« Nous n’avons pas vraiment le choix d’être ou non des êtres sexuels. Ce qui est certain, c’est que nous avons la possibilité de choisir ce que nous en faisons », indique Diana Richardson, auteure de Slow Sex et enseignante de tantra. Ainsi, telle la lumière qui au travers d’un prisme révèle ses multiples couleurs, la sexualité offrirait une infinité de possibles. Parfois vécue de manière compulsive ou mécanique, elle peut, sous l’effet de nos intentions, devenir un jeu sensuel délicieux, un échange d’une profonde tendresse, une confrontation passionnée. L’expérience sexuelle semble être un enchevêtrement de chemins pouvant déboucher sur des jardins alchimiques aux fruits surprenants. Peut-elle nous porter jusqu’à des expériences transcendantales ?

« Lorsque le Divin sera totalement rassasié de notre passion, nous entrerons dans la phase ultime de l’union. Adoptant une position stable et immuable, assis en lotus, tout ton être profondément fiché en moi, nous entrerons en samadhi [état d’éveil contemplatif – NDLR]. Notre jouissance changera de nature et dans le même tremblement continu, ma yoni se fermant de toute sa puissance autour de ton linga, nous connaîtrons l’extase finale », explique Devî, maîtresse tantrique, à Daniel Odier devenu expert du shivaïsme cachemirien. Juste avant l’aube, « le serpent des profondeurs se déroula dans un grand frémissement et la kundalini prit possession de nous », rapporte l’apprenti d’alors dans Tantra, La Dimension sacrée de l’érotisme. « Le tantra considère que la relation sexuelle de l’homme et de la femme est une communion qui leur permet de transcender leur réalité ordinaire et de se connecter au divin », indique Marisa Ortolan, co-auteure du Tantra, Horizon sacré de la relation et enseignante de tantra. Depuis plus de 50 ans, l’Occident se passionne pour les pratiques érotiques traditionnelles. Voyage au cœur d’une sexualité sacrée... pas si lointaine et dont les conséquences sont potentiellement révolutionnaires.

Dépasser l’orgasme

Rapports étonnamment courts – 3 minutes en moyenne. Rythme trop rapide. Manque de sensibilité, de présence à soi et à l’autre. Besoin de fantasmer la sexualité pour avoir du désir. Comment entrer dans une sexualité plus pleine, satisfaisante et possiblement sacrée ? Étonnamment, les experts nous invitent à abandonner un repère fondamental pour beaucoup : l’orgasme. Surprise. Revirement. Soulagement aussi. « Se fixer l’orgasme comme but nous met dans le stress de la performance et de la satisfaction », observe Diana Richardson. Surtout, « l’orgasme ne mène pas forcément à l’extase », rappelle Marisa Ortolan. Alors s’il reste évidemment une expérience d’abandon souhaitable, l’orgasme pourrait être l’arbre qui cache la forêt. En effet, il met fin à un cycle qui pourrait autrement se poursuivre. Il dissipe une énergie qui, si elle était contenue, nous emmènerait surfer sur d’autres vagues. « Lorsque nous avons un orgasme normal, l’énergie s’échappe », prévient Mantak Chia, auteur du Tao de l’amour retrouvé et maître taoïste. Ainsi, plutôt que de laisser les 2 amants vidés de leur ardeur, l’orgasme pourrait être vécu comme un frémissement, une joie à contenir une énergie partagée, pour s’en servir de tremplin vers une nouvelle montée. (...)