« Partager son lit n’est pas sans conséquences, me dit un jour un maître spirituel, car les auras se mélangent. » L’idée ne m’avait jamais effleurée. De même, on imagine peu la rémanence énergétique d’une relation sexuelle. Au Mexique, les Indiens huichols ont compris la puissance de ce lien. À l’ouverture de grandes cérémonies, ils pratiquent un rituel pour s’en purifier. « Le chamane se tient près du feu avec une longue ficelle et invite chaque personne à venir déclamer à voix haute les prénoms de tous les gens avec qui elle a eu des relations sexuelles, depuis ses premiers émois », explique le praticien chamanique Laurent Huguelit. À chaque prénom prononcé, le chamane fait un nœud à la ficelle. L’assemblée est attentive, « car c’est souvent l’occasion d’avouer les relations extra-conjugales, ce qui mène parfois à des règlements de comptes », glisse Laurent Huguelit. Une fois la liste terminée, le chamane jette la ficelle au feu et invite un autre participant à se confesser. « Tout le monde y passe ! »

Un impact physiologique

Gaëlle vient de se séparer de son compagnon. L’homme la harcèle jusque dans son sommeil. Pour se défaire de son emprise, elle s’exerce au rêve lucide, afin de parvenir à lui dire en songe de la laisser tranquille. L’effet est immédiat : il disparaît totalement de sa vie. Plus communément, le rêve lucide est souvent utilisé comme moyen d’explorer sa sexualité. Ce serait même la première des motivations – et l’une des principales expériences vécues, avec la sensation de voler. « C’est génial, peut-on lire sur les forums spécialisés, je peux faire l’amour avec n’importe quelle femme qui me plaît ! » Ah oui, vraiment ? Le psychophysiologiste Stephen LaBerge est un éminent spécialiste du rêve lucide. Ses recherches ont montré que « l’acte sexuel rêvé est associé à des réponses corporelles très similaires à celles qui accompagnent un acte sexuel réel », explique-t-il. Une étude réalisée sur une femme a révélé que sa respiration, la tonicité musculaire de son vagin et la fréquence de contraction de celui-ci augmentaient significativement au moment où elle indiquait, par des mouvements d’yeux, qu’elle commençait à faire l’amour dans son rêve, puis qu’elle y atteignait l’orgasme. Idem pour les hommes, sans éjaculation toutefois, malgré la vision satisfaisante d’une relation sexuelle.

Charlotte se souvient ainsi avoir été saisie d’une sensation physique « de copulation, de fusion et d’extase » , simplement en étant couchée à côté de son ami. « C’était bien au-delà du simple cœur qui bat ! », dit-elle. La psychologue spécialiste des rêves, Patricia Garfield indique elle aussi que les 2 tiers de ses rêves lucides ont un contenu sexuel, et que la moitié d’entre eux culminent en un orgasme au moins aussi intense qu’en état de veille. « Nos recherches ont établi que le rêve lucide se produit dans une phase très active du sommeil paradoxal, associée à un afflux de sang dans le vagin ou à une érection du pénis, commente Stephen LaBerge. Le rêve lucide étant aussi une manière de s’émanciper des contraintes sociales, il est normal que le sexe y soit fréquent. »