Et si l'énergie contenue dans les aliments jouait un grand rôle dans notre santé et dans notre développement spirituel ?
Qu'il s'agisse des différents modes d'agriculture, de l'aspect nutritionnel, de leurs effets sur notre bien-être et notre santé, de son aspect social ou économique, l'alimentation est un sujet extrêmement sensible, qui est à l'origine de nombreux débats. A cette approche matérialiste peut s'ajouter une dimension plus subtile. Au début du 20ème siècle, le penseur et philosophe Rudolf Steiner a jeté un regard tout à fait nouveau en occident sur l’Homme et son avenir sur Terre. L'« anthroposophie » est le courant de pensée issu de ses réflexions et de ses recherches. Il offre notamment une approche de l'alimentation plus spirituelle et s'intéresse à l'effet des aliments sur notre âme. La nourriture aurait-elle des effets sur nos sentiments ? Pourquoi, lorsque nous mangeons un met très apprécié, nous sentons-nous apaisés ? Comme si tout notre corps changeait d'état émotionnel. Que s'est-il réellement passé en nous ? A quel niveau les aliments ont-il un effet ?
À ce sujet le Docteur Gérard Schimdt affirmait : « l'Homme sait comment aller sur la Lune mais il ne sait pas réellement ce qui se passe lorsqu'il mange une biscotte ». Dans ce contexte, manger s'apparente plus à une méditation, un temps que nous ne prenons plus tant nos vies sont actives et ne laissent plus de place au caractère sacré du repas. Le processus nutritionnel se réduisant alors à un simple ravitaillement. Le mangeur étant assimilé à une machine dont il faut recharger les batteries, nous sommes davantage porté sur les composants physico-chimiques des aliments : calories, protéines, calcium, magnésium. Pour Joël Acremant, cuisinier, auteur et conférencier, cette approche nutritionnelle nécessaire à une bonne alimentation est incomplète. Elle ne tient pas compte de l'information invisible qui nous traverse et des effets sur notre vie d'âme. Et quels seraient ces effets invisibles ? D'où proviendraient-ils?
Pour Rudolf Steiner, ce qui nourrit en l'aliment, ce sont les forces de vie. Ces forces de vie, ou énergies vitales, se retrouvent dans la tradition taoïste et sont appelées Chi, ou Prana dans la tradition Ayurvédique. Ces forces invisibles participeraient à la cohérence de chaque être, qu'il soit humain, animal ou végétal. Lorsque nous consommons un aliment, nous nous chargeons aussi de cette énergie. Un procédé mis en œuvre au 20ème siècle a permis d'observer, en partie, la manifestation de ces forces. Il s'agit du procédé des « cristallisations sensibles ». C'est par l'utilisation de sel de chlorure de cuivre, associé à un fragment de l'aliment étudié, qu'un cristal vient alors se former. La lecture du cristal donnerait des informations sur la nature qualitative de nos aliments. Un cristal avec un centre bien défini et un rayonnement important serait un signe de cohérence et de vitalité. Les images révélées par ce procédé sont troublantes et invitent à la réflexion. Ces études souligneraient notamment l'importance d'une agriculture respectueuse des processus naturels, préservant et favorisant ainsi la vigueur des aliments. A l'inverse les procédés de l'agriculture intensive et de l'industrie agroalimentaire auraient pour effet de dénaturer les aliments qui, de ce fait, ne transmettraient plus une information de qualité. Mais comment ces forces agissent-elles sur nous ?
Les plantes que nous consommons auraient pour rôle de nous soutenir et de nous donner la force d'agir. C'est par l'activation du travail des organes que les aliments dynamiseraient notre organisme et notre esprit. Comme si elles nous animaient intérieurement. Plus les aliments sont chargés de forces virginales, plus ils nous donnent la force de nous réaliser. Des aliments dépourvus d'énergie vitale nous rendraient à l'inverse apathique et mou. Serait-ce là un des effets de la « malbouffe » ? A son époque déjà Rudolf Steiner affirmait : « Telle qu'elle est actuellement, la nourriture ne donne plus à l'être humain la force de manifester l'esprit dans le physique. Les plantes alimentaires ne contiennent plus les forces qu'elles devraient donner aux gens ». Ces plantes pourraient aussi avoir des effets plus spécifiques en fonction de nos besoins. Certains aliments favoriseraient notre concentration, d'autres notre enthousiasme ou encore notre état d'éveil ou d'endormissement. L'anthroposophie ne donne que des pistes de lecture et laisse au mangeur le soin d’expérimenter ces différents états. Comment se sent-on après avoir consommé tel repas ou telle plante ?
