Au-delà du débat entre science et religion qu’elle a cristallisé, l’affaire de la mort d’Anneliese Michel, il y a presque un demi-siècle, en Allemagne, suscite encore de nombreux débats…
Perceptions
Keystone Press/Entertainment Pictures (Image extraite du film
Née en 1952, Anneliese Michel grandit dans le petit village agricole de Klingenberg, en Allemagne. Son cas est devenu célèbre, car elle aurait reçu une kyrielle d’exorcismes : on parle de 67 en l’espace de dix mois ! Alors qu’elle est dans un état de délabrement physique avancé, elle meurt après un dernier rituel, en 1976. Elle n’a alors que 23 ans. Un procès s’ensuit, accusant ses parents et deux prêtres exorcistes d’homicide par négligence et non-assistance à personne en danger. Les médias du monde entier s’emparent de l’affaire qui déchaîne toutes les passions. Anneliese était-elle victime de possession démoniaque ou d’un trouble psychiatrique ?
Au-delà de cette question essentielle en surgissent d’autres, tout aussi capitales : la possession est-elle une affaire de croyance ? Peut-on considérer la réalité uniquement par le prisme de notre pensée analytique ? Tous ces points ont été soulevés par Felicitas D. Goodman, linguiste et anthropologue américaine, qui a poursuivi l’enquête dans un livre très documenté(1). Un film américain, L’exorcisme d’Emily Rose (réalisé par Scott Derrickson, 2005), relate aussi le procès qui aboutit à la condamnation des prêtres et des parents d’Anneliese à six mois de prison avec sursis avec une probation de trois ans. Refusant de faire appel, le père Alt conclut : « C’est une affaire de Dieu. Les tribunaux de ce monde ne pouvaient se prononcer à ce sujet. »
Pour bien comprendre l’histoire d’Anneliese, il s’agit tout d’abord de la replacer dans son contexte. Élevée ans un environnement artisanal, la jeune Bavaroise reçoit une éducation sévère. Le milieu catholique qu’elle fréquente est assez conservateur, alors que l’orientation religieuse générale de l’époque est plutôt progressiste. Le concile Vatican II vient d’établir une rupture, menant à imposer une nouvelle liturgie dès 1970. « Les sacrements sont laissés de côté. On ne croit plus au démon. L’approche scientifique occidentale apparaît comme un modèle d’avenir pour l’Église », explique l’historien Jean-André Dubreuil(2). L’Allemagne, terreau du protestantisme, est particulièrement rationaliste : l’exorcisme y est considéré comme un rite des temps médiévaux. C’est sans doute la raison pour laquelle l’évêque a longuement hésité avant d’accepter qu’un prêtre procède à un exorcisme sur Anneliese et que l’Église n’a apporté aucun soutien aux prêtres pendant le procès. D’ailleurs, suite à celui-ci, l’exorcisme a quasiment été abandonné en Allemagne, alors même qu’aujourd’hui, chaque diocèse à travers le monde se doit d’avoir un exorciste. Il a fallu attendre le pape Jean-Paul II pour reparler du mal et réaliser des avancées en matière de démonologie.
Symptômes cliniques
ou paranormaux ?
Il faut préciser qu’Anneliese, enfant, est souvent malade. Elle passe quelque temps dans un sanatorium pour une pneumonie. Parfois, à l’adolescence, elle vit des raidissements, des absences, des paralysies.
Pour autant, son activité cérébrale est normale,
d’après les tests auxquels elle se soumet. Elle est souvent
fatiguée et souffre d’apathie et de dépression,
pâtit de troubles de l’attention et de la concentration,
alors qu’elle fait des études pour devenir institutrice.
Elle entend des coups dans les murs, voit des
Fratzen (faces grimaçantes), sent une puanteur qui
se dégage d’elle. Les médecins lui administrent plusieurs
traitements difficiles à dater précisément : c’est
en tout cas le début d’une longue errance médicale.
Certains pensent qu’elle souffre d’épilepsie, d’autres
de psychose de type schizophrénique. Au cours de sa
courte vie, on sait juste qu’Anneliese a pris plusieurs
médicaments aux effets secondaires dangereux. À sa
mort, elle est sous carbamazépine (anticonvulsivant,
thymorégulateur et antimaniaque).
Journaliste, Julie Klotz écrit dans les domaines des spiritualités, des religions, de la psychologie, des neurosciences, dans le but de participer à une évolution des consciences.
Elle est notamment l'auteure des ouvrages « Les 4 Accords du couple » (éditions Fayard, 2022) et « L’Exorcisme – Guérison des maladies de l’âme » (Guy Trédaniel éditeur, 2018).
Également professeure de yoga, son cheminement l’a tout naturellement mené à équilibrer corps et esprit et à vivre en harmonie avec la natu ...
À
retrouver
dans
Inexploré n°59
Surnaturel
Cet été, Inexploré n°59 bouscule vos croyances avec des histoires qui défient la raison. Embarquez pour une odyssée surnaturelle !
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