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Alors que François Hollande a promis de légaliser une « assistance médicalisée » pour mourir, l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) veut interpeller chaque élu de la nouvelle Assemblée. De leur côté, plusieurs associations engagées dans les soins palliatifs ont mis sur pied un collectif pour promouvoir des états généraux. (Lu sur la-croix.com)
Remise en question autour de la fin de vie
Fin de vie
Après cinq jours de discussions, le Congrès mondial sur le suicide assisté – qui réunissait une centaine de délégués de 45 pays – s’est achevé à Zurich, en Suisse. L’occasion, pour ces militants, d’appeler à « briser le tabou de la mort » et à promouvoir la légalisation de l’aide active à mourir, comme en Belgique, au Pays-Bas ou au Luxembourg. En France, le débat fait toujours rage dans un contexte inédit. C’est en effet la première fois qu’un candidat promettant de légaliser un tel droit est élu à la tête de l’État.

Dans son engagement 21, François Hollande entend proposer que « toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable et qui ne peut être apaisée puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité ». Lors de la campagne, il a eu l’occasion de préciser son projet, évoquant notamment dans Marianne , en février, « un acte de compassion qui va soulager (…) la personne ». Quant à Marisol Touraine, actuelle ministre de la santé, elle avait expliqué qu’« une personne doit pouvoir demander que soit abrégée une vie qui n’en est plus une pour elle », en allant plus loin que la loi Leonetti de 2005.

Sans attendre l’agenda gouvernemental – la nouvelle équipe s’est fixé fin 2013 pour horizon –, les « pro- » et « anti- » euthanasie se mobilisent. Au premier rang d’entre eux, l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), qui a fait envoyer par ses 47 000 adhérents une lettre type à l’Élysée, rappelant le chef de l’État à sa promesse. Elle s’apprête à faire de même pour chaque député, tout en se réjouissant « de voir apparaître des initiatives parlementaires » allant dans ce sens. Au début du mois, le sénateur Roland Courteau (PS, Aude) a ainsi déposé une proposition de loi sur « une assistance médicale pour mourir » , considérant dans l’exposé des motifs que la loi Leonetti « est loin de régler toutes les situations » . Ce texte s’ajoute à celui de son collègue Jean-Pierre Godefroy (PS, Manche), déposé en janvier et déjà cosigné par 74 sénateurs. Sans être certain que l’initiative sera laissée au Parlement, ce dernier se réjouit de « l’ouverture » faite par François Hollande. « perfectionner » la législation française. L’élu normand concède cependant que la récente déclaration de Jean-Marc Ayrault a semé le trouble. Sur Radio Fidélité, le premier ministre a expliqué qu’il souhaitait « perfectionner » la législation française, sans nécessairement avoir recours à une nouvelle loi. « À nouveau droit, nouveau texte » , estime pourtant Jean-Pierre Godefroy. Cette prudence a aussi convaincu l’ADMD de relancer l’offensive. « Après l’élection, on a un peu baissé la garde » , confie son délégué général, Philippe Lohéac, bien décidé à maintenir la pression.

À l’inverse, sur le terrain, la retenue affichée par Jean-Marc Ayrault est plutôt de nature à rassurer. En mai, plusieurs associations et mouvements issus des soins palliatifs se sont constitués en collectif (1) pour rappeler que les enjeux de la fin de vie en France ne se résument pas à la question du « pour ou contre » l’euthanasie, et l’importance de mener un véritable débat. Le collectif réclame ainsi l’organisation d’états généraux (d’ailleurs prévus par la loi de bioéthique de 2011), afin « d’associer les citoyens à la réflexion et d’affronter la complexité d’un sujet trop souvent abordé de façon idéologique, loin des réalités » , remarque Sylvain Pourchet, son secrétaire général. Les récentes propositions de loi lui donnent froid dans le dos. « On oublie la notion de temps et de cheminement propre à l’être humain. On peut demander à mourir dans un moment de profonde angoisse et vouloir vivre avec tout autant d’ardeur par la suite » , rappelle-t-il.

Il s’étonne également que ces textes prennent le Benelux en référence. « On sait aujourd’hui que les législations en faveur de l’euthanasie sont loin d’avoir réglé tous les problèmes posés en fin de vie », souligne Sylvain Pourchet. En outre, plusieurs dizaines de professionnels belges – médecins, universitaires, philosophes, etc. – viennent de publier une tribune (2) dressant un bilan inquiétant. « L’euthanasie dégrade la confiance au sein des familles », « instille de la méfiance à l’égard des médecins » et « fragilise les personnes les plus vulnérables » , écrivent-ils, ajoutant : « Les dérives envisagées il y a dix ans sont aujourd’hui devenues une réalité. La Commission fédérale de contrôle (NDLR : chargée de vérifier a posteriori que les médecins ont respecté le cadre légal), émet d’ailleurs elle-même des doutes sur sa capacité à remplir sa mission. »

L'article en intégralité sur La-Croix.com
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