Dans son spectacle « Moi, ton corps, j’ai quelque chose à te dire », Audrey Lamarque, de la compagnie Projet-Sens, explore avec humour et émotion la mémoire cellulaire, mettant en lumière l’impact de la naissance, des liens transgénérationnels et des loyautés familiales sur notre parcours de vie. Un spectacle qui se veut à la fois drôle et touchant aussi bien personnel qu’universel, à découvrir en ce moment au Théâtre de Nesle (Paris).
Ce spectacle autour de la mémoire cellulaire semble puiser ses
racines dans une expérience personnelle. Pourriez-vous nous en
parler ?
Il y a des rencontres qui changent des vies… Il y a 15 ans je croise
une maquilleuse sur un tournage qui me parle de mémoire cellulaire.
Ca fait tout de suite pétiller mes cellules ! Sur le film, j’interprète
une femme de l’univers de la nuit. J’aime dire aujourd’hui qu’elle
représentait un peu ma nuit noire de l’âme. Je ne vivais pas pour
moi, je faisais la vie de ma mère. Je sabotais ma créativité. Je ne me
posais pas la question de savoir si je voulais des enfants, c’était un
non sujet. D’ailleurs, chez moi la sphère gynécologique, c’est «
tout
un programme » ! À l’âge de 9 ans, suite à une ovariectomie le
chirurgien dit à ma mère le lendemain de l’opération qu’il a trouvé
les restes d’un jumeau.
Je vis donc depuis l’enfance avec l’idée d’un
jumeau perdu.
Puis vient la rencontre avec ma praticienne, celle que
j’appelle « La chamane » dans le spectacle et tout commence…
En quoi la mémoire cellulaire a-t-elle marqué un tournant dans votre vie ?
Comme on dit en mémoire cellulaire, on ne comprend bien qu’avec son
corps. Bien que comédienne, ayant fait de surcroît une école de théâtre
physique
(1), j’étais complètement coupée de ma sphère émotionnelle. C’est
seulement en descendant dans mon corps avec les outils de la mémoire
cellulaire que j’ai pu m’y connecter véritablement. Voir ce qui ne
m’appartenait pas, « défusionner « avec ma mère, arrêter de projeter mon
jumeau sur les autres, devenir
autonome, comprendre comment ma lignée,
les secrets de famille agissaient en moi. Puis me relier à nouveau
spirituellement et, un truc très «banal" mais qui a été pour moi un vrai
chemin de croix : devenir une femme, rencontrer un homme, fonder une
famille, avoir un enfant. Si on m’avait dit ça quand j’ai commencé la
mémoire cellulaire, je crois que je ne l’aurais pas cru tellement c’était
éloigné de la vie que je menais.
Qu’est-ce qui vous a poussé à transformer cette expérience en
spectacle ?
En 2011, j’avais commencé le « Chemin vers soi »
(2) mais je ne me
sentais pas prête à l’époque pour faire le « Chemin vers l’autre » et
accompagner à mon tour. Au confinement, après avoir tourné pas
mal durant 21 ans, j’avais moins le désir de scène. J’ai profité de
cette période particulière pour trouver ce qui m’animait vraiment !
J’ai arrêté la scène, repris le cursus pour me former comme
praticienne en mémoire cellulaire puis j’ai soutenu mon mémoire.
En le rédigeant, je me suis dis : «
Mais quelle matière géniale pour un
spectacle ! ». C’est comme ça que c’est venu. L’artistique m’a
rattrapée et je sens que c’est absolument le bon endroit pour moi
aujourd’hui. Partager ce travail fabuleux dans le corps au travers de
l’art. J’ai monté une compagnie dont j’assure la direction artistique
et mon but, désormais, est de défendre des projets autour de la
connaissance de soi.
Le public ressent-il aussi un «avant » et un «après » à travers ce spectacle ? Comment réagit-il généralement ? (quelques confidences ?)
D’après les retours, le spectacle touche beaucoup ! Le bouche à oreille
a fonctionné très vite, c’est sûrement pour ça. Une femme qui était
bouleversée est venue me dire à la fin : «
J’ai l’impression d’avoir vu
toute ma vie défiler ». Une autre m’a dit : «
Merci, le spectacle me donne
envie de parler à mon grand-père que je ne connais pas ! » Un homme
m’a confié avoir eu aussi un jumeau perdu et avoir été très touché par
mon histoire. Une autre m’a dit : «
Tu n’as pas idée de ce que produit ce
spectacle… Mon mari veut partir à la découverte de son Projet-Sens ! »
Souvent on me demande le numéro de ma chamane à la fin du
spectacle !
Les
personnes sont touchées par la quête initiatique aussi,
parce que les
thèmes développés dans le spectacle sont universels et
comme dit une dame qui a laissé un avis «
C’est un spectacle dans l’air
du temps » car il y a un besoin urgent pour l’humain de se comprendre
cellulairement.
-
Découvrez le spectacle « Moi, ton corps, j’ai quelque chose à te dire » les 4 et 11 février, puis les 10, 24, 31 mars et 9 avril 2025, au Théâtre de Nesle (Paris).
-
Cliquez ici pour découvrir la billetterie en ligne.
-
Cliquez ici pour voir le teaser du spectacle.
-
Cliquez ici pour en apprendre plus sur la mémoire cellulaire, avec l’École de Mémoire Cellulaire.
1) École Jacques Lecoq.
2) Cursus de Praticien à l’Ecole de Mémoire Cellulaire « Chemin vers
soi-Chemin vers l’autre »