C’est en Provence que se découvre l’un des lieux de pèlerinage les plus anciens du monde chrétien. On vient y rechercher la présence de « l’amie de Jésus », Marie-Madeleine, devenue symbole du féminin sacré.
Marie-Madeleine, à la fois femme pécheresse et sainte, aurait vécu les trente dernières années de sa vie dans la grotte de la Sainte-Baume, où elle serait morte avant d’être enterrée à Saint-Maximin. Elle serait arrivée de Terre sainte par la Méditerranée, via Les Saintes-Maries-de-la-Mer et Marseille, avec quelques disciples, dont Marthe et Lazare, pour évangéliser notre pays, entre l’an 42 et l’an 75.
Que l’on croie ou non à cette histoire issue de la tradition provençale, les pèlerinages, dont les premiers datent du V
e siècle, et les prières incessantes des fidèles imprègnent indéniablement sa présence spirituelle en ces lieux. Depuis sept siècles, les frères dominicains sont devenus les serviteurs de ce sanctuaire où l’on conserve sa mémoire et une partie de ses reliques. Ils prient, étudient et assurent aussi l’accueil des pèlerins à l’hostellerie, située sur le chemin menant à la grotte. Tous les 22 juillet, depuis un décret papal de 2016, une fête liturgique y est célébrée. Comme Marie-Madeleine, les dominicains sont des prêcheurs enseignant
« l’annonce de la vérité de l’amour, pour que tous les hommes soient sauvés par la miséricorde de Dieu ».
Au Moyen Âge, elle est élevée au rang de patronne secondaire (après la Vierge Marie) de leur ordre. Elle est celle qui a porté le message qui fait vivre les chrétiens :
« Jésus est ressuscité ! » Premier témoin de la résurrection au matin de Pâques, elle est ainsi devenue « l’apôtre des apôtres ». Libérée de sept démons par Jésus dans les Évangiles, pardonnée pour ses péchés, elle apparaît comme la figure symbolique de l’amour et de la foi qui sauvent.
« Dans le message de Marie-Madeleine, étonnamment audible, étonnamment actuel, il y a la loi nouvelle de l’amour qui guérit et réjouit », précise le frère dominicain David Macaire, ancien recteur à la Sainte-Baume, dans un livre qu’il lui consacre
(1). La pécheresse est devenue une incontournable prêcheresse, qui nous invite à entamer un véritable combat spirituel contre le mal.
Certains voient en Marie-Madeleine un archétype de la femme dans toutes ses dimensions.
Le chemin de la réconciliation
C’est dans l’antre du massif de la Sainte-Baume, tout naturellement baptisé « roc de la Miséricorde », que le pèlerin se retrouve seul face à lui-même. L’endroit est silencieux, désertique, isolé, froid et quelque peu austère. Le personnage de Marie-Madeleine parle surtout à ceux qui reconnaissent leurs péchés et souhaitent libérer leur âme. Soumis aux addictions, victime de ses peurs, de son avarice ou encore de son orgueil, le pèlerin est amené à se confesser pour recevoir le pardon, pour ensuite emprunter un véritable chemin de guérison. Symbolique, il est aussi réel : 45 minutes de marche sur un sentier qui traverse une forêt peuplée de hêtres, d’ifs et de tilleuls, avant d’entamer l’escalier menant vers la grotte, située à une altitude de 940 mètres. Celle-ci est marquée par la visite d’illustres personnages de l’Histoire : des rois – Saint Louis, François I
er, Louis XIII, Louis XIV… –, des saints François de Sales et Vincent de Paul… – ou encore de Charles de Foucauld. On pourra s’y recueillir dans le silence de la prière ou se laisser inspirer par les offices quotidiens. Certains y viennent également pour se sentir au plus près du Christ, grâce aux prétendues reliques de Marie-Madeleine, un morceau de son tibia et quelques mèches de cheveux blond vénitien, ceux-là mêmes avec lesquels elle aurait oint les pieds du Sauveur.
À travers ce témoignage extraordinaire pour les chrétiens de France, mais aussi du monde entier, c’est l’émotion qui surgit. (...)