Halloween : tout le monde connaît maintenant cette fête païenne que nous célébrons de plus en plus, surtout si nous avons de jeunes enfants. Venue des États-Unis, cette journée d’origine bien européenne est célébrée le 31 octobre, veille de notre Toussaint catholique. Appelée Samhain dans la Wicca, cette fête est emblématique et associe plusieurs sources : la fête des Morts, la nouvelle année de l’ancien calendrier celte, la mort du dieu Soleil (la fin de la saison chaude et le début de la saison froide). Peut-être est-ce parce que la Wicca réunit de nombreuses traditions européennes qu’elle rencontre de plus en plus de succès sous nos latitudes.

Aujourd’hui fleurissent un peu partout des ouvrages présentant et mettant en valeur des pratiques de sorcières modernes, vantant les mérites de nombreux rituels à suivre quotidiennement et tout au long de l’année. Tout ceci est totalement hérité de cette Wicca qui a l’avantage d’unir traditions et modernité, avec une pincée de syncrétisme lorsqu’elle emprunte à l’Orient ses décryptages de type réincarnation ou chakras. Mais au-delà du folklore, certains pratiquants expliquent qu’il s’agit d’un véritable chemin spirituel, qui permet de nous relier à la nature, à la Terre, de renouer avec le divin et les ancêtres, de pratiquer une forme de chamanisme occidental, source de magie, de joie et de sérénité.

Une religion récente ?

Le XIXe siècle avait préparé le terrain avec un vrai engouement pour le spiritisme et l’occulte, suivi au début du XXe siècle notamment par les écrits d’un certain nombre d’auteurs et chercheurs anglais passionnés de magie. Le plus connu est un fameux Aleister Crowley, qui élabore les enseignements de la loi de Thélème prétendument reçue de Rabelais par channeling et qui inspire ensuite énormément la Wicca au milieu du XXe siècle. Celle-ci voit le jour d’après le mot wiccacraeft, qui signifie sorcellerie en vieil anglais, grâce aux écrits d’un Britannique, Gerald Brousseau Gardner. « Gardner, largement influencé par son intérêt pour le folklore, la magie et ses propres voyages en Asie, souhaitait faire renaître ce qu’il voyait comme la religion indigène de Grande-Bretagne », raconte Thorn Mooney, auteure et pratiquante depuis plus de vingt ans. C’est ainsi que Gardner réunit un certain nombre d’éléments tirés de livres d’anthropologie, associés à ses expériences personnelles issues de la franc-maçonnerie et de traditions de magies occidentales et liturgiques – dont les travaux d’Aleister Crowley – pour créer la charpente d’une religion cohérente contemporaine. Il prétend également avoir été initié par un groupe de sorciers cachés, ce qui n’a jamais été prouvé. Plus tard, l’une de ses pratiquantes, Doreen Valiente, apporte sa contribution à l’élaboration de nombreux rituels, d’écrits et entreprend la création de covens, les groupes de wiccans qui pratiquent et s’initient ensemble.

Il est cependant important de faire la différence entre sorcellerie et Wicca, les deux se mêlant : la sorcellerie est une pratique, la Wicca une véritable religion, les wiccans pratiquent donc pour certains la sorcellerie mais les sorciers ne sont pas tous wiccans. « En général, nous devons savoir que si certains sorciers (et les wiccans tout particulièrement) voient leur sorcellerie comme nécessairement liée à une pratique spirituelle, d’autres la voient purement comme un “art” qui peut être associé à une religion ou utilisé selon une perspective laïque », précise Thorn Mooney, qui conclut que, de toute façon, tous les wiccans sont des sorciers. Qu’elle soit véritablement issue de l’ancien paganisme européen ou récemment créée par de nombreux nouveaux sorciers païens, la Wicca n’en demeure pas moins imprégnée de mythologies ancestrales. Fortement développée dans les pays anglo-saxons depuis son émergence (États-Unis, Canada, Angleterre), sa pratique commence à se répandre en France, dans sa version plus éclectique et individuelle.

Une spiritualité liée à la nature

Le syncrétisme de mythologies qui sont assemblées dans la Wicca se retrouve autour de deux dieux primordiaux complémentaires, car la polarité du monde est l’un des postulats wiccans : une figure féminine et une figure masculine, reliées aux forces de la nature. La grande Déesse et le Dieu cornu, selon les obédiences, sont des réminiscences de Ceridwenn et Cernunnos des Celtes, Isis et Osiris des Égyptiens, Odin et Frigg (Nord de l’Europe) ou Gaïa et Ouranos des Grecs. (...)