Le magnétisme fascine depuis des millénaires... Comment expliquer sa résurgence actuelle ? L’histoire de cette méthode d’imposition des mains pourrait-elle offrir
des réponses aux défis contemporains en matière de santé et de bien-être ?
Il semblerait que les magnétiseurs existent depuis la nuit des temps. En retracer l’histoire et l’évolution jusqu’à nos jours permet de mieux cerner les contours d’une méthode qui suscite aujourd’hui encore bien des questionnements. Alors que les courants de pensée actuels ont établi scientifiquement des liens entre le corps et l’esprit, reste que le terme même de « magnétiseur » est auréolé de mystère… Mais alors, d’où nous vient cette pratique dite ancestrale ?
Un don de droit divin ?
Commun à nombre de cultures, le magnétisme serait apparu pour l’une des premières fois de l’histoire dans le papyrus d’Ebers. Découvert à Louxor en Égypte et datant de 1550 av. J.-C., il a été rédigé sous le règne d’Amenhotep I
er. Il est l’un des plus anciens documents médicaux connus, et comprend des centaines de remèdes et incantations traitant diverses maladies et blessures. «
On y voit les prêtres qui imposent leurs mains, pour soulager et guérir », détaille Florian Lucas, magnétiseur et passionné d’histoire
(1). Bien que le concept d’imposition des mains pour favoriser la guérison ne soit pas documenté, l’idée que les mains puissent canaliser l’énergie n’est pas étrangère aux pratiques spirituelles et médicales de l’époque. Pour les Égyptiens, le Soleil était créateur de vie, la lumière source de guérison ; ils croyaient en l’énergie vitale transmise par le toucher, et en diverses pratiques spirituelles…
Étrangement, le magnétisme est un phénomène décrypté entre les lignes, dans l’histoire de civilisations antiques, mais aussi dans la vie de personnages religieux, comme Jésus, qui soignait et apaisait grâce à ses mains… De nombreux passages de la Bible en rapportent les miracles ! Les Évangiles selon Matthieu, Luc ou Jean en témoignent, mais l’un des passages les plus connus est Marc 6:5, où il est dit que Jésus «
ne put faire là aucun miracle, si ce n’est qu’il imposa les mains à quelques malades et les guérit ». Ce verset montre l’association directe entre l’imposition des mains et la guérison miraculeuse. Est-ce là une manifestation physique d’un don spirituel ?
Dans l’Antiquité romaine, les empereurs étaient souvent entourés d’une aura de divinité, renforcée par des récits de guérison miraculeuse. «
Vespasien (9-79 apr. J.C.) et Hadrien (76-138 apr. J.-C.) avaient la réputation de guérir les malades en les touchant », signale Christophe Limayrac, magnétiseur
(2). Et ce don allait même parfois de pair avec la fonction royale, comme le démontre l’histoire. Au Moyen Âge, les rois de France se soumettaient au « toucher royal des écrouelles » avant d’être intronisés. Cette pratique consistait à guérir avec les mains, pour ainsi prouver son pouvoir divin et gagner la confiance du peuple. «
Le roi te touche, et Dieu te guérit », ajoute Florian Lucas.
Si, à l’origine, ce don de droit divin était réservé aux rois, aux prêtres et plus largement aux religieux, une autre forme, plus populaire cette fois, se pratiquait dans les milieux ruraux. «
Il se transmettait par filiation, de père en fils le plus souvent. Le magnétiseur du village était un paysan, habitué à vivre en harmonie avec la nature », précise Christophe Limayrac. Les
« toucheurs », comme on les appelait, étaient râblés, dotés de grosses mains, et travaillaient avec leur force vitale. Cette pratique, qui a perduré au-delà des époques et a survécu à l’Inquisition, reposait principalement sur le troc ; ce médecin des campagnes était payé en nourriture, en vin…
Pour les Égyptiens, le Soleil était créateur de vie, la lumière source de guérison ; ils croyaient en l’énergie vitale transmise par le toucher.
Les pionniers de la santé
La pratique du magnétisme va évoluer, et trouver peu à peu sa place dans le secteur de la santé. Ainsi, s’il doit y avoir un nom qui légitime cette méthode à la fin du Moyen Âge, c’est au chirurgien et philosophe Paracelse (1493-1541) que Christophe Limayrac fait référence sans hésiter : «
Il a été le premier à émettre l’hypothèse d’une énergie curative entourant le corps humain, sans en comprendre alors tous les ressorts. » Mais en reconnaissant l’importance de l’équilibre énergétique dans le processus de guérison, sa vision holistique de la médecine a jeté les bases de nombreuses pratiques intégratives. Ainsi, dès la Renaissance, il ajoutait l’imposition des mains à ses pratiques alchimiques, proposant une approche naturelle, intuitive, spirituelle du magnétisme… fondée néanmoins sur une observation clinique !
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