Et si les dauphins nous reconnectaient au puissant bonheur d’être vivants ? Et si certains effets thérapeutiques répertoriés par les recherches découlaient en partie de là ?
« Toute ma famille est issue de la mer », déclare Olivia de Bergerac, née à Antibes. À chaque grossesse, sa mère nage dans la Méditerranée. L’un de ses frères rejoint l’équipe du commandant Cousteau. Elle, petite dernière, titulaire d’un doctorat en psychologie, d’un master en business management et consultante en entreprise, lance des recherches sur les effets thérapeutiques du contact avec les dauphins.
La « delphinothérapie » se développe depuis les années 1970.
Initiée par le D
r Betsy Smith qui voit son frère handicapé progresser au contact des mammifères marins, elle est développée par le D
r David Nathanson auprès d’enfants souffrant du syndrome de Down. Depuis, les propositions thérapeutiques se sont diversifiées et des recherches sont menées partout dans le monde. En 1994, Olivia de Bergerac fonde la « société des dauphins » (the Dolphin Society).
Elle met en évidence combien la rencontre avec les cétacés nous plonge dans un état appelé le «
dolphin within » (le dauphin intérieur). Mesures cérébrales et cardiaques à l’appui, cet état peut être associé à la méditation profonde. Olivia de Bergerac suggère ainsi que la puissance de nos amis des mers est de nous reconnecter, en accéléré, aux dimensions essentielles de l’être. Certains participants parlent d’expérience « spirituelle ».
Guérir son cœur ?
Rien ne se serait fait sans plusieurs rencontres remarquables avec les dauphins. Alors qu’Olivia de Bergerac nage au large de Monkey Mia, en Australie, la célèbre femelle Holey Fin, ou « Aileron troué », insiste pour rester longuement sous son corps.
« Elle nageait juste sous mon cœur. Je pouvais sentir son sonar qui m’envoyait des ultrasons », Coïncidence ? À 14 ans, Olivia, souffrant d’une malformation cardiaque congénitale, a subi une opération à cœur ouvert. Durant cette balade aquatique qui durera des heures, elle a l’impression que les dauphins avec qui elle nage se relaient pour remettre son
« cœur à neuf. [...] J’avais surmonté le traumatisme de mon opération à travers différents processus de psychothérapie, mais [...] là, j’ai senti que quelque chose au niveau énergétique s’était définitivement libéré », rapporte la jeune femme.
Par la suite, alors qu’elle retourne nager avec un collègue, ils entrent dans une danse avec des dauphins.
« Nous les imitions et ils nous imitaient. À un moment, j’ai mis ma tête sur le fond de sable et j’en ai vu baisser la tête, tout comme moi », témoigne Olivia de Bergerac, qui parle d’une « initiation à leur monde de joie ». L’évidence s’impose : les dauphins ont beaucoup à nous apprendre et à nous offrir. La même année, elle crée ODB Consulting – avec le rêve de développer en entreprise la stratégie du dauphin – et la Dolphin Society – une fondation dédiée à l’exploration des effets de l’interaction avec eux.
Les dauphins ont beaucoup à
nous apprendre et à nous offrir.
Des résultats tangibles
Les programmes de la fondation s’organisent autour de sorties auprès des dauphins en liberté – jamais en piscine. Ils offrent un accompagnement de l’expérience personnelle des participants, tout comme un suivi médical. L’équipe a recours à des outils psychothérapeutiques ainsi qu’à des mesures cérébrales par électroencéphalogramme (EEG) et à une surveillance cardiaque. La tendance est très nette. Au contact des dauphins, le cerveau des participants produit davantage d’ondes thêta – associées à un état de méditation profonde – et le cœur tend à devenir cohérent – la cohérence cardiaque, établie par l’Institut HeartMath, est un puissant régulateur du stress psychique. De plus, il semblerait que
« notre cœur et notre cerveau se synchronisent sur le rythme cardiaque et cérébral de l’animal [...] dont la nature bienveillante est évidente », relève Olivia de Bergerac, auteure de Le dauphin, ce médecin de l’âme. Un des effets principaux du contact avec les dauphins serait ainsi une sorte de diffusion de leur état de joie bienveillante – provoquant le sentiment d’être profondément vivant et connecté.
La chercheuse identifie alors, grâce à plus de 500 cas répertoriés, les répercussions types de cet état quasi indicible : émergence de souvenirs oubliés et régulation psychique, assainissement du corps, redécouverte de l’état amoureux et relance de la créativité, amélioration de la relation à soi et au monde, prises de conscience majeures et changement de vie.
« Les dauphins ont une
sorte de connaissance spirituelle », rapporte Daniel, un des participants.