et le II^e siècle était la capitale des anciens seigneurs Saudeleur, la dynastie qui dirigeait Pohnpei. La légende raconte que la ville « flottante », siège cérémoniel et politique, a été érigée par deux frères jumeaux sorciers, Olisihpa et Olosohpa, qui auraient utilisé la lévitation pour déplacer les pierres basaltiques, présentes dans de nombreuses parties des édifices. Ils auraient aussi reçu l’aide d’un dragon dompté, ainsi que du dieu de l’agriculture, sans quoi la manière dont ces roches volcaniques ont été amenées sur les lieux resterait un mystère. En effet, les murs atteignent 17 mètres de haut par endroits et mesurent jusqu’à cinq mètres d’épaisseur, et les pierres pesant de 5 à 50 tonnes ont été empilées sur une vaste étendue aujourd’hui recouverte d’eau, mais à l’époque sans doute aussi en partie immergée. Construit sur un récif corallien, cet apport de pierres ne trouve pas d’explication, car il n’y a aucune carrière aux alentours, Pohnpei étant une petite île perdue dans le Pacifique. Les ruines couvrant presque 18 kilomètres carrés comportent une vaste digue qui protégeait pas loin de 90 îlots, dont beaucoup étaient consacrés à des temples religieux, mais aussi à des sites mortuaires et autres mausolées. « L’ensemble est d’une telle ampleur qu’il est comparable à la Grande Muraille de Chine ou à la Grande Pyramide d’Égypte, de par sa quantité considérable de pierres et en ce qui concerne la main-d’œuvre et l’étendue gigantesque du site », explique David Childress en 1990 lorsqu’il commence à étudier Nan Madol. L’approvisionnement en eau douce et en nourriture devait cependant se faire depuis les terres, et c’est l’une des causes avancées pour expliquer l’abandon du lieu après la chute de l’empire Saudeleur. Car aucune trace historique n’explique vraiment pourquoi cet endroit exceptionnel a soudainement été déserté.

Les principales constructions mégalithiques semblent cependant remonter à plus tard, soit au début du XIII^e siècle. « Près de deux mille personnes habitaient là, et c’était surtout des dirigeants », précise Albert Lin, l’explorateur de National Geographic qui a utilisé de nouvelles technologies pour dévoiler les ruines sous la mangrove.

De nombreux auteurs anglo-saxons se sont inspirés de Nan Madol pour leurs fictions autour du thème des civilisations oubliées, notamment Lovecraft qui situe l’apparition de son entité le Cthulhu dans une ville en ruine engloutie. Un gouverneur allemand du nom de Victor Berg prétendit même à la fin du XIX^e siècle avoir découvert des tombes d’hominidés géants, mesurant près de trois mètres, lors de ses fouilles. Mais il fut foudroyé par une crise cardiaque alors qu’il allait révéler l’endroit des tombes. Les dernières découvertes parlent de piliers sous l’eau dont on ne comprend pas encore l’origine. Les théories les plus folles évoquent les propriétés électromagnétiques du basalte et la capacité de ces ruines à produire de l’énergie pour une civilisation qui a maintenant disparu… Quoi qu’il en soit, le site est loin d’avoir révélé tous ses secrets.