La plante serait un « être » possédant un caractère et une histoire..
La nature nous a laissé d’autres indices pour comprendre les effets des plantes que nous absorbons. C'est dans l'observation du geste du végétal, suivant la logique de la botanique goethéenne, que se trouverait une partie des réponses. Rudolf Steiner ayant en charge la publication de l'œuvre scientifique de Goethe, fut baigné par son approche et son regard sur les plantes. Pour être compris dans son intégralité, Goethe a perçu le végétal comme un processus qu'il faut observer depuis la croissance de la graine jusqu'à la formation de la suivante. Il invite donc le chercheur à s'intéresser aux couleurs et aux formes du végétal, à son lien avec la lumière, avec l'ombre ou avec les autres végétaux.
La plante serait un « être » possédant un caractère et une histoire. En s'approchant d'elle et en laissant de côté préjugés et croyances, nous pouvons accéder à un autre niveau de lecture. La carotte par exemple, est une plante ayant une affinité particulière avec la lumière, dont elle se charge durant toute sa croissance. Elle nous apportera ainsi la lumière dont nous manquerons pendant l'hiver, tel un joli rai de lumière orangée. Sans se livrer à de la symbolique simpliste mais en respectant les fondements de l'approche goethéenne, cette démarche nous ouvre les portes du langage des plantes.
A une autre échelle, les plantes que nous consommons auraient aussi une incidence sur l'évolution de l’Homme. L'antroposophie énonce que l'humanité vit des cycles d'évolutions de consciences s'étalant sur de longues périodes. Certains aliments auraient la mission d'accompagner les peuples durant ces époques, conditionnant leur manière de penser. Certaines auraient d'ailleurs disparu et d'autres seraient amenées à disparaître lorsque ce compagnonnage s'achèvera. Wilhlem Pelikan prend l'exemple du Siphhium qui fut, à l'époque romaine, la plus recherchée et la plus convoitée des plantes condimentaires, et dont il ne reste plus trace aujourd'hui que sur des pièces de monnaie. Le riz, le blé ou le maïs auraient-ils influencés différemment les peuples? Cette théorie, qu'elle soit d'avant-garde ou totalement fantasque ne laisse pas indifférent. Des études récentes ont révélé qu'on ne pense pas de la même façon si nous vivons en orient ou en occident. Serait-ce le fait de notre alimentation ? La question se pose, mais il sera difficile aujourd'hui de l'étudier tant la mondialisation a modifié nos habitudes alimentaires. Notre alimentation connait-elle actuellement de grands changements ? L'humanité serait-elle en train d'évoluer ? Et de quelle manière?
Sur ce point, l'anthroposophie n'offre pas de réponses fermes mais des ouvertures. La nature dictant depuis toujours à l’Homme ce qu'il doit faire, ce dernier s'en est affranchi au point qu’elle lui soit devenue étrangère. Ce passage serait nécessaire à l'évolution de l'Homme qui, s'étant éloigné de sa nature profonde, serait amené à retrouver son essence et le chemin de sa propre liberté. Mais par où commence ce voyage de retour ? Comment retrouver ce lien avec la nature ? L'Homme est-il amené à réapprendre le langage des plantes qui l'entoure ? Notre alimentation peut-elle nous soutenir dans ce processus ? Ce sont là une partie des grandes questions que soulève cette approche. Celle-ci invitant chacun à expérimenter ce qui ne peut être compris que par une exploration intérieure. Chaque repas étant une occasion de voyager.
Pour aller plus loin : découvrez le reportage
« L’alimentation sacrée »
sur Baglis TV.