Importants personnages de la société celtique, les druides étaient connus comme les gardiens de la connaissance mystique. Mais certains indices laissent supposer qu’ils étaient bien plus savants qu’on ne le croit : emplacement de leurs villes, mathématiques comme « langage secret »… Les druides étaient-ils les maîtres, ou bien les héritiers d’un savoir immémorial ?
Les druides – qui auraient évolué entre 800 av. J.-C. et 100 ap. J.-C. dans les sociétés celtiques au nord-ouest de l’Europe et en Grande-Bretagne – étaient sans nul doute des personnages extrêmement influents. Que sait-on de ces sages au pouvoir suprême ?
Pour protéger leur savoir, les druides misaient sur une transmission exclusivement orale. Nous ne disposons donc d’aucun texte d’origine. Toutefois, quelques auteurs antiques nous ont permis de mieux les comprendre. L’historien grec Strabon (-60 à 20) écrira que la prêtrise celtique se divisait en trois classes. Les vates, qui correspondaient aux prophètes, les bardes, des poètes, et les druides, avec leur tunique blanche et leur grande barbe.
Les druides endossaient une pluralité de fonctions, à la fois religieuses, éducatives, judiciaires et politiques. Ils croyaient en l’immortalité de l’âme et en la réincarnation. César témoigna que
« [les druides] président aux sacrifices publics et privés et règlent les pratiques religieuses ». En marge de l’image qu’ils véhiculent souvent, ces rituels violents s’ancrent dans une époque impitoyable. Les druides étaient également consultés à titre de juges. Dion Chrysostome, philosophe grec (40 à 120), affirmera que les rois ne pouvaient décider de rien sans les consulter :
« Ce sont eux qui commandent et par ces rois assis sur des trônes d’or, habitant de magnifiques demeures, sont leurs ministres et les serviteurs de leur pensée. »
Des connaissances astronomiques
Les druides étaient aussi des astronomes hautement qualifiés, capables de conceptualiser le temps, comme l’a démontré le « calendrier de Coligny », une table de bronze du IIe siècle. Leurs « enceintes sacrées », témoignages de leur maîtrise de la géométrie, étaient orientées astronomiquement, et parfois en fonction des solstices. D’après Pomponius Mela, géographe romain (15 à ?),
« ces maîtres font profession de connaître la grandeur et la forme de la Terre et du monde, les révolutions du ciel et des astres, et la volonté des dieux »… Faut-il entendre que les druides savaient que la Terre est une sphère et en connaissaient les dimensions ? En matière de hiérarchie, Jules César témoignera :
« À tous ces druides commande un chef unique, lequel exerce parmi eux l’autorité suprême [...]. À une certaine époque de l’année, ils se réunissent en un lieu consacré du pays des Carnutes que l’on tient pour le centre de la Gaule. Là, viennent de toutes parts tous ceux qui ont des contestations et ils se soumettent à leurs avis et à leurs jugements. » Les Carnutes (peuple de la Gaule celtique) ont donné leur nom à la ville de Chartres, probablement le site de ces rassemblements. Une autre ville d’importance majeure était Alésia, souvent considérée comme le foyer et la métropole de toute la Celtie.
Une géométrie sacrée ?
Mais les connaissances des druides iraient bien au-delà de celles qu’on leur prête. C’est la théorie soutenue par Xavier Guichard, inspecteur de police et archéologue amateur. Dans les années 1930, il aurait découvert la preuve que les sages de l’âge du bronze utilisaient un système de lignes longitudinales et latitudinales. Dans
Éleusis Alésia, il affirme qu’un nombre anormalement élevé de villages, villes et hameaux en Europe occidentale portent un nom qui semble dériver de la racine Alésia – et que ces lieux seraient alignés. Il nomma ces méridiens « lignes de sel ».
Des recherches archéologiques toujours en cours pourraient apporter des clés quant aux origines potentielles des druides.
Le consensus archéologique place Alésia à Alise-Sainte-Reine (Bourgogne-Franche-Comté). Toutefois,
« Bernard Fèvre a retrouvé, sur la colline qui surplombe le petit village de Guillon, des fragments de murs immenses et d’autres éléments qui lui ont fait penser que Vercingétorix et César étaient en fait là, à 30 km d’Alise-Sainte-Reine », explique Sylvain Tristan, spécialiste de la géométrie mégalithique. L’Alésia de Guillon permet de corroborer la thèse des méridiens. L’auteur a en effet pu démontrer qu’Alès, Alost (Aalst) en Belgique et le site de Guillon sont alignés et qu’Alésia se trouve pile à mi-chemin des deux autres. Le signe d’une géométrie sacrée sur le continent européen ? Les villes gauloises de Bibracte, Troyes et Reims se trouvent aussi à des distances mathématiquement significatives, sur ce même méridien.
Étonnamment, sur ces lignes druidiques se trouvent les plus beaux sites mégalithiques de Grande-Bretagne, pourtant construits des millénaires auparavant : Stonehenge, Avebury, Silbury… Cela pourrait-il impliquer un lien entre les druides celtes et les bâtisseurs qui érigèrent les mégalithes entre -4800 et -1200 ? (...)