La célèbre chanteuse française nous parle de ses expériences transformatrices, et des enseignements qu’elle en a reçu au sujet de l’amour.
Tous les garçons et les filles de mon âge connaissent Françoise Hardy. Au fil des chansons, celle qui dit que ses textes parlent mieux que toutes ses rencontres, nous a habitué à une image à la fois nette et insaisissable. Dans ce clair-obscur, tout semblait couler de source jusqu’à l’accident qui la fit tomber trois semaines dans le coma... Revenue de cet entre-deux, de l’amour fou à l’amour vrai, elle accepte de se livrer.
Comment décririez-vous votre chemin de vie ?
Solitaire dès mon jeune âge, j’ai toujours aimé les livres. C’est grâce à eux que je me suis mise à rêver le monde. Un monde beau et harmonieux. La délicatesse, l’humilité, la discrétion, la gentillesse, le bon coeur, l’intégrité m’ont toujours touchée... La souffrance autour de moi aussi, bien sûr… Les rêves brisés parfois. Je me revois lire La Petite Sirène c’est un des premiers contes que j’ai aimé, il décrit bien cet amour que l’on attends sans nécessairement le recevoir. Mais par-dessus tout je me rends compte que j’ai toujours été à la recherche de ce qui est beau. Tout ce qui est beau est indissociable de l’harmonie. La beauté est d’essence divine ; cette essence je l’ai portée dans mon cœur dès ma tendre enfance.
Mais comme on change ! Au moins physiquement ! L’absurdité de la maladie est devenue peu à peu le sel de ma vie… Et j’ai appris à rire de tout. Douze chimios n’ont probablement pas réussi à éradiquer le lymphome avec lequel je vis depuis dix ans. Et même si je suis épuisée je continue de vivre l’expérience de la maladie en entretenant le fragile espoir d’aller mieux un jour. De mourir guérie, en somme ! Aujourd’hui j’essaie de ne pas m’appesantir sur la vitesse avec laquelle le temps passe, autrement dit sur la brièveté de la vie, celle de la jeunesse aussi. Nos vies sont si courtes ! Certaines de mes expériences dans le domaine des thérapies alternatives ont été si surréalistes que je les ai racontées dans mon dernier livre
« Avis non autorisés» pour avoir un chapitre hilarant - j’ai beaucoup ri en le rédigeant. Fort heureusement en médecine alternative comme en médecine traditionnelle, il y a beaucoup de thérapeutes aussi dévoués qu’efficaces. Bien que trop nombreux, les escrocs, les fous ou les ignorants sont une minorité !
Dans votre livre Avis Non Autorisés vous évoquez Pastor. Quels enseignements tirez-vous de ce maître spirituel ?
Ses enseignements ont été canalisés par la médium Omnia, et je dirai que les communications du guide spirituel qu’est Pastor sont lumineuses, concrètes, claires et accessibles. Elles ouvrent des horizons que nous pourrions ouvrir nous-mêmes, car ils sont à notre portée. La première injonction de Pastor qui m’ait frappée et donné envie d’aller plus loin est : "travailler plus sur le discernement que sur l’amour, parce que tant que l’amour n’est pas guidé par le discernement, il n’est pas un amour vrai." L’amour empreint de discernement est à la fois un guide, et un maître.
L’amour empreint de discernement est à la fois un guide, et un maître.
J’ai souvent chanté qu’il n’y avait pas d’amour heureux. La relation amoureuse est le lieu où les névroses personnelles s’actualisent et se révèlent le plus.... Mais comme je le disais dans mon livre l’Amour fou
« Comment en vouloir à un ange, surtout si son seul tort est de vous aimer moins ou autrement qu’on l’aime ? » J’ai été follement amoureuse et je ne regrette rien ! Par-dessus tout, c’est la vie elle-même qui est devenu mon meilleur enseignant, et c’est très précisément ce que dit Pastor. Il présente notre planète comme une école initiatique très difficile, dont le rôle est de nous faire apprendre et de nous faire grandir. L’enseignement ultime je l’ai donc appris par le mouvement incessant de la vie : nous sommes ici parce que nous sommes appelés à grandir.
En mars dernier, après une chute, vous avez vécu trois semaines de coma durant lesquelles votre fils Thomas vous a veillée. Il a rapporté que lorsque vous ouvriez les yeux, un grand courant d’amour circulait entre vous deux. Comment cette expérience extraordinaire a marqué votre vie ?
Dieu n’a pas créé l’homme à son image, c’est l’homme qui a inventé le concept de Dieu à la sienne. En réalité, étant à la fois esprit et matière, l’homme est incapable d’imaginer un être qui ne soit qu’immatériel, qui ne soit qu’esprit, et dont les vibrations soient infiniment et inimaginablement plus puissantes et plus élevées que les siennes. C’est difficile à expliquer, mais dans cet entre-deux indescriptible ce dont je me rappelle c’est que je ne souhaitais pas revenir. J’avais le sentiment d’avoir fait tout ce que j’avais à faire. D’avoir vécu tout ce que j’avais à vivre. Je me sentais bien. Mais il y avait cette main tendue de mon fils, son amour. Lorsque Victor Hugo a perdu sa fille Léopoldine il a écrit ces vers magnifiques :
« Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne. Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. (...) Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. » Ce lien qui unit les êtres qui s’aiment au-delà de la mort. Je veux tout simplement y croire...
De retour de ce coma j’ai fini de réaliser que le mot « amour » est utilisé à tort et à travers pour qualifier des relations de nature très différente dont certaines n’ont rien à voir avec l’amour ! La façon dont on aime, ou plutôt dont on croit aimer, découle de celle dont on a été aimé. Un être qui vient au monde a besoin d’être nourri par un amour parental équilibré et équilibrant. Les mamans qui n’ont pas reçu cet amour-là, ne sont pas à même de le donner. Certaines croient aimer leur enfant et ne voient pas qu’elles lui font plus de mal que de bien, qu’elles l’aiment plus pour elles que pour lui, par exemple, elles sont contentes quand il est sage et, plus généralement, conforme à leurs désirs, et ne le supportent pas quand il pleure, désobéit, tombe malade…
Nous attendons tous beaucoup trop de l’amour sans savoir distinguer le faux amour du vrai.
L’amour vrai, que ce soit celui entre des adultes ou celui entre une mère et son enfant, se rencontre plus rarement qu’il faudrait. Nous attendons tous beaucoup trop de l’amour sans savoir distinguer le faux amour du vrai qui n’implique aucune demande pour soi. J’ai vu beaucoup de gens se croire amoureux alors que tout ce à quoi ils tenaient était l’image de personne aimée que l’autre leur renvoyait d’eux-mêmes.
« Aimer est plus fort que d’être aimé » a chanté Balavoine qui avait compris beaucoup de choses. L’amour de mon fils, ce pur amour ; sa main tendue. C’est certainement à cela que je dois mon retour parmi vous